Les mots s’embrouillent. D., 34 ans, souffrant de troubles psychiatriques, a été retrouvée errant nue non loin de Moderne Square à Vacoas, le lundi 26 juillet dernier. Interrogée par les enquêteurs, cette jeune mère de quatre enfants allègue qu’elle a été conduite de force dans un endroit qu’elle ne se rappelle plus, qu’elle a été abandonnée après avoir été violée. «Désespérée et folle de rage d’avoir été abusée sexuellement et, en plus, sans protection, j’ai enlevé mes vêtements», confie-t-elle.
«Un sentiment de honte m’envahit», confie D., d’origine rodriguaise. Depuis deux semaines, elle n’a pas quitté le lit de la salle 15 de l’hôpital psychiatrique, à Beau-Bassin. «Je me sens bien ici, on est tranquille mais mes enfants me manquent», lâche-t-elle laconiquement.
Ses cheveux dissimulés sous un bonnet en laine, vêtue d’une jupe bleu foncé, d’un haut couvrant un t-shirt noir, du vernis écaillé sur les ongles, D., femme au foyer, explique qu’elle revenait d’une pâtisserie à Vacoas où elle était allée acheter des gâteaux pour ses gosses quand elle a été approchée par un homme au volant d’une fourgonnette blanche. «Je le connais de vue, c’est un Rodriguais et je l’ai aperçu plusieurs fois dans notre île. Il m’a dit qu’il s’appelle Jean-Luc», raconte-t-elle. Selon les dires de la présumée victime, l’individu lui a offert de la déposer chez elle : «Comme j’étais assez loin de ma maison, j’ai préféré accepter».
«Mone envi suicide mwa»
Le véhicule tournait en rond, toujours selon le récit de D. «Mo pa conné ziska kot sa nu allé mé mo rappelle ki nu ti passe en-bas ène ‘flyover’ », dit-elle. Voyant que le dénommé Jean-Luc s’éloignait de la destination initiale, D. lui a demandé de la reconduire à Vacoas : «Line amène mwa dans ène l’endrwa mo pa conné avant li viol mwa. Li dir ki personne pa pu tendé mem si mo crié». Et d’ajouter : «Létan fini, li dir mwa désan parski li pa pu kapav alle kit mwa car li riské gagne case la police».
Abandonnée dans un endroit inconnu, D. est prise d’une soudaine envie de mettre fin à ses jours : «Mone tir mo linge dans la colère, mo dir pa koné si sa bougre-la éna sida ou autre maladie sexuellement transmissible et line viol mwa sans protection. Mo ine ziste pense pu suicide mwa. Mo tine arrive kot ène pont pu jeté mé mone mazine mo zenfants et mone marché».
C’est à Phoenix que des policiers l’ont cueillie nue. Elle a été admise le même jour à l’hôpital psychiatrique.
Les proches de D. se doutaient qu’un incident de la sorte risquait de se produire. «Li tro marché, li pa content écouté mais so la tête fatiguée», explique D.M., sa sœur.
C’est en 1999, juste après la naissance de Loui-sa, son troisième enfant, que D., issue d’un milieu modeste, commence à montrer des signes de troubles mentaux : «Elle habitait à l’époque à Baie Topaze, Rodrigues. Mes parents l’ont envoyée à Maurice pour qu’elle se fasse soigner». Dès lors, la jeune femme doit impérativement prendre des médicaments pour se maintenir en bonne santé : «Mais souvent li pa prend so médicaments, li malade. Li capave fer deux brocs dilait ou trois pui li jeté et dir ki éna microbes là-dans». La soeur poursuit : «Li même menace so mari pu touye li si pa donne li cash pu li sorti». Nous n’avons pu rencontrer l’époux de D. étant donné que ce dernier travaille jusqu’à fort tard comme entrepreneur dans la domaine de la maçonnerie.
Viol ou pas ? La police a été chargée de vérifier si le dénommé Jean-Luc, de forte corpulence, existe réellement ou s’il existe seulement dans l’imaginaire de D. Aucune arrestation n’avait été faite à vendredi dernier.