Natasha et Johann, de cultures différentes mais réunis dans la foi bahá’ie, ici avec leur bébé Nigel
Elle s’appelle Natasha et lui Johann. Elle était de foi catholique et lui de foi hindoue. Maintenant, il y a quelque chose qui les unit. Une foi, un but : bahá’ì. Cette année, la communauté bahá’ìe fête ses 50 ans d’existence.
«Notre exemple montre clairement le principe bahá’ì: l’unité dans la diversité, car nous sommes unis par la même foi. De plus, en amour il ne faut pas juste aimer une personne; il faut aussi avoir les mêmes buts dans la vie», nous raconte Natasha, l’épouse de Johann. «La communauté bahá’ìe nous offre donc l’occasion d’atteindre ce même but, mais cela n’empiète en rien sur ma culture originelle. Je participe toujours à des fêtes religieuses hindoues», poursuit Johann.
«Cette unité nous fait apprécier plus de choses, elle nous aide à nous épanouir. Par exemple : maintenant, je peux regarder des films indiens, j’arrive à comprendre, à apprécier la culture indienne, et c’est vice versa pour Johann», nous dit Natasha, jeune maman. Pour ce qui est de la fréquentation des églises, la femme répond qu’elle n’a pas de problèmes à entrer dans une église et à suivre la messe.
L’unité, Liva,quant à elle, dit la connaître aussi malgré son jeune âge (une vingtaine d’années) : «C’est, des fois, dur d’être bahá’ì, de vivre avec des principes que d’autres de mon âge ne suivent pas. Mais mes principes personnels correspondent aux principes de cette religion. Bien sûr, je ne renie pas ma culture», nous explique la jeune fille avec un sérieux exemplaire. (voir les principes bahá’ìs plus bas.)
«Les jeunes participent activement aux activités de la communauté. Il n’y a pas de distinction d’âges ou de religions. Nous sommes tellement occupés, on nous donne des responsabilités. Notre place est importante et reconnue par les moins jeunes», dit Liva.
Place justement à ces moins jeunes qui racontent le message, ce qu’ils appellent l’unité. Sylvana Dholah, initialement de foi catholique, proche de ses 50 ans, nous conte l’histoire de son père qui cherchait cette unité. Et qui l’a trouvée en la foi bahá’ìe : «Papa lisait beaucoup la Bible. Il cherchait et avait une soif de la Vérité. Mes parents fréquentaient même une église adventiste, jusqu’à ce qu’ils découvrent les écrits bahá’ìs. Depuis, j’ai l’impression de vivre quelque chose de grand. Tous les principes de l’harmonie et d’unité se trouvent dans cette religion».
Pour moi le mot ‘religion’ veut dire ‘réunir’
Paul Fabien, 65 ans, quant à lui, nous parle de l’unité avec les autres communautés religieuses. Cet homme compte près de 45 ans de vie bahá’ìe : «La base de toute religion est la même. Nous commençons à former des comités où plusieurs chefs religieux d’autres religions sont représentés, et nous nous entendons très bien. De toute façon, pour moi le mot ‘religion’ veut dire ‘réunir’».
Acceptation ethnique, point de conflit de générations et harmonie avec d’autres religions laissent entendre nos interlocuteurs.
Peut-être serait-ce plus facile de mieux comprendre la communauté bahá’ìe en mentionnant cette citation du prophète bahá’ì, Bahá’u’lláh, fondateur de la religion : «Sache, en vérité, que l’essence de tous les prophètes de Dieu est une et la même.»
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Bahá’u’lláh : l’histoire de la fondation
Comme pour beaucoup de fondateurs religieux, la vie de Bahá’u’lláh n’a rien d’une existence paisible. Né le 12 novembre 1817 à Téhéran, Bahá’u’lláh, dont le nom en arabe signifie «La Gloire de Dieu», est le fils d’une noble et riche famille persane. En 1835, il épouse la fille d’un autre noble qui lui donnera trois enfants. Il refuse aussi la carrière ministérielle qu’on lui offre pour se consacrer à des actions humanitaires qui lui valent le nom de «Père des pauvres.» Mais cette existence s’arrête en 1844 quand Bahá’u’lláh devient l’un des chefs de file du mouvement bábì. Persécuté de toute part à cause de cette foi, l’homme finit dans un cachot appelé «Fosse Noire» ou Siyah-Chal en persan. Mais là où l’on espérait qu’il aurait trouvé la mort, il reçoit une révélation divine dans ce lieu infect. Quatre mois plus tard, il est libéré. Commencent alors pour lui 40 ans d’exil, d’emprisonnement et de persécution. De Bagdad aux montagnes du Kurdistan, de Constantinople à Andrinople où il fut emprisonné comme prisonnier politique, Baha’u’llah réfléchit, écrit. En 1892, il rend son dernier souffle et laisse derrière lui ses écritures sacrées.
Par Stephane Chinnapen
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>Quelques principes bahá’ìs
unité de l’humanité dans la diversité
hommes et femmes égaux
tolérance religieuse
adoption d’une langue universelle
accord de l’esprit scientifique et des concepts spirituels et religieux
accès de tous à l’éducation et à la culture
recherche personnelle et indépendante de la vérité
abandon de toutes formes de préjugés
>Les interdits de la foi bahá’ìe
interdit de tuer
de voler
de mentir
de consommer l’alcool ou la drogue
de jouer aux jeux de hasard
de participer à la politique active