Ils ont pour mission d’accompagner et de guider les dévots sur le chemin de la foi. Pour cela, les prêtres tamouls ont besoin d’une longue préparation qui nécessite prières et sacrifice.
Leur foi est inébranlable et leur amour pour le dieu Muruga ne connaît pas de limite. Voilà plusieurs années maintenant qu’ils ont fait le choix de dédier leur vie aux dieux en devenant prêtres. Aujourd’hui, est un grand jour pour eux, comme pour toute la communauté tamoule. Une journée qu’ils vont vivre dans le recueillement et le sacrifice.
Les Mauriciens de foi tamoule célèbrent en ce dimanche l’un des festivals les plus populaires et colorés de l’île Maurice, le Thaipoosam Cavadee, en l’honneur de Muruga, fils du dieu Shiva et de la déesse Ouma. Si cette fête religieuse est un moment privilégié pour les fidèles, elle l’est encore plus pour les prêtres tamouls, connus comme les ayas ou achagars, qui les accompagnent et les guident sur le chemin de la dévotion et du sacrifice tout au long du carême qui dure dix jours jusqu’à la fin de la procession. Pour cela, le religieux se doit d’être disponible à tout moment pour ses fidèles. Sollicités de toutes parts, ils seront aux avant-postes aujourd’hui pour purifier les fidèles, procéder aux rituels et présider les séances de prière qui auront lieu tout au long de la journée.
Pour être à la hauteur de leur mission, les prêtres tamouls se mettent à l’écart du monde matériel et se consacrent entièrement à louer le dieu Muruga. «Pour atteindre la purification, nous nous livrons à des rituels afin d’être capables, à notre tour, de purifier les dévots, le village et l’atmosphère», explique l’aya Siven Nagapen. Ainsi, pendant les dix jours qui précèdent la célébration, les prêtres se réveillent avant le lever du soleil pour des séances de prière, s’occupent du temple où ils donnent un bain sacré au dieu Muruga, préparent l’endroit pour accueillir les dévots tout au long de la journée et procèdent à des séances de prières, jusqu’à fort tard dans la nuit : «Nous avons pris l’engagement de nous consacrer au dieu Muruga. Pour cela, nous avons besoin de nous détacher de la vie matérielle et de nous consacrer à la prière pour ressentir la présence de notre dieu.»
Comme chaque année, l’aya Sooriegassen se prépare à vivre cette célébration avec une intense émotion. Depuis le début du carême, il s’est coupé du monde matériel. Pour lui, quatre éléments sont indispensables au bon déroulement de ces dix jours : abandon total du monde matériel, abstinence, rigueur et dévotion totale à Muruga. «Étant religieux, nous avons besoin d’une longue préparation et de pratiques personnelles telles que des prières spéciales et de la méditation pour entrer en contact avec notre dieu», confie-t-il.
Depuis le lever du soleil ce matin, des milliers de dévots se sont rendus dans les temples pour des prières, avant de se diriger vers les rivières où ils prendront des bains purificateurs. «Nous faisons l’éloge du dieu Muruga pour qu’il nous accorde sa lumière et sa bénédiction. Nous, les prêtres, nous l’invoquons avant de transmettre sa bénédiction aux fidèles», explique l’aya Sooriegassen.
C’est là que les prêtres béniront les fines aiguilles qui seront ensuite plantées dans plusieurs parties de leur corps. Ils seront alors prêts pour la procession durant laquelle ils porteront leur Cavadee, une structure en bois, décorée de fleurs et d’objets de dévotion. Ils se dirigeront ensuite vers les temples où ils verseront un peu de lait sur la statuette de Muruga pour en partager, après, avec les autres dévots.