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Navin Ramgoolam entre en guerre

La femme d’affaires est toujours sous les feux des projecteurs.

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Le Premier ministre estime que la presse essaie de contrôler le pays.

Il est sorti de son silence. Et tel un prince, il a volé au secours de Serge Petit et du juge Bushan Domah…

Un cheval blanc. Fier et majestueux. Un noble destrier, incontournable moyen de transport pour un prince venant à la rescousse d’une damoiselle en détresse. Difficile de ne pas connaître ces scénarios prévisibles de contes de fées. Le Premier ministre nous en offre une version «remastérisée», ces derniers jours. Cette fois, en 2013, le noble sauveur, Navin Ramgoolam himself, a décidé de venir à la rescousse de Serge Petit et du juge Bushan Domah, menacés par la méchante sorcière, qui n’est autre que la presse, bien évidemment. Le chef du gouvernement affirme : «Mo pa per pou lager».

Il a, donc, décidé de ne pas se laisser faire face à cette sombre force qui menace son royaume désenchanté : «C’est un pays qui va à la dérive des médias. Ils devront prendre leurs responsabilités (…) J’ai l’impression que c’est la presse qui gouverne (…) Je vois que c’est la dictature des médias qui gouverne ce pays. On verra. Mo konten la guer mwa», a-t-il déclaré lors de la première réunion de l’exécutif du Parti travailliste, le vendredi 18 janvier.

Une façon de dissimuler son réel dessein ? Impossible d’emprunter cette voie-là ! Restons dans les sentiers battus, «gagging order» oblige. C’est justement l’obtention d’un ordre intérimaire – le juge Bushan Domah préfère ce terme – en faveur de l’activiste rouge Nandanee Soornack, interdisant à La Sentinelle Ltée et au Mauricien Ltée de publier des articles ayant trait à sa famille et à sa vie privée, qui a lancé les réelles hostilités. Après avoir émis cet ordre, le juge Bushan Domah devait prendre quelques jours afin, comme il l’a indiqué dans son ruling, d’établir si Nandanee Soornack est une «figure publique», de par «son association avec une personnalité importante du pays». Ainsi, il allait décider «jusqu’où peut aller la presse dans l’intrusion dans la vie privée».

Alors que la femme d’affaires a demandé une injonction permanente contre les deux groupes de presse, le jeudi 17 janvier, la décision du juge était attendue pour le lendemain. Toutefois, ce dernier a décidé de se retirer de l’affaire estimant que des commentaires dans la presse mettaient en cause «(son) intégrité, (son) impartialité et (son) indépendance». Désormais, suite à l’ordre du juge, le dossier a été retourné au greffe de la Cour suprême en attendant qu’un nouveau juge soit nommé.

De quoi mettre en colère Navin Ramgoolam. Les médias et l’opposition ont osé troubler la quiétude apparente de son monde : «C’est un juge de la Cour suprême. A-t-on le droit de critiquer un juge à ce point, de mettre en doute sa dignité ? Cela veut dire quoi ? Que la justice devrait faire ce que veut la presse ? Je trouve incroyable qu’un juge doive se récuser parce que les médias et l’opposition ont fait des attaques.» Le chef du gouvernement s’est également appesanti sur la polémique autour des déclarations de Serge Petit.

Après avoir déclaré, lors d’une conférence de presse, que Nandanee Soornack n’avait aucune activité commerciale à l’aéroport, le directeur d’Airports of Mauritius Ltd (AML), contredit par la presse, a dû revenir sur ses propos et présenter des excuses. Navin Ramgoolam s’est empressé de le défendre : «Serge Petit n’a-t-il pas le droit de faire une petite erreur ? Il l’a rectifiée tout de suite. Il a fourni beaucoup d’informations, mais ça n`intéresse pas la presse. Les médias ne sont intéressés que par le petit rectificatif que Serge Petit a fait. Je ne veux pas accepter cela.»

Une «petite» erreur qui n’est pas si petite que cela aux yeux de Paul Bérenger : «Linn fané mazistralman. Il aurait dû avoir la décence de démissionner. En plus, Ramgoolam a le culot de le défendre», a déclaré le chef de file du MMM, lors d’une conférence de presse, hier. L’autre «méchant» de l’histoire – qui vole presque la vedette à la presse – s’est exprimé sur les événements de la semaine. Il estime que le juge Domah a bien fait de se retirer : «La raison qu’il a invoquée pour se retirer a la même valeur que son ruling. De toute façon, tout le ruling est inacceptable.» 

Le leader de l’opposition s’est intéressé aux affaires de la dame en rouge – «Plus nous fouillons et plus nous découvrons l’ampleur de l’empire Nandanee/Gooljaury», a-t-il déclaré – avant de promettre de nouvelles révélations sur une affaire immobilière : «C’est un scandale sur lequel je vais revenir dès que mon enquête sera complétée.» Paul Bérenger n’a pas manqué non plus d’égratigner Navin Ramgoolam. Il estime que le pays est «à la dérive» car il n’a plus de capitaine : «Alors que depuis la fin de l’année Ramgoolam avait disparu, le voilà qui revient. En plus, avec une déclaration stupide et enfantine.»

Face à ces forces «néfastes», Navin Ramgoolam a décidé de se battre pour que son royaume retrouve un semblant d’«ordre». Et sa première action pour contrer ses «adversaires», était de débarquer, comme un prince sur son cheval blanc, pour voler au secours de Serge Petit et du juge Bushan Domah…

Yvonne Stephen et Stéphane Chinnapen

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