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Prêtre «mauricien» et fier de l’être

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«Toi, Vini, suiv moi». C’était le thème de l’ordination de Jean-François le 1er août dernier

Fan de foot, il a décidé de se mettre au service de Dieu et des autres. C’est donc sur un terrain de foot qu’il a été ordonné il y a deux semaines. Rencontre avec Jean-François Comole, jeune prêtre bien de son temps.

Il savoure avec délice quelques jours de congé avant d’intégrer sa nouvelle paroisse, celle de Beau-Bassin. Entre temps, il fait le va-et-vient entre son domicile à Camp-Fanny, Chemin Grenier et Flic-en-Flac où il loge avec deux prêtres français fraîchement ordonnés. Ces derniers ont tenu à être présents pour l’ordination de leur pote du séminaire.

Plus d’une soixantaine d’autres Français que le bouillant Jean-François a connus durant ses années d’études à Nantes étaient également présents à Maurice pour l’occasion. Le jeune prêtre a un talent pour déplacer des foules. Le 1er août, des milliers de personnes assistaient à son ordination sur le terrain de football de Chamouny.

De cette célébration, Jean-François nous dit qu’elle a été un «moment intense, très fort». Depuis, le jeune prêtre soutient «ne pas être sur un petit nuage mais garder bien les pieds sur terre». Seule chose qui le dépasse : le moment de la consécration quand il préside la messe. «C’est un sentiment difficile à décrire. Se dire qu’on refait les mêmes gestes que Jésus a faits il y a 2000 ans c’est quand même extraordinaire».

Sa vie de prêtre, il l’envisage avec sérénité. «Je serai là où on a besoin de moi. J’irai également là où seront les jeunes peu importe où c’est. Le Dieu en lequel je crois n’a pas hésité à descendre dans des lieux de perdition pour aller sauver des gens. C’est l’exemple que je vais suivre».

« Mon frère Farhyad »

Parlant de son affectation à la paroisse de Sacré Cœur à Beau-Bassin, il écarquille les yeux devant la taille de la région qui en dépend. «La paroisse va de Coromandel à Thabor en passant par cité Barkly et bien d’autres quartiers». Et puis, avec une lueur dans les yeux, il ajoute : « il y a au moins sept prisons dont il faut s’occuper. Travailler dans les prisons cela me plaît beaucoup».

Il faut dire qu’il a déjà vécu ce genre d’expérience. C’est son ami musulman - «mon frère Farhyad» comme il l’appelle - qui l’a emmené, un jour, voir un prisonnier africain qui ne recevait aucune visite. Les deux amis fréquentaient, à l’époque, le collège Saint-Esprit. Les visites à la prison centrale s’enchaînèrent et ils se rendirent aussi auprès des autres prisonniers.

«Farhyad m’a grandement aidé à être ce que je suis aujourd’hui. Ces visites à la prison ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres de la façon dont il m’a amené à mieux vivre ma foi». Farhyad dira la même chose de Jean-François le jour de l’ordination : «Jean-François est quelqu’un qui consolide toujours la foi de l’autre».

Outre Farhyad, d’autres personnes et d’autres épisodes de sa vie ont aidé Jean-François à découvrir sa voie : ses parents qui l’ont très tôt attrapé par la main pour l’emmener à l’église, sa sœur Nathalie de 11 mois son aînée dont il est très proche, ses amis du collège, du groupe T, du quartier, l’Action Catholique des Enfants (ACE) qui l’a aidé à «s’épanouir», les clochards de Mam San Baz qu’il a côtoyés, ses accompagnateurs spirituels.

Mais il y a surtout cette petite phrase de l’évangile entendue lors d’une retraite alors qu’il avait 16 ans : «Viens, suis- moi». D’ailleurs «Toi, vini suiv moi» était le thème de son ordination. «Quand j’ai entendu cette phrase je me suis senti appelé personnellement».

Fan de séga et de sport

Prêtre mais jeune de son temps avant tout, Jean-François adore sortir avec ses amis, faire la fête, écouter de la musique et chanter «surtout le séga, le reggae, le seggae» tout en s’accompagnant à la ravane, la maravane, au triangle ou au djembé.

Et il y a le foot dont il est un fan inconditionnel. Durant ses années de séminariste, il était souvent au stade de la Beaujoire, à Nantes, lors des grands matchs pour soutenir bruyamment le FC Nantes. À Maurice, il est un supporter du Club M parce que, dit-il, «la Fire Brigade n’existe plus». Il n’y a pas seulement le foot. Lors des championnats du monde d’athlétisme en France l’année dernière, il était également au stade, à Paris, pour encourager Buckland et Milazar, drapeau en main.

Fan de sport et de Maurice, Jean-François est un Mauricien «à part entière». «Mon ancêtre paternel était un coolie. Il s’appelait Comole qui signifie Lotus. Mon père a épousé une fille Fanny, d’où mes origines malgaches. Je suis fier de mes origines».

En restant célibataire, il y a certainement des pulsions, des émotions qu’il faut gérer. «On peut être fécond et avoir beaucoup de plaisir en aidant les autres à se mettre debout. J’ai choisi cette vie en connaissance de cause. C’est une question de discipline», dit Jean-François. Il éprouve le même sentiment concernant le mariage des prêtres.

Eh oui ! Jean-François a choisi sa voie et compte bien y rester.

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Contre le communalisme et la guerre

S’il y a quelque chose qui révolte Jean-François, c’est bien ce «communalisme qui a pris de l’ampleur à Maurice». Il va le combattre avec «ses moyens limités car le rôle d’un prêtre c’est de faire la communion». Jean-François est optimiste mais en même temps réaliste : «Ce sera difficile. Mais Dieu vient prouver que lui peut briser nos limites et rendre l’impossible possible. Et puis, chacun devrait revoir son attitude pour aller vers l’unité». Le jeune prêtre est aussi sensible à la guerre dans les pays du Proche et du moyen Orient. «De Farhyad, j’ai appris beaucoup de choses sur l’Islam. Je sais que c’est une religion qui prêche la paix. Malheureusement, on a souvent l’impression que cette religion équivaut à la guerre. Bien sûr, là où il y a l’homme, il y a la dérive mais je pense que l’Occident doit arrêter de faire ‘dominère’ avec le peuple musulman, de l’humilier car c’est très dangereux».

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Itinéraire du 157e prêtre mauricien

Il aura bientôt 30 ans. Né le 19 novembre 1974, Jean-François Comole grandit à Camp Fanny, Chemin Grenier. Son père est alors ouvrier sur la propriété St Felix et sa mère femme au foyer. Il a une sœur aînée, Nathalie. Oncle gâteau, il a deux neveux : Jérôme qui est aussi son filleul. L’autre n’a pas encore de nom. Il est né samedi dernier. Jean-François fréquente le collège St Esprit. Une équipe d’amis se lance dans des activités sociales avec pour devise : se mettre au service des autres pour être tout à tous. Au même moment à Chemin Grenier, il découvre la prière en accompagnant sa mère aux réunions du Renouveau Charismatique. À la fin de ses études secondaires, avec son groupe d’amis, il prend contact avec le père Souchon, curé de l’Immaculée, pour se joindre au Mam San Baz. Jean-Francois participe aussi à la création d’un groupe IC (dialogue islamo-chrétien). Peu après il entre au Foyer la Source tout en travaillant comme réceptionniste et est par la suite envoyé à Nantes pour sa formation sacerdotale. Tout en étudiant, il ne rate jamais une occasion de promouvoir la culture mauricienne; il est l’un de ceux qui rassemblent les étudiants mauriciens à chaque fois que l’occasion se présente.

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