Mercredi dernier, Ravi Kannayya a refait, pour les besoins d’une reconstitution des faits, les gestes qui auraient pu être fatals à sa mère
L’amour d’une mère est plus fort que tout. Kanama Kannayya «pardonne» à son fils Ravi, 35 ans, d’avoir voulu la transformer en torche vivante. Pour prouver qu’elle l’« excuse », la mère martyre a consigné une nouvelle déposition mercredi dernier pour le disculper.
Goodlands, dimanche 8 août dernier. Un litige est à l’origine de la colère noire qui l’envahit. Des cris se font entendre à l’avenue Reunion Maurel. « Ayo, line vide l’essence lor mwa », hurle Kanama Kannayya, 55 ans.
Alertée par les appels de détresse de sa belle-mère, Pamila accourt. Au même moment, son époux Ravi arrive, tenant dans une main une boîte d’allumettes. Devinant les intentions de celui-ci, Pamila tente de jouer la carte de la dissuasion. « To mama sa Ravi, pa fer sa », dit Pamila dans sa déposition. Elle réussit à le calmer. « Line tourne lédos line allé », poursuit Kanama dans son récit à la police.
C’est l’emplacement d’une machine à laver qui aurait déclenché la fureur de Ravi. Il est alors 9h30. « Li ti décide pu installe ène machine à laver ki li fek asté. Li ti pé envi met li dan ène la sam et line dir tir lili. Nu fine commence discuté et line alle dan la cour », raconte la vieille dame dans sa déposition. Son fils, selon elle, retourne avec une bouteille contenant de l’essence - provenant du réservoir de sa motocyclette - avant de l’en asperger.
Si son cœur de mère lui a dicté d’oublier le geste impardonnable de son fils, Kanama ne désire plus toutefois continuer à cohabiter avec lui qui loge depuis trois ans chez elle avec sa famille. «Mone deman mo belle-fille rode ène lot lakaz pu li alle resté. Mone pardonne mo garson à koz so deux zenfans ki enkor piti. Ki sana pu nourri zot alor ki li dan prison ? Mone pense zot et mone décide pu excuse li», nous a-t-elle déclaré. Et d’ajouter, toujours à 5-plus dimanche : «Ène mama bisin soumette ».
Des regards de repenti
Une barbe de plusieurs jours dévore ses joues. Ravi, vêtu d’une chemise à carreaux et d’un pantalon noir, arrive, sans des menottes aux poings dans une voiture de police mercredi dernier pour une reconstitution des faits au domicile de sa mère. Pendant qu’il répète les gestes qui auraient pu se révéler fatals pour Kanama, le sergent Jeanine photographie toute la scène.
Maladroitement, Kanama tente de s’approcher de son fils. Celui-ci lui jette en retour des regards de repenti. Pourtant, aucun mot ne sera échangé entre la mère et le fils.
Aussitôt la reconstitution terminée, Ravi rejoint la voiture de police pour être conduit à nouveau en cellule policière au poste de Goodlands. Sa mère lui emboîte le pas. Elle ira plaider en sa faveur pour le sortir derrière les barreaux.
Maintenant, la balle est dans le camp de la polce et du Parquet. Selon une source policière, Kanama peut être poursuivie pour ‘false and malicious denunciation in writing’ alors que son fils a été arrêté pour tentative de meurtre : «C’est au Parquet de décider s’il sera ou non poursuivi en justice pour son acte».