Rumila Nursimooloo, née Mawooa, va organiser une session de prières la semaine prochaine devant la maison de St -Paul (photo) «afin que les âmes des morts trouvent le repos».
Le souvenir de ses proches retrouvés morts le 27 août dernier dans leur maison à St-Paul continue à hanter Rumila Nursimooloo, née Mawooa. Elle envisage d’organiser une session de prières devant la maison «afin que leurs âmes trouvent le repos.»
«Ce sera probablement la semaine prochaine, la date n’a pas encore été fixée. La session de prières sera conduite par un cousin et une cousine de ma mère qui sont pandit et pandita de l’Arya Sabha», nous dit Rumila Nursimooloo. La session de prières aura lieu devant la maison car les proches des Mawooa, Rumila y compris, ne veulent pas entrer dans la maison qu’ils jugent «malsaine».
Rumila est encore sous le choc d’avoir perdu sa mère Countee, son frère Ravi, ses sœurs Critika et Chinta et son neveu Devesh, tous empoisonnés au cyanure : «J’ai toujours du mal à croire qu’ils sont morts dans de telles circonstances.»
Les autres personnes retrouvées mortes dans la maison sont : Rajesh Dhayam, ex-cadre au MGI et amant de Critika, Mayadevi Jhowry, une amie de Critika, et ses deux enfants, Kesha et Bavesh, ainsi que Paul Hervé Janvier, considéré comme ex-clerc de notaire de l’étude du notaire Marcel Joson.
Rumila n’en revient pas non plus de voir tout ce qui est publié dans la presse sur sa sœur Critika, présumé cerveau de cet empoisonnement en série : «J’ai vu qu’elle était peut-être mêlée à des affaires de ventes frauduleuses de terrains. C’est bien possible vu que le clerc Janvier a été retrouvé parmi les morts de St-Paul. Je pense qu’on s’est bien servi de Critika et qu’on s’est ensuite débarrassé d’elle et des autres. La police doit rechercher celui qui a fait cela, celui qui leur a pris tout leur argent».
Quatre semaines après la découverte des dix cadavres dans la maison des Mawooa, les enquêteurs cherchent toujours à savoir si cet empoisonnement collectif est un cas de suicide collectif ou si c’est un acte criminel.
La semaine dernière, l’arrestation du policier Bhupendra Aukhaj - dont le nom est cité dans la lettre de confession de Critika comme étant l’un de ceux qui l’a poussée au désespoir - a orienté l’enquête vers une affaire de transactions frauduleuses de vente de terrains dans lesquelles les noms de Rajesh Dhayam et de Critika Nundkumar, deux victimes de St-Paul, ont été cités dans des documents, remis à la police par un habitant de St-Pierre. Le policier a déclaré que ces documents appartenaient au policier Aukhaj.
Selon Me Nunkoo, l’avocat de ce dernier, son client s’est vu confier ces documents par son meilleur ami, Jeetendra Junghee, dit Carol, mais il ignorait que ces documents étaient falsifiés. «Le policier Aukhaj avait, par la suite, confié ces documents à un habitant de St-Pierre», dit Me Nunkoo. L’habitant de St-Pierre a alors remis ces documents à la police.
Le policier Aukhaj ainsi que le dénommé Carol sont accusés provisoirement d’avoir falsifié un acte notarié d’un terrain à la route Bassin, Quatre-Bornes, en imitant le nom du notaire Joson. Marcel Joson nie toute implication dans cette affaire. Le policier Aukhaj et le suspect Junghee comparaîtront en Cour en octobre prochain.
Le policier Aukhaj que Critika accuse dans sa lettre de lui avoir demandé des faveurs sexuelles en échange d’une aide - ce que nie le policier - louait aussi un bungalow à Hervé Janvier, l’ex-clerc de notaire qui était porté manquant depuis deux ans et qui était recherché par la police pour usage de faux.
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Gita Luctchigadoo donne sa version des faits
«Ma cliente donnera sa version des faits à la CCID cette semaine », nous a déclaré Me Joy Beehary, l’avocat de Gita Lutchigadoo. Cette courtière de la route Bassin à Quatre-Bornes a été citée par le dénommé Carol comme étant mêlée à des ventes et achats frauduleux de terrains. Selon Me Nunkoo, l’avocat du policier Aukhaj dont le nom a été cité dans la lettre de confession de Critika, c’est cette dernière qui a mis le policier en contact avec Gita Lutchigadoo pour l’achat d’un terrain à la route Bassin. Me Beehary soutient qu’il n’y a aucune charge qui pèse sur sa cliente et que cette dernière n’a pas encore été convoquée par la police : «Il n’y a que des on-dit dans la presse qui portent préjudice à ma cliente. Je ne peux me fier à ceux-ci. Ma cliente se rendra à la CCID d’elle-même pour donner sa version des faits».
Par Christophe Karghoo et Michaëlla Coosnapen