Il n’est un secret pour personne que nos athlètes qui nous ont si dignement représentés à Athènes ont beaucoup appris de ce périple grec. Si certains, à l’instar de Stéphan Buckland et Eric Milazar, sont des habitués des grands rendez-vous, par contre pour les autres jeunes sportifs, c’était la grande aventure dans l’inconnu. Ces derniers se sont sentis un peu perdus parmi les grosses pointures du sport mondial et nul doute que le trac y était pour beaucoup dans les performances enregistrées sous le ciel athénien.
Même notre roi du demi-tour de piste, considéré comme notre meilleur espoir pour un podium olympique, a failli perdre toutes ses chances au moment de prendre le départ au stade olympique d’Athènes. Dans un concert de cris et de protestations des spectateurs grecs autour de la non participation du champion sortant, Kostas Kenteris, tous les concurrents étaient moins à l’aise que d’habitude. Quand Fredericks leva la main pour un sursis, Stéphan était déjà très concentré et semblait pouvoir s’offrir le meilleur départ. Mais, perturbé par tout ce scénario inattendu il fut à la base d’un faux départ et dès lors, il lui fallait se montrer extrêmement prudent au deuxième départ.
La suite, on la connaît : Stephan Buckland démarra en retard par rapport aux principaux favoris et n’allait jamais pouvoir combler son déficit. Quoi qu’il en soit, il sort une nouvelle fois grandi de son parcours merveilleux et a certainement retenu une autre leçon : on doit toujours compter sur des événements inattendus au moment crucial. Pour notre champion incontesté, c’est un autre pas de franchi car il a obtenu sa qualification pour une finale olympique après une première réussite dans la Golden League à Rome. Ce sont les mêmes adversaires d’Athènes qu’il retrouvera dans un proche avenir et comme son parcours l’indique, il ne se situe plus très loin d’un prestigieux podium.
Si Stéphan Buckland n’a plus de complexes à ce niveau, le jeune Jonathan Chimier a encore un bon bout de chemin devant lui. Il a l’immense mérite d’avoir réussi un bond prodigieux lors des éliminatoires à la longueur assorti d’une participation historique en finale de cette discipline. Mais il n’était plus le même après son premier essai lors de la finale et allait craquer par la suite pour prendre la dixième place. Une belle expérience pour Jonathan qui, sans aucun doute, rebondira après ce qu’il a accompli à Athènes. Eric Milazar a été, quant à lui, égal à lui-même en se propulsant en demi- finale du 400 mètres.
Il ne lui a pas manqué grand-chose pour une qualification en finale ; c’est dire qu’il figure parmi les meilleurs mondiaux sur le tour de piste. On ne peut certainement pas parler de régression pour Eric dans la mesure où il a dû défendre son titre africain avec honneur avant d’aller affronter les autres gros bras à Athènes. Il a tout donné et avec un peu plus de jus dans les jambes, il aurait, à coup sûr, disputé la finale. C’est donc avec plus de minutie qu’il doit désormais préparer son programme de travail afin d’être au summum au moment voulu comme le savent si bien faire les champions américains. Ce n’est pas Trevor Graham, entraîneur de Shawn Crawford et de Justin Gatlin qui nous contredira.
Que dire de nos autres représentants sinon qu’ils n’ont pas encore l’étoffe de notre trio magique. Toutefois, notre pugiliste Michael Médor a fait douter jusqu’au bout son adversaire mongol, Erdène Munkh, tandis que Chris Hackel n’oubliera pas de si tôt sa première place dans sa série du 50 mètres nage libre. Diane Etiennette, Jessica Dalou et Yolène Raffin progresseront définitivement car ces JO leur ont servi de point de repère. Pour notre archer Yehya Bundhun, il a eu le malheur de tomber d’entrée sur le numéro un mondial. Il a dû, lui aussi, tirer le maximum de cette confrontation avec le talentueux Sud-Coréen et peut ainsi glisser des conseils précieux aux autres jeunes qui aspirent à une participation olympique au tir à l’arc.
Dans quatre ans, ce sera Beijing et on espère que les autorités n’attendront pas qu’il ne reste que quelques mois avant l’échéance pour se décider de l’encadrement de nos éventuels représentants. Car Stéphan Buckland en homme averti n’y est pas allé de main morte lors d’un entretien à un confrère cette semaine, « après le tam tam, c’est l’oubli tout simplement ».