Rookminee Sagur, la propriétaire
du papayer. «C’est une bénédiction», dit-elle
Une papaye crée en ce moment l’événement à Beaux-Songes. « C’est un miracle », crie-t-on à l’avenue Neptune. « Le dieu Ganesh a apparu dans une papaye. C’est une bénédiction pour notre localité », lance un passant. Le petit village est en ébullition. La nouvelle a tout de suite fait le tour de l’île.
À chacun ses croyances. Les rumeurs vont bon train, certains y croient, d’autres semblent ne pas être convaincus par le phénomène insolite qui s’est produit chez la famille Sagur, une famille de la région, réputée comme étant pieuse.
Agitations. Des personnes qui arrivent de loin, des offrandes, il y a comme un air de fête chez Rookminee et Dhananjaye Sagur. Non, ce n’est pas une cérémonie de mariage mais « un signe divin », nous dit Rookminee, 52 ans, sans emploi. C’est chez elle que le phénomène se serait produit. « C’est chez moi que Ganesh a pris forme dans une papaye », nous dit la vielle dame.
Le couple Sagur s’adonne beaucoup à la prière tout en participant activement aux activités du ‘mandir’ de leur localité. Rookminee, qui travaillait autrefois dans une tabagie, a du arrêter pour cause de santé. Elle souffre de problèmes cardiaques. Un malheur ne venant jamais seul, elle doit aussi s’occuper de son mari, également malade. « Il souffre souvent de sa tête », nous dit-elle.
Rookminee est une grande croyante. Dans sa main, elle tient avec précaution, le «germe» de la papaye qui, selon elle, représente la silhouette du dieu Ganesh. Elle tient également dans sa paume une fleur jaune : le ‘genda’.
Le « germe », blanchâtre, est dur au toucher et ne dégage aucune odeur. « Regardez, on voit très bien une trompe et deux oreilles. Cela à tout à fait l’air d’être une représentation du dieu Ganesh », nous dit Rookminee, sourire aux lèvres. « Il faut y croire mais bien sur à chacun ses croyances », ajoute-t-elle.
Des larmes d’émotions
À ses côtés, son mari Dhananjaye, 63 ans, retraité, n’arrête pas d’essuyer quelques larmes qui dégoulinent sur ses joues : « Je suis un homme malade. Je souffre de ma tête. Ce signe que nous a fait le dieu Ganesh va certainement changer ma vie. Je crois en lui et je vois arriver les beaux jours. »
Dans le lieu où ce que la famille Sagur appelle la représentation de Ganesh a été placée depuis sa découverte règne un silence profond. L’air laisse aussi dégager un parfum de pétales de fleurs. Dans un coin de la pièce se trouve une statue du dieu Ganesh, garnie de fleurs.
C’est à ses pieds que Rookminee a jugé bon et idéal de placer le « germe » du fruit qui représente, selon elle, les traits du dieu Ganesh : « Pour quelque chose de si sacré, il fallait un lieu saint. C’est pour cela qu’on a choisi de laisser le germe au mandir. »
Dans un plateau, placé à côté de la statue, se trouvent quelques pièces de roupies que quelques visiteurs ont laissées en offrande. Des pétales de fleurs de toutes les couleurs et des fleurs jaunes, les ‘gendas’ entourent le «germe. » Une lampe en terre dont une petite flamme illumine la pièce.
Rookminee dit être maintenant une femme heureuse. «Je sens maintenant que la chance va tourner pour ma famille. Ganesh a choisi notre papayer, notre maison, notre famille. C’est un symbole», dit-elle, les larmes aux yeux, émue par «cette grâce», que lui a fait le dieu Ganesh.
La journée de lundi dernier restera à jamais gravée dans la mémoire des Sagur. Comme d’habitude, Rookminee et ses filles Indira et Pratima sont au ‘Sri Jaganath Mandir’, un temple dédié à Ganesh, qui se trouve à quelques mètres de leurs maisons.
Une nuit de prière
Elles y sont pour leurs prières quotidiennes. «Nous sommes une famille très pieuse. Depuis très jeune, nos parents nous ont inculqué les valeurs de la religion et l’apaisement spirituel qu’on peut avoir quand on a recours à la prière. Depuis, notre réconfort nous le retrouvons dans le dieu Ganesh qui symbolise dans la religion hindoue le dieu de l’intelligence», nous dit Indira.
Au même moment, dans la cour à quelques mètres du mandir, quelques jeunes de la localité dont Ajay, 19 ans, le jeune fils de Rookminee et de Dhananjaye, ont l’idée de préparer une salade de papaye. «Pour faire cela, il nous faut généralement une papaye demi-verte», nous explique Nepaul, un jeune de la bande qui voulait manger une salade de papaye.
Ce n’est qu’après avoir cueilli la papaye et en la coupant qu’ils se sont rendu compte qu’il y avait quelque chose de dur à l’intérieur. «Il n’y avait pas de graines dans la papaye, il y avait que ce truc dur (le germe )qui n’a pas attiré notre attention. Ce n’est après qu’on a su ce qu’il y avait dans la papaye», poursuit Nepaul. «Si on avait su on ne l’aurait pas mangée», dit Ajay. Les jeunes au nombre de quatre ont mangé le reste de la papaye sans toucher au germe en question.
C’est Raj, un autre membre de la famille qui a fait, quelques heures plus tard, la remarque que le «germe» avait la silhouette du dieu Ganesh. C’est après que le «germe» fut placé au mandir et qu’un engouement devait naître suite à cette découverte.
«Bénédiction, signe divin et miracle», des mots qui reviennent constamment à la bouche de ceux qui viennent contempler ce dont ils ont entendu parler. «C’est impressionnant», nous dit Gafar Deelmohamed qui est venu pour voir «le germe». Il est de Vacoas «Ma foi a grandi », nous dit pour sa part Dev Bissesur qui est venu de Highlands. C’est jusqu’à fort tard, mardi dernier, peu après minuit que les sessions de prières ont duré.
« Un hommage a été rendu au dieu Ganesh. Des gens de partout et de toutes les communautés sont venus voir , ce grand signe que nous a fait Ganesh », nous dit Rookminee. Décidément la famille Sagur a eu affaire à une papaye pas comme les autres.
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Ganesh, dieu de l’intelligence
Ganesh est l’un des dieux les plus importants de l’hindouisme, non par son rang hiérarchique car il est loin de figurer sur le même plan que les figures majeures de la Trimurti (Brahma, Vishnu et Shiva) mais par son omniprésence dans la vie quotidienne des gens. Son nom Ganesh ou Ganapati signifie chef. Il est le fils de Shiva et de Parvathi et il est considéré comme l’un des généraux de l’armée de Dieu.
Le dieu Ganesh est le dieu de l’intelligence et de la spiritualité. Il est le patron des artistes et des écrivains. Quand il est invoqué, Ganesh écarte les obstacles. Il comporte deux aspects. Tout comme un éléphant, il peut être un animal domestique des plus efficaces ou une bête furieuse. Les images qu’on montre de Ganesh à travers des représentations ou des statues le montrent avec deux de ses mains qui font des gestes bénéfiques et deux autres qui brandissent des armes. Dans l’ensemble de la communauté hindoue, les fidèles invoquent Ganesh au début des cérémonies importantes, telles le mariage, l’inauguration d’un commerce ou avant le début d’un examen pour les étudiants. La légende raconte que c’est Parvathi, agacée de ne pas avoir de serviteur pour garder sa porte, qui aurait modelé l’image d’un enfant qu’elle nomma Ganesh. En voulant entrer dans la demeure de Parvathi et devant le refus de Ganesh de le laisser entrer, Shiva, ignorant que Ganesh était la création de Parvathi, entra dans une colère et lui trancha la tête. Parvathi fut alors inconsolable. Pour réparer sa faute, Shiva greffa une tête d’éléphant sur le corps de Ganesh, le reconnut comme son fils et le nomma chef de tous ses serviteurs. À Maurice, le dieu Ganesh étant très vénéré sera fêté le 19 septembre prochain à travers la fête Ganesh Chaturthi qui commémore la naissance de cette divinité.
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Comment Ganesh a brisé sa défense droite ?
Il y a plusieurs légendes qui racontent comment Ganesh a brisé sa défense droite. La première se rapporte à la bataille contre Parashurama, l’une des incarnations de Vishnu qui survint quand Ganesh lui interdit l’accès aux appartements de Shiva, son père. Parashurama le frappa alors violemment avec sa hache et la défense de Ganesh se brisa. Selon une autre légende, le dieu Ganesh se brisa lui-même la défense droite alors qu’il se battait contre Gajamukhasura, un démon.
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Ils ont aussi crié au «miracle»
Qu’on crie au miracle à Maurice n’est pas une chose nouvelle. On se souvient de la série de ‘miracles’ dont la famille Ramphul de Surinam allègue avoir été témoin en janvier dernier. Poornima Ramphul, 30 ans, affirmait que sa statuette de la Vierge «pleurait.» Peu de temps après, elle devait revenir au - devant de l’actualité, en affirmant cette fois-çi que les plaies de Jésus sur son crucifix «saignaient.» Deux mois après, soit le 7 mars dernier, Poornima criait à nouveau au miracle. Elle disait avoir une blessure en forme de croix sur son front. Sa blessure fut comparée aux stigmates (les blessures aux mains, aux pieds et au front semblables à celles du Christ sur la croix.) «J’ai reçu un don de Dieu», disait-elle. Un mois plus tard, c’est au tour de la famille Kallee, à Fond du Sac, de crier à nouveau au ‘miracle’. Chez cette famille, c’était une statuette de la déesse Durga qui s’était mise à «boire» de l’eau. Une plante avait aussi poussé sur la tête de la statue du dieu Hanuman, qui, selon le propriétaire des statuettes, Dewan Kallee, avait poussé sans eau, ni terre. Le même phénomène fut observé chez une autre famille à Phoenix. La statue de la déesse Durga de cette famille devait aussi commencer à «boire» de l’eau. Quelques jours plus tard, Dewan Kallee de Fond du Sac faisait encore parler de lui. Ce fut au tour de sa statuette du dieu Ganesh de «boire» de l’eau. Un des tout derniers ‘miracles’ dont la presse avait parlé remonte à mai dernier. Ce fut au tour du village de Canot d’être le théâtre de phénomènes étranges. Chez la famille Chady, des visages des divinités hindoues avaient, selon eux, fait leur apparition sur les feuilles d’une plante. Un événement planétaire où les statuettes du dieu Ganesh buvaient du lait à travers le monde, dont Maurice, avait aussi eu lieu en 1995. Le ‘miracle’ de la famille Sagur vient s’ajouter à cette longue liste de phénomènes dits surnaturels qui surviennent dans notre île.
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Le ‘miracle’ de Beaux-Songes, selon un pandit
Selon le pandit Anand Unoruth qui a participé aux sessions de prières mardi dernier à Beaux-Songes où un germe à l’intérieur d’une papaye a pris les traits du dieu Ganesh, ce phénomène est «un signe pour la famille Sagur» et «c’est une bénédiction pour les habitants du village. » «J’ai été là-bas et j’ai vu ce signe divin. Cela annonce quelque chose de positif pour le pays», nous dit-il. «Il n’y a rien d’anormal dans le fait que Ganesh est apparu dans une papaye car les fruits sont souvent utilisés pour des offrandes», ajoute-t-il.