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Jeff Lingaya, un gréviste déterminé

Jeff Lingaya au Jardin de la Compagnie, entouré de deux sympathisants, dont Salin Bacsou à l’extrême droite.

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Sooklam Appadu a passé la nuit de vendredi en compagnie du gréviste.

Bien qu’affaibli après trois jours de grève de la faim, cet écolo dans l’âme veut, coûte que coûte, poursuivre son combat au Jardin de la Compagnie. Il réclame la suspension du permis EIA, accordé en vue de la construction d’une centrale à charbon à Pointe-aux-Caves, Albion.

Un permis qui fâche. Celui de l’Environment Imact Assessment (EIA) octroyé au projet CT Power,
le mardi 22 janvier, par le ministère de l’Environnement, afin de permettre au groupe malaisien derrière le projet d’aller de l’avant avec la construction d’une centrale à charbon de 100 mégawatts à Pointe-aux-Caves, Albion. C’est ce qui a poussé Jeff Lingaya, militant écologiste de la Plateforme citoyenne, à entamer une grève de la faim le jeudi 24 janvier au Jardin de la Compagnie. Il estime que le ministère de l’Environnement aurait dû attendre les conclusions de l’affaire initiée en Cour suprême par les opposants au projet avant d’accorder le feu vert à CT Power.

Allongé sur une natte à même le sol dans un kiosque du Jardin de la Compagnie en ce samedi 26 janvier, Jeff Lingaya est, certes, affaibli après trois jours de grève, mais nullement découragé à aller au bout de son action. Et il le dit haut et fort : «Je ne m’arrêterai pas tant que le gouvernement ne revoit pas sa décision.» S’il est seul à mener cette grève de la faim, il est toutefois bien soutenu et entouré dans sa lutte. «Ce n’est pas le combat d’un homme, mais de toute une population», soutient-il. Un groupe de personnes, pour la plupart des anonymes, se tient à ses côtés et le félicite pour son courage. Parmi eux, Salim Bacsou, un habitant de Port-Louis, qui a passé toute la nuit au Jardin de la Compagnie pour le soutenir.

«Je suis venu en signe de solidarité avec Jeff que je ne connaissais que de nom depuis quelque temps. J’ai fait sa connaissance vendredi. Je suis aussi contre le projet CT Power et contre toute forme de pollution. J’espère que le gouvernement abandonnera ce projet afin que Jeff puisse arrêter sa grève de la faim», fait-il ressortir.

Jean Charles Vellard, un autre militant écologiste et habitant Pointe-aux-Sables, est aussi contre le projet CT Power. Ce Français qui habite chez nous depuis 2002 après avoir épousé une Mauricienne, affirme avoir même récolté 800 signatures contre le projet de centrale à charbon. «Il n’y a pas que la région d’Albion qui sera polluée. Mais toute la région ouest ainsi que d’autres parties de l’île. Car, la pollution ne s’arrête pas aux frontières. Cette technologie ultrapolluante est très dépassée. Maurice peut exploiter d’autres sources d’énergie renouvelables telles que le solaire et le vent. Si le gouvernement maintient sa décision, cela prouvera qu’il sacrifie la qualité de vie et la santé des Mauriciens au profit d’un projet bidon», lâche notre interlocuteur.

Sooklam Appadu, un habitant de Rivière-du-Rempart, âgé de 26 ans, crie lui aussi au scandale. «Cela va totalement à l’encontre du projet Maurice île Durable. Si le gouvernement avait vraiment à cœur l’écologie de notre île, Jeff n’en serait pas arrivé là aujourd’hui. À quoi ça sert de venir avec le projet Maurice île Durable et en même temps permettre la construction d’une centrale à charbon ? Finalement, ce n’est qu’un slogan pour attirer les touristes. Le combat de Jeff est un acte humanitaire pour les citoyens mauriciens et la planète», précise le jeune homme.

Après avoir passé toute la nuit du vendredi en compagnie de Jeff Lingaya, il a décidé de rester à ses côtés durant tout le week-end. «Pour dire non à la centrale à charbon polluant et oui à une qualité de vie saine et sans pollution !»

Le groupe Azir Moris «révolté»

Dans un communiqué émis hier, le groupe Azir Moris témoigne de son indignation face au projet CT Power. «Nous nous révoltons contre l’ensemble du projet CT Power qui, à nos yeux, est une entreprise porteuse de honte, de maladie et de mort. Nous nous révoltons contre ces politiciens et intellectuels silencieux qui, normalement, devraient prendre position pour et aux cotés du petit peuple. Nous nous révoltons contre l’octroi d’une EIA Licence à cette entreprise de mort et de destruction de l’environnement qu’est CT Power, ce malgré les cris de milliers de Mauriciens et de spécialistes inquiets de la qualité de vie qui en découlerait.» Azir Moris réclame aussi la révocation du permis EIA attribué à CT Power et l’arrêt du projet.

Toutefois, le groupe se dissocie de la grève menée par Jeff Lingaya. «Nous soutenons que la grève de la faim est un noble outil de dernier recours dans la lutte du peuple. S’en servir à tout bout de champ ne peut qu’en desservir l’impact. Il ne doit être utilisé qu’en dernier recours seulement et non de manière unilatérale», avance Azir Moris qui commence une série d’activités qui durera pendant un mois et débutera par un rassemblement citoyen qui se tiendra demain à Port-Louis.

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