• «Sega Tipik Sa» : un documentaire pour découvrir et célébrer dix ans de reconnaissance
  • Un sexagénaire succombe à ses blessures après une agression - Yash, le fils d’Anand Lutchmon : «Mo papa inn trouv lamor dan rann enn servis»
  • Chrysalide, 20 ans d’une riche aventure
  • Shameem Dewanuth décède quelques heures après un accident de la route - Sa sœur Shaheen : «Nous devons chérir nos êtres chers tant que nous en avons l’occasion…»
  • Future Hope : une promesse, une mission
  • Wazil Meerkhan et Dylan Carman plaident coupable dans le cadre de la mort de la WPC Raghoo - Pooja, la sœur de la victime : «Notre famille n’a toujours pas pu remonter la pente…»
  • Movember : au cœur des hommes, les hommes à cœur
  • Contrat d’exclusivité du Champ-de-Mars : le MTC se remet en selle
  • «Moana 2» : l’aventure magique sous les tropiques reprend
  • Il a été libéré sous caution après huit mois de détention préventive - Vishal Shibchurn : «Mo ena ankor bokou revelasion pour fer»

Heeralall Bhugaloo - Un homme de coeur

bhugaloo.jpg

‘Silence on tue’ est le livre de chevet de ce directeur de collège. L’auteur, Pascal Krup, raconte dans les détails les ‘crimes et mensonges à L’Élysée’

Le MMM lui doit la couleur et le symbole du parti. Attaché à l’idéologie des mauves, il s’en est éloigné pour planter sa tente chez les travaillistes, jusque-là ses adversaires. Le mauve se dissolvant difficilement dans le rouge, Heeralall Bhugaloo n’y fera pas long feu.

C’est l’histoire d’un homme qu’on sent meurtri, malgré son air de détachement à son militantisme. À 66 ans, allure de patriarche, Heeralall Bhugaloo conjugue son passé au présent.

À la fois enseignant, journaliste et politicien dans le passé, Heeralall Bhugaloo coule aujourd’hui une vie paisible avec ses étudiants à la tête d’un collège, rendu célèbre pour avoir été le quartier général d’un MMM naissant. La Port Louis High School est encore son point d’ancrage. Son repère. Son jardin secret. Y être est une façon pour Heeralall Bhugaloo de repasser le film d’une vie remplie d’anecdotes.

Pas du tout complaisant, il l’est encore moins envers les autres. Ces autres sont ceux qu’il a côtoyés. Il y a, bien sûr, Dev Virahsawmy et Jooneed Jeerooburkhan. Mais surtout un certain moustachu nommé Paul Bérenger. Paul Bérenger est allé à la rencontre de Heeralall Bhugaloo. Convergence d’idées oblige. «De là est née une solide complicité entre Paul et moi», souligne-t-il. On est à la fin des années 60.

Dans ce QG improvisé sont discutées stratégies politiques. Il fallait remplir le vacuum laissé par le Parti Mauricien après sa coalition - considérée par les adversaires de l’indépendance plutôt comme une trahison - avec Chacha. La tactique : infiltration de la masse. Ce sera l'histoire du chameau et de l'arabe entre le MMM et le PMSD et le début d'une révolution dans une île pauvre, vivier idéal pour une gauche à l’état embryonnaire.

Le choix du mauve et du coeur

Puis, c’est le déclic politique. Une partielle en septembre 1970 après la mort de Lall Jugnauth, député bissoondoyaliste à Pamplemousses/Triolet: «Lors d’une réunion à mon collège, on n’arrivait pas à choisir une couleur et un symbole pour le MMM. Je portais une chemise mauve; j’ai proposé cette couleur et le coeur comme symbole, pour ne pas prendre un arrosoir ou un robinet».

Le choix du candidat ? «On avait proposé que ce soit Dev. Il a accepté, mais s’est ravisé le lendemain, au grand dam de Paul qui a promis de ‘brosse so la tête’». Chose faite, il va sans dire. Dev est élu au détriment de Boodram Nundlall.

Le clash des idées gangrène alors cette jeune formation. Ce qui pousse Heeralall Bhugaloo vers la sortie en 1972 : «Je voulais me rendre ma liberté». À cette époque, «parler en anglais ou en français était un anathème»; porter une veste et la cravate «était une insulte».

Heeralall Bhugaloo demeure quand même actif sur le terrain et tente en vain de récupérer la manifestation estudiantine du 20 mai 1975 avant de rejoindre les rangs de SSR en février 1976. En décembre de la même année, il se porte candidat contre le camarade Paul à Belle-Rose/Quatre-Bornes. Il sort en tête de liste avec James Burty David et l’actuel Premier ministre. Devanand Rottoo et Sheilabhai Bappoo mordent la poussière, côté MMM.

Nommé ministre de l’Éducation le 21 décembre, il démissionne comme ministre et député en janvier 1997 «sur un désaccord avec SSR concernant l’éducation gratuite». Il permet, par son geste, à Kher Jagatsingh de faire son entrée comme ‘Best Loser’.

Des années après, il n’est pas étonné que d’autres aient réussi en politique, alors que lui est resté à quai : «Si Paul est devenu Premier ministre, c’est l’aboutissement logique de ses calculs politiques, de ses alliances contre nature. Moi, je n’étais pas prêt à marcher sur des cadavres», dit-il. Il dit ne pas se retrouver dans les formations politiques actuelles. «Je recherche des gens pour créer un mouvement populaire, comme on l’avait fait en 1969 pour le MMM», dit-il.

Heeralall Bhugaloo, modeste de nature, demeure avant tout un homme de coeur. Un homme tout court.

-------------------------

L’enseignement à jamais

Enseignant, il avait Navin Ramgoolam comme étudiant. Ce Portlouisien né un matin de juillet 1938 a l’enseignement dans la peau alors qu’il aurait pu être, comme papa, comptable. Après avoir chauffé les bancs de l’école de La Montagne et ceux de Neo College, Heeralall Bhugaloo se passionne pour le journalisme et crée en 1969 ‘Combat’, un hebdomadaire qui sera converti en ‘Le Militant’ quand il croise le camarade Paul. Toujours tiré à quatre épingles, un des rares parmi les militants d’alors à posséder une voiture «de fonction» Heeralall n’est pas bien vu mais est indispensable. Surtout qu’il est patron d’un collège et est financièrement indépendant. «Un boss dirige, oriente les idées et les événements, mais il n’est pas là pour subir les caprices des uns et des autres» aime-t-il à dire. Il est marié à Euretta qui lui a donné quatre enfants : Sanjay, Rajeswaree, Arvin et Sandesh. Ces derniers lui ont rendu grand-père en cinq fois. Enfin le repos ? Pas si sûr, car il dirige d’une main de maître sa Port Louis High School, devenue comme son bébé chéri.

Archive: