Cyril Assaun, le pâtissier de la pâtisserie Golden à Beau-Bassin, met la touche finale à un ‘gâteau Marie’
Avec la fête de l’Assomption célébrée aujourd’hui, les pâtissiers tiennent leur revanche. Pas de fête sans les traditionnels ‘gâteaux Marie’. Les commandes affluent et les chiffres d’affaires augmentent. Les prix varient, les formes changent.
L’originalité est de mise cette année car un pâtissier propose même un gâteau en forme de grotte. Depuis une semaine, les vitrines des pâtisseries à travers l’île se sont garnies de douceurs les plus exquises.
Il règne une certaine excitation dans la pâtisserie d’Elie Michel (le frère du ministre Sylvio Michel) à Rose-Hill. Le parfum sucré de l’air titille les papilles gustatives. Depuis mardi, le chef pâtissier ne trime pas mais pétrit plus de pâte à gâteau que d’habitude. Elie Michel promet de faire un gâteau Marie en forme de grotte. « Je vais innover et proposer ce gâteau. Pourquoi ne pas changer un peu?» nous dit-il.
Comme chaque année, la fête de l’Assomption est synonyme de période de pointe où les commandes affluent. En sus des habituels ‘gâteaux d’anniversaire’ ou autres confiseries, on découvre chez Elie Michel quelques centaines de pièces de différentes formes et de tailles, savamment rangées et décorées, selon la tradition la plus authentique, de bleu et de blanc. Ce sont les couleurs de la Vierge Marie qui porte une robe blanche avec une ceinture et un voile bleus.
Les statuettes de la Vierge Marie, parfois sculptées et vernissées, posées sur les gâteaux sur lesquels sont calligraphiés les mots «Vive Marie» avec une rose à côté, sont un véritable régal pour les yeux.
La chaleur des fours augmente la température à l’intérieur de la pâtisserie. La cuisson des gâteaux laisse échapper un parfum qui met l’eau à la bouche. Toute l’équipe - les trois fils d’Élie, d’autres personnes et Élie lui-même - met la main à la pâte pour être sûre que toutes les commandes seront honorées.
Deux variétés de gâteaux sont les plus prisées : ceux à base de pâte d’amandes et les génoises; les prix varient de Rs 125 à Rs 250
«Chaque gâteau est comme une œuvre d’art»
«Deux gâteaux Marie pour moi», dit Rosemarie à Jean Lam, le propriétaire de la pâtisserie Golden à Beau-Bassin. «J’en veux un rose», ajoute Rosemarie. Jean Lam éclate de rire et explique à Rosemarie « que le gâteau Marie ne peut pas être rose ». Entre les deux s’engage une conversation. Le thème : ‘gâteau Marie’.
À la pâtisserie de Beau-Bassin, même ambiance, mêmes parfums et même excitation. Des gâteaux, des plus grands aux plus petits, sont alignés.
Une équipe d’une quinzaine de personnes est à pied d’œuvre pour s’assurer que chaque personne ayant passé une commande puisse avoir son ‘gâteau Marie’.
La farine est étalée sur les tables, les batteuses sont en marche. L’odeur de la pâte en train de cuire mêlée aux senteurs de l’essence de noix de coco chatouille les narines; les hommes en blanc s’activent. « Durant cette période de fête, nous avons fait appel à quelques autres personnes pour nous donner un coup de main », nous dit Jean Lam.
Dans une autre salle, Cyril Assaun, s’attelle à donner des couleurs aux gâteaux sortis du four. Les gâteaux, généralement à base de pâte d’amandes, sont recouverts à l’aide d’une spatule d’une fine couche de crème blanche faite à base d’œufs. Soigneusement, à l’aide d’un cornet fait de papier gras, Cyril commence la décoration du gâteau. Très vite de petites fleurs blanches se posent tout autour du gâteau. S’ensuit l’inscription«vive Marie» en bleu et le gâteau est fin prêt.
Sur la table, la vingtaine de gâteaux aiguisent l’appétit. «C’est comme quelque chose qui prend vie . Chaque gâteau terminé, j’éprouve le même plaisir. Chaque gâteau est comme une œuvre d’art», nous dit Cyril.
Depuis jeudi dernier, devant la porte d’entrée de certains particuliers non-pâtissiers, on peut lire : «Ici on vend ‘gâteau Marie’ s’adresser dans la cour ». D’autres marchands ambulants s’en donnent à cœur joie en criant « Céki péna Marie, prend so Marie». Un vrai folklore accompagne cette fête pourtant religieuse qui marque la montée de Marie, la mère de Jésus, au ciel.
À la rue Maurice Curé à Rose-Hill, la pâtisserie est plus petite que Golden de Beau-Bassin. Seulement quatre personnes s’affairent afin d’honorer les commandes d’une cinquantaine de clients.
«C’est entré maintenant dans les mœurs mauriciennes de s’offrir un ‘gâteau Marie’ pour la fête de l’Assomption. Les gens maintenant passent leur journée d’aujourd’hui autour d’un gâteau Marie. C’est aujourd’hui un jour de fête », nous dit le pâtissier Philippe Ng.
À Port-Louis, Narshad, pâtissier lui aussi, termine les dernières commandes. C’est un musulman qui ne va pas fêter Marie mais qui fait des gâteaux Marie. Il a dû embaucher deux autres personnes à cause du le «rush» à l’occasion de la fête de l’Assomption. «C’est une fête nationale. Nous sommes ouverts jusqu’à midi aujourd’hui. Nous préparons aussi une cinquantaine de gâteaux destinés aux personnes qui n’ont pas passé une commande mais qui en achètent le jour même de la fête», nous dit Narshad. Aujourd’hui avec Marie fêtée, les ‘gâteaux Marie’ sont aussi rois.