Vikram et Marie Louise Gopeechand sont les plus heureux des parents depuis l’intervention chirurgicale réussie de leur fils Shivam. C’est en 2002, alors que Marie-Louise n’avait que 19 ans, qu’elle rencontre Vikram non loin de chez elle à St-Hilaire. Ayant fait un mariage civil uniquement, le couple compte se marier religieusement en 2005
Il a deux mois, il bouge, il sourit, il gazouille et regarde partout avec ses grands yeux cernés de khôl. Le petit Shivam est un beau bébé qui a l’air en pleine forme. On a peine à croire qu’il est né avec une grave malformation cardiaque et qu’il a dû être envoyé d’urgence en Inde pour y être opéré. L’intervention pratiquée il y a un peu plus d’un mois est une réussite. Les parents, Vikram et Marie-Louise Gopeechand, soulagés et heureux, crient au «miracle».
«Oui, c’est un vrai miracle. Nous étions tellement angoissés quand nous avions appris que Shivam avait cette grave malformation cardiaque», relate Vikram, le père âgé de 26 ans. Ce mécanicien habitant New-Grove regarde avec fierté ce petit bout de chou blotti dans les bras de sa mère, Marie-Louise, 21 ans.
«Heureusement, tout cela est derrière nous. D’après les médecins, il est hors de danger et pourra mener une vie normale», se réjouit l’heureuse maman.
Le calme après la tempête. Mais que des moments difficiles pour ce jeune couple, marié depuis un an, dont Shivam est le premier enfant. Pourtant, la grossesse s’était bien déroulée. La naissance du petit était attendu avec impatience.
«Je n’ai eu aucune complication durant les neuf mois qui ont précédé la naissance de mon fils. Le 25 juin, j’ai eu des contractions et j’ai été emmenée à l’hôpital de Rose-Belle. Ce n’est que le lendemain que Shivam est né», raconte Marie-Louise.
Là, les choses se compliquent. «J’ai vu mon bébé quand il est né. J’étais contente que ce soit un garçon. Mais tout de suite après, on me l’a pris. Le lendemain quand je suis allée le voir, on m’a dit qu’il avait été transféré à l’hôpital de Candos parce qu’il était un peu faible».
«Je n’arrêtais pas de pleurer»
Le même jour, Vikram va voir son fils à Candos. C’est alors qu’il apprend que ce dernier a été admis à l’‘Intensive Care Unit’ du département post-natal : «On m’a dit que le bébé éprouvait des difficultés à respirer. Des tests ont par la suite révélé que Shivam avait une grave malformation cardiaque qui nécessitait une intervention qui ne pouvait être pratiqué à Maurice mais en Inde. J’étais complètement bouleversé».
D’ailleurs, Vikram ne parle pas du problème du nourrisson à sa femme tout de suite. Il entame seul les démarches pour le voyage qui les mènera au Manilall Hospital, Bengalore, en Inde : «Quand je suis allé faire les démarches pour le passeport de Shivam, j’ai téléphoné à ma femme pour lui demander si elle se sentait en forme pour faire un voyage en Inde. Je ne lui ai pas donné d’explications sur la nature du voyage. Elle est venue me rejoindre à Port-Louis pour faire sa demande de passeport».
Ce n’est qu’une fois chez eux que Vikram avoue à son épouse que leur bébé souffre d’une malformation cardiaque et qu’il doit être opéré en Inde. «Je n’arrêtais pas de pleurer, je n’arrivais pas à croire qu’un tel malheur puisse nous arriver à tous les trois», se souvient Marie-Louise avec émotion.
La jeune femme et son époux décident d’accompagner tous les deux leur bébé en Inde. Les frais pour le voyage du bébé ainsi que pour l’opération sont pris en charge par l’État ainsi que la moitié du prix du billet d’avion et des frais du séjour de la mère. Pour les frais restants, le couple débourse quelque Rs 60 000. «Il me restait un peu d’argent d’un loan que j’avais pris pour compléter la maison. Pour le reste, les membres de la famille ont tous contribué ce qu’ils pouvaient», soutient Vikram.
Dix jours après, le couple s’envole pour l’Inde en compagnie de Shivam et de deux infirmiers. Le bébé est emmené directement de l’hôpital à l’aéroport et c’est la première fois que sa mère le voit depuis le jour de sa naissance : «J’étais très triste de ne pas pouvoir le prendre dans mes bras même dans l’avion. Quand il pleurait, je sentais mon cœur se déchirer».
