Le gouvernement MSM/MMM ne bronchera pas face à l’ultimatum lancé par les Verts Fraternels. Le paiement d’une compensation aux descendants d’esclaves n’aura donc pas lieu. De ce fait, Sylvio Michel et Jean-Claude Armance n’auront d’autre choix que de quitter l’alliance au pouvoir en décembre prochain. Propos d’Élie Michel, président du parti du ministre de la Pêche.
Q : Les Verts Fraternels descendent encore dans la rue ce matin. Pourquoi ?
R : Cela fait des années que notre parti milite pour que les descendants d’esclaves obtiennent une compensation. L’engagement pris en septembre 2000 n’a pas été tenu par ce gouvernement auquel nous appartenons. La marche d’aujourd’hui devant l’Assemblée nationale vise à forcer la main à l’État.
Q : Sylvio Michel est membre du Conseil des ministres; pourtant, il manifestera à vos côtés contre le gouvernement. Veut-il le beurre et l’argent du beurre ?
R : Paul Bérenger a rencontré, le 6 août dernier, mon frère Sylvio et lui a demandé un délai d’un an pour considérer notre proposition. Qu’aurait fait Paul Bérenger si sir Anerood Jugnauth lui avait demandé une année supplémentaire avant de lui passer les commandes du pays ? Savez-vous pourquoi Bérenger nous demande d’attendre un an ? Parce que nous sommes des descendants d’esclaves, des ‘ti dimoune’ et des électeurs ‘dépôt fixe’. Nos membres ne sont pas d’accord avec ce long délai d’un an. L’ultimatum que nous voterons ce matin est celui-ci : nous donnons un délai de quatre mois, pas un jour de plus. Le gouvernement aura jusqu’à décembre prochain pour agir. Sinon…
Q : Sinon, les représentants des Verts, dont Sylvio Michel, claqueront la porte du gouvernement ?
R : Le comité décidera en décembre. Notre accord avec le MSM/MMM est de cinq ans. Sylvio Michel et Jean-Claude Armance mènent combat au sein du gouvernement, nous, nous le menons dans la rue. Le gouvernement parle de considérer l’option internationale pour notre combat, mais rien n’a été fait quatre ans après. Les Verts Fraternels, après avoir demandé une cotisation à ses membres, ont commandité un rapport d’un expert britannique. Ce rapport, que nous rendrons public bientôt, est là. C’est pour cela que nous demandons au gouvernement de payer une première tranche avant les élections générales. Sinon, nous prendrons nos responsabilités. Personnellement, je pense que le gouvernement tergiversera. Dans ce cas, je suis sûr que Sylvio Michel et Jean-Claude Armance démissionneront en décembre prochain. À la demande de notre comité.
Q : Les deux députés ont-ils donné des indications dans ce sens ?
R : Les membres du comité vont décider, en décembre prochain, en procédant à un vote, si notre parti doit quitter le gouvernement ou pas. Si c’est le cas, Sylvio Michel et Jean-Claude Armance vont respecter le vote de notre comité. Je les connais.
Q : Les Verts parlent de compensation. Comment reconnaître un authentique descendant d’esclave ?
R : La formule est simple : il faut que la personne soit un descendant d’esclave, même si elle est aujourd’hui métisse. Un comité se penche sur ce dossier pour retracer les racines familiales des descendants d’esclaves depuis l’année 1600. Pour la compensation, on réclame ce que les Anglais avaient offert aux esclaves à l’abolition de l’esclavage, à travers le Gouverneur Nicolay. C’est-à-dire l’argent et les terres. Il y a des documents officiels qui en attestent. Les colons ont pris les biens de nos ancêtres en nous lâchant dans la nature sans rien, sans même une ‘tente ration’. Conséquence de cet acte : les esclaves qui ont sué pour créer la richesse du pays à travers la canne à sucre n’ont rien eu en échange et n’ont rien pu léguer à leurs enfants et petits-enfants qui sont devenus violents et qui remplissent aujourd’hui nos prisons. Le gouvernement et les colons doivent nous rendre tout l’argent qu’ils ont eu grâce aux esclaves. On les traînera en Cour, s’il le faut. C’est notre dû qu’on réclame. On ne mendie pas, comme certains le pensent.
Q : Vous estimez que tous les gouvernements qui se sont succédé ont été discriminatoires ?
R : J’apprécie le lobbying des autres communautés auprès de tout gouvernement. Or, les politiciens et nos responsables religieux nous ont menés en bateau en nous faisant mener un combat politique qui n’est pas le nôtre. Le lobbying des descendants d’esclaves auprès des différents gouvernements n’a jamais abouti.