Cehl Meeah
Le Hizbullah vire-t-il au mauve ? Le leader du Parti d’Allah dit que, dans l’éventualité d’une partielle au No 3 (Port-Louis Maritime/Port-Louis Est), il ne sera pas «candidat à 99%». Il est même disposé à «soutenir un bon candidat», qu’il soit MMM ou «indépendant». Et cache difficilement son animosité pour le PTr, surtout «après certaines récentes déclarations».
Cette colère contre les rouges, nous dit-il, est le résultat de certaines déclarations publiques de certains dirigeants du Square Guy Rozemont contre sa personne.
Cette nouvelle posture de Cehl Meeah de ne pas se porter candidat et d’apporter éventuellement son soutien, lors d’une hypothétique partielle, au MMM honni par la base de son parti risque certainement de causer quelques remous. Le Hizbullah était jugé jusqu’à récemment - à tort ou à raison - plus proche des rouges, eu égard aux dernières municipales qui ont vu l’élection de Cehl Meeah au milieu des candidats du PTr.
Cehl Meeah le sait, mais s’en remet au comité de son parti : «Il y a une forte tendance au sein du Hizbullah qui veut que je me mette en retrait pour faire de la place aux jeunes. Nos membres veulent que je sois leur symbole historique depuis que j’ai été élu conseiller malgré le fait que j’étais en prison. C’est pour cela que je dis que je ne serai pas personnellement candidat s’il y a une partielle au No 3».
Est-ce à dire qu’il faut pour autant que le Parti de Dieu soutienne «un bon candidat du MMM» dans l’éventualité d’une partielle au No 3 ? Cehl Meeah tient à apporter la précision suivante : «Le Hizbullah ne soutiendra pas le MMM, mais si nous jugeons que le candidat que ce parti compte aligner est favorable pour la circonscription, nous soutiendrons le candidat, pas le MMM en tant que tel ». Allez comprendre !
Pour ce faire, Cehl Meeah – à travers son comité de sages - sera disposé à demander le désistement du candidat de son parti si l’adversaire a un «bon candidat». Ainsi, en l’absence du Hizbullah d’une éventuelle partielle au No 3, «c’est le MMM qui sera avantagé», dit-il en connaissance de cause. Ferait-il volontairement le jeu du MMM ? Après une longue hésitation, il répond : «C’est la base du parti qui dictera notre démarche». Quand on sait que la base respecte toujours la décision du chef!
Hizbullah : le pouvoir coûte que coûte en 2005
Et si Me Raouf Gulbul était le poulain du MMM à une éventuelle partielle, le Hizbullah pourrait-il combattre celui qui a sauvé son leader des assises ? «Tout le monde pense que j’ai une dette envers mon ami Gulbul. En tant qu’avocat, il a bien fait son travail, mais je ne lui dois rien, j’ai réglé ma note. D’ailleurs, je ne vois pas Me Gulbul me tenir tête ; il risque de subir une humiliation. Le meilleur candidat pour le MMM est Feizal Boodhoo qui est sûr d’être élu », a-t-il à dire.
Toutefois, pour couper court à toute spéculation, le leader du Hizbullah fait un pressant appel au Parti Travailliste, pour que celui-ci ne présente pas de candidat à la partielle si elle devait avoir lieu. «Je fais un appel au PartiTravailliste de Navin Ramgoolam pour qu’il ne présente pas de candidat. Ce n’est pas la bataille des rouges. Le MMM a aussi trahi les électeurs de cette circonscription. Le Hizbullah est le seul à avoir une légitimité pour contester cette éventuelle partielle», lâche-t-il.
Existerait-il une tentative de rapprochement avec le MMM ou, à la limite, avec le PTr en vue des prochaines législatives de 2005 ? Cehl Meeah est conscient des «réalités du pays» et estime que le Hizbullah est obligé «de se mettre en alliance avec l’un des deux blocs politiques pour pouvoir être au pouvoir».
Quel bloc obtiendrait ses préférences? «Pour l’heure, notre exigence demeure que l’un des deux blocs, MMM ou PTr, montre des signes positifs à notre égard, ce que je n’ai pas encore constaté. Ce dont je suis sûr, c’est que le Hizbullah doit être au pouvoir coûte que coûte en 2005 avec moi comme député», répond Cehl Meeah.
Le leader du Parti d’Allah se dit convaincu qu’il ne fait plus peur et que les autres composantes de notre société l’accueillent « mieux qu’avant ma libération, car j’ai donné des signes de changement positifs. Je me suis assagi».