Une fois arrivé en Inde, le groupe se dirige directement vers l’hôpital en ambulance. L’angoisse ne quitte pas les parents de Shivam. Marie-Louise n’arrête pas de pleurer. Quelques jours après, le nourrisson est opéré. Onze heures en salle d’opération. «Nous sommes restés là à pleurer et à prier».Après la longue et angoissante attente, le chirurgien sort enfin de la salle d’opération. Il apprend aux parents que l’intervention a été une réussite. Le soulagement et la joie remplacent enfin l’angoisse et la tristesse.
Le lendemain, Vikram et Marie-Louise peuvent enfin voir leur bébé. «Il était relié à divers appareils et était sans connaissance. Ce n’est qu’après trois jours qu’il s’est reveillé. J’ai alors pu l’allaiter pour la première fois», nous dit Marie-Louise la gorge nouée d’émotion.
Après encore quelques jours, Vikram, Marie-Louise et le petit Shivam rentrent chez eux, le cœur léger. Depuis, le bébé est emmené à l’hôpital de Rose-Belle chaque semaine pour le suivi médical. Il doit aussi prendre du Phenoxybenzamine, du Captopil et du Ferium, des médicaments qui aident à sa convalescence. La longue plaie qui barre son petit torse s’est pratiquement cicatrisée.
Pour les parents, c’est le bonheur retrouvé. Leur bébé «miracle» est le plus beau cadeau que Dieu leur ait donné et ils n’arrêtent pas de lui rendre grâce.
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Des grands-parents aux anges
Leurs cœurs ont failli s’arrêter le temps d’une opération. Hervé et Kallyanee Fierjaun (née Uppiah), les parents de Marie-Louise (la mère de Shivam) et Chandrawtee et Manilall Gopeechand, le père et la mère de Vikram (le père de l’enfant opéré), ont vécu des moments difficiles lors de l’opération de leur petit-enfant Shivam qui est «une première dans les deux familles».
Promesses et prières ont été faites à Grand- Bassin. «Nu fine bien prié pu zenfan là gagne so la santé», déclare Manilall.
«Mone bien malade. Mone mari gagne trakas pu sa zenfant là », confie Chandrawtee, la grand-mère paternelle. Souffrant d’hypertension, cette cueilleuse de thé de 57 ans, mère de six enfants, a fait un court séjour à l’hôpital de Rose-Belle.
Pendant ce temps, à St-Hilaire, une autre grand-mère retenait son souffle. Kallyanee, 49 ans, avoue s’être rongé les sangs quand elle a appris que Shivam devait se faire opérer d’une malformation cardiaque : «Quand j’ai entendu dire qu’il allait se faire opérer en Inde, j’ai eu du courage car il y a des docteurs hautement qualifiés qui y travaillent».
L’accouchement de Shivam évoque des souvenirs. Le regard de Kallyanee s’attendrit quand elle évoque la naissance de Marie-Louise : «C’était un bébé en bonne santé. Au départ, je devais l’appeler Sangeewatee mais en allant la déclarer à l’état civil, Hervé, son père de foi catholique, a préféré la nommer Marie-Louise». Même si Marie-Louise a préféré suivre la religion hindoue par la suite, pour la fête de l’Assomption, elle ne manque pas « de couper son gâteau Marie».
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À cœur ouvert en Inde
Selon le Dr Xavier Joseph, chirurgien cardiaque à l’hôpital Manilall à Bangalore, en Inde, le cas du petit Shivam, deux mois, est très rare dans le domaine médical. «Environ un enfant sur 5000 a ce genre de problème à la naissance. Durant le développement du fœtus, il y a deux artères principales qui ont été interchangées. D’abord, l’artère qui conduit vers les poumons s’est retrouvée à la place de celle qui conduit vers le cœur et celle menant vers le cœur s’est retrouvée aux poumons. C’était le cas de Shivam», déclare le Dr Joseph que nous avons contacté au téléphone à l’hôpital Manilall. Selon lui, il y a cinq institutions spécialisées en Inde qui peuvent corriger cette malformation. Pour cela, une intervention chirurgicale qui dure huit à dix heures est requise. Durant ces trois dernières années, plus d’une centaine d’enfants, âgés de moins de 13 ans, ont été opérés du cœur selon le ministère de la Santé à Maurice. Toujours selon ce ministère, 45 cas ont été traités en Inde. «Le problème cardiaque chez l’enfant est une maladie trop compliquée. C’est pour cette raison que les enfants qui doivent être opérés sont envoyés en Inde. Mais il y en a qui vont en Afrique du Sud pour se faire soigner», confie l’attachée de presse du ministère de la Santé.
Par Michaëlla Coosnapen et Nadine bernard