Jean-Daniel Wong
L’union entre deux personnes du même sexe, un sujet qui occupe l’actualité à la fois en Europe et aux États-Unis. Aujourd’hui, en France, les partisans du «mariage pour tous» feront entendre leur voix à deux jours d’un vote déterminant au Parlement de la loi alors que les opposants à ce projet de loi avaient manifesté, pour leur part, le 13 janvier. Jean-Daniel Wong, président du Collectif Arc-en-ciel, qui milite pour les droits des homosexuels à Maurice, nous donne son avis sur le sujet.
Aux États-Unis comme en France, il y a actuellement beaucoup de débats autour du mariage gay. Est-ce, selon vous, un sujet qui devrait intéresser les Mauriciens ?
Le mariage dans le cadre civil est un sujet auquel les Mauriciens devraient s’intéresser car, c’est un sujet parmi tant d’autres qui reflète l’évolution de la société. Il n’y a que le changement qui soit constant et le changement, c’est le propre de l’évolution.
C’est un sujet qui divise beaucoup en France et l’association «Manif pour tous» tient le discours suivant : «Institutionnaliser ce principe sera dramatique pour les enfants. Nous devons les en protéger. Une véritable révolution juridique et anthropologique se prépare sans que personne ne la nomme : l’instauration d’un nouvel ordre sexuel dans notre société.» Comprenez-vous les voix qui s’élèvent contre ce projet de loi ?
C’est tout à fait juste d’avoir des voix qui s’élèvent, ce qui enrichit le débat et il n’y a pas que l’association que vous citez qui y est opposée en France. L’homoparenlité, qui découle des unions homosexuelles, démontre qu’il y a différents types de configuration familiale et, reconnaître toutes les formes de famille, c’est protéger juridiquement tous les enfants qui en sont issus. Il ne faut pas omettre le fait qu’aujourd’hui, il y a des enfants qui sont élevés dans des familles homoparentales et ce, depuis plus de vingt ans.
La loi du mariage pour tous, au contraire, protégera les enfants car, elle leur donnera ce cadre juridique. Il n’y a pas de nouvel ordre sexuel : l’homosexualité a toujours existé, de même que les couples du même sexe. La société évolue, il est donc opportun que le cadre légal aille dans le même sens afin d’être en adéquation avec les besoins de tous les membres qui la composent. Il faut que la loi puisse encadrer les différentes formes de mariage, comme il y a différentes formes de famille. L’État a donc le devoir de prendre en compte l’évolution des mentalités et des pratiques de ses membres.
D’un autre côté, d’aucuns estiment que cette loi est pour le rétablissement de l’égalité pour tous. Les partisans du mariage homosexuel pensent ainsi que tous, gays ou pas, méritent d’être assujettis aux mêmes droits. Vote réaction?
Le couple homosexuel est aussi légitime que le couple hétérosexuel car, l’amour entre deux personnes du même sexe n’est pas différent de celui qui existe entre deux personnes de sexe opposé. Le mariage pour tous viendra effectivement rétablir l’inégalité actuelle qui existe entre les couples homosexuels et les couples hétérosexuels. Il ne devrait pas y avoir de droits spécifiques liés à l’orientation sexuelle, ce qui est le cas aujourd’hui car le mariage civil est réservé aux couples hétérosexuels seulement, sauf dans onze pays.
Avez-vous une proposition pour arriver à un consensus sur le sujet ?
Je ne pense pas que c’est à un consensus qu’on devrait arriver. Il faut rétablir les inégalités qui existent. À Maurice, la mise en place de l’Equal Opportunities Commission sous l’Equal Opportunities Act est un signal fort que l’État veut mettre fin à l’inégalité sous toutes ses formes. Mais avant d’arriver avec un dossier concernant l’inégalité locale par rapport au mariage civil pour tous, il y a d’autres dossiers tels que la dépénalisation de la sodomie et la reconnaissance de l’identité transgenre auxquels Maurice doit s’attaquer.