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Suresh Moorba - Le transfuge

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À 62 ans, Suresh Moorba semble être au bout du rouleau, mais insiste pour continuer à plaider en Cour. Il le fait très rarement

Transfuge, lui ? Si sir Winston Churchill «l’a été à deux reprises, pourquoi pas moi ?» lance, d’un ton à peine audible, Suresh Moorba. Cet avocat, militant du MMM à ses débuts, était devenu rouge vif en cours de route.

Il fut un détestable ministre de l’Information sous le gouvernement Ramgoolam père. Il commentait, sur le petit écran, les délibérations du Conseil des ministres. Beaucoup voyaient en lui un propagandiste du travaillisme finissant de sir Seewoosagur Ramgoolam. Le Père de la Nation sera balayé – Suresh Moorba avec lui – par le 60/0 mauve de 82.

Suresh Moorba le revendique, ce titre de déserteur. « N’en déplaise à certains », dit-il. Comprenez, son ancien leader.

Paul Bérenger ? Il ne le porte manifestement plus dans son cœur : «Savez-vous pourquoi j’ai quitté le MMM en 1980 ? Pas pour le bon plaisir d’être le leader des jeunes du Parti Travailliste. Parce que mes propres camarades dirigeants du MMM, dont Paul Bérenger, menaient campagne contre moi et mon ami Jooneed Jeerooburkhan. » Question d’attitude idéologique ou de simple ego de la part de ce fils de bijoutier pour s’éloigner de ses potes militants ? Un mélange des deux, peut-être.

Suresh Moorba ne cache pas qu’il nourrissait de grandes ambitions politiques au sein de la famille mauve. Il devait être, selon sa lecture des faits, le tout premier leader de l’Opposition du MMM quand ce parti fit son entrée au Parlement en 1976. Mais, il a été coupé court dans son élan par un intransigeant Paul Bérenger qui lui a dit - autour d’un pot au restaurant Mirador à Quatre-Bornes qu’il « préfère pousser Anerood Jugnauth. » Là, il dit avoir compris que « le communalisme scientifique de Bérenger a fait place au castéisme scientifique. »

Il se crispe à l’évocation de ses conflits avec « Bérenger et quelques-uns de ses suiveurs. » Même s’il dit n’avoir aucune amertume, Me Moorba est trahi par son ‘body language’. Lui, que son parti avait « envoyé comme un cabri à l’abattoir dans la circonscription No 4 en 1976 » et qui, contre toute attente, est sorti en tête de liste en écrasant le géant sir Gaëtan Duval, n’en revient toujours pas. Comment a-t-on oser lui faire ça? Il semble oublier qu’en politique, c’est la loi du chef qui prime.

Moorba reclus dans son château

L’avocat est aujourd’hui l’ombre de lui-même. Il est un homme abattu, écrasé, épuisé, presque fini. Ce n’est pas l’effet de l’âge, puisqu’il n’a pas encore ses 63 ans. De multiples maux ont eu raison de sa ténacité d’antan.

Emmitouflé dans un épais déshabillé trop grand pour sa frêle taille, portant un jogging élimé tenant lieu de pyjama et des pantoufles qui peinent à cacher des pieds trop maigrelets, Suresh Moorba donne l’air de quelqu’un qui survit. Il vit comme un reclus dans un bureau aménagé dans l’aile droite de son «château », à Curepipe, où s’aligne une rangée de chaises fatiguées autour d’un mobilier sombre. Même sa robe d’avocat, qu’il porte de moins en moins, tombe en lambeaux.

L’homme de loi fait des efforts pour se souvenir de son passé mouvementé et tumultueux. A-t-il la mémoire sélective ? À vrai dire, il n’en a presque plus. Dur d’oreille, et la vision qui lui joue des tours, Suresh n’est plus le Moorba que beaucoup ont connu à ses débuts en politique et au barreau. «Je ne suis pas malade, je suis mourant », dit-il à un client qui l’appelait mercredi dernier dans son «château » à Curepipe.

Il va mal, son teint est livide. Mais Me Moorba sourit quelquefois. Le fait-il sur son propre sort ? Son bel avenir politique a vite été étouffé par une désertion deux ans avant le premier 60-0 de notre histoire. Un transfugisme qui lui colle encore à la peau comme une sangsue, un quart de siècle après.

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