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Un corps social malade

Il se passe des choses incroyables dans ce pays. Maurice vient de vivre l’explosion de Grand-Baie; on découvre, maintenant, dix cadavres dans une maison à Saint-Paul. Comme l’explosion de Grand-Baie, l’escadron de la mort, l’affaire Deelchand, c’est un événement inédit chez nous.

Le drame de St-Paul nourrit, lui aussi, le sentiment que notre corps social est malade. Nombre de Mauriciens sont convaincus que notre pays n’est plus un long fleuve tranquille, qu’on a franchi quelque part la ligne rouge et que, désormais, tout est possible.

Une chose positive quand même : face à de tels drames, les Mauriciens continuent à s’émouvoir. L’indifférence ne s’est pas encore installée. Mais gare à l’accoutumance. Jadis, un accident fatal provoquait une certaine émotion dans la population. Il y en a tellement aujourd’hui qu’ils passent pratiquement inaperçus. Comme si il faut augmenter la dose pour que cela provoque chez nous des réactions.

La découverte des dix cadavres évoque le suicide collectif des membres de l’Ordre du Temple Solaire ou des charniers au Rwanda. C’est déprimant d’autant plus qu’elle survient dans un contexte économique peu reluisant.

La morosité, la déprime, le blues, le spleen. Ce sont des termes qui caractérisent la société mauricienne. Le sentiment d’insécurité aussi. Avec pareille grisaille, comment voulez-vous que nos compatriotes puissent se mettre à l’ouvrage avec entrain ? Pour que Maurice puisse espérer faire ce bond qualitatif tant attendu, il faut renverser la vapeur.

Il faudrait commencer par mener une étude pour savoir ce qui est en train de se passer dans notre société. Notre système de valeurs connaît une mutation. Est-ce que c’est ce changement-là qui provoque des dysfonctionnements avant que, éventuellement, tout se stabilise ? Il faut trouver des réponses à nos questions et à partir de là essayer de trouver un remède à nos maux. Cette étude, qui s’apparenterait à un audit de notre corps social, devrait figurer parmi nos priorités.

Concernant l’explosion de Grand-Baie, il y a eu des rapports contradictoires sur les causes du sinistre. Cela a relancé la spéculation. Ce qui ne contribue pas à la sérénité. Quant au drame de St-Paul, il faudrait que les enquêteurs nous tirent tout ça au clair. Il importe de stopper le moulin à fantasmes.

Si l’état de notre économie devait continuer à se détériorer, cela pourrait exacerber les tensions dans le pays. Un assainissement de la situation économique devrait pouvoir concourir à faire renaître ce sentiment de bien-être qui caractérisait autrefois notre société.

Sur l’asphalte ont poussé, quand même, trois fleurs, à savoir Stéphan Buckland, Jonathan Chimier et Éric Milazar. Leurs performances à Athènes sont inoubliables. Parmi la multitude de mauvaises nouvelles, cet événement prend toute sa valeur. Il faudrait l’utiliser pour exorciser nos doutes. Si eux ont pu, d’autres dans d’autres domaines devraient pouvoir aussi. Il faudrait célébrer de telles occasions. Elles contribueraient à booster notre moral.

L’heure n’est plus à la rigolade. Les Mauriciens devraient se serrer les coudes pour affronter leurs démons. À cet égard, il ne faut rien faire qui puisse porter atteinte à la cohésion sociale. C’est collectivement que nous allons pouvoir gagner.

Dix cadavres : plusieurs familles sont déchirées par la souffrance. Maurice non plus ne sort pas indemne de ce drame. Et des Mauriciens se posent la question : qu’est-ce qui nous attend au tournant encore ?

Non, il n’y a pas de fatalité. C’est nous qui construisons notre avenir.

Au boulot pour assainir notre société.

naeck@5plus.mu

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