Ils en ont assez de travailler dans des conditions qu’ils jugent «difficiles». Eux, ce sont des Nursing Officers travaillant à l’hôpital Queen Elizabeth, à Crève-Cœur, Rodrigues, qui se plaignent d’un manque de personnel. Surtout en salle.
«Il y a deux shifts par jour. Le premier commence à 6 heures pour se terminer à 18 heures et l’autre commence à 18 heures pour finir à 6 heures le lendemain matin. Durant ces deux shifts, il n’y a que deux infirmiers pour assurer tout le service. C’est-à-dire donner le bain aux malades, leur donner à manger, veiller à ce qu’ils prennent leurs médicaments et faire leurs injections. Mais avec seulement deux infirmiers, c’est dur de jongler avec tout ça. La capacité d’accueil au Male Ward est de 24 patients. Actuellement, on se retrouve quotidiennement avec une salle remplie de malades comparé aux années précédentes. Parfois, nous n’arrivons pas à donner deux bains par jour aux patients par manque de temps. Il arrive même qu’on fasse deux doses d’injection d’un seul coup alors que normalement, il faut attendre un certain laps de temps avant de faire la deuxième», explique l’un des infirmiers.
Tous dans la même salle
Selon lui, la situation est d’autant plus compliquée que tous les patients sont admis dans une même salle. «Par exemple, les patients souffrant de troubles psychiatriques, de problèmes orthopédiques ou qui sont brûlés sont admis dans la même salle car il n’y a pas de salle psychiatrique ou orthopédique. De ce fait, les infections se répandent plus facilement. Les patients admis avec une simple fièvre par exemple, peuvent se retrouver avec d’autres infections», avance notre interlocuteur.
Un autre infirmier fait, lui, ressortir que plusieurs patients se sont sauvés de cet hôpital sans que le personnel soignant ne le remarque. «On est surchargé. Le mieux serait qu’on ait d’autres infirmiers. La situation est plus qu’alarmante. Nous avons alerté la Commission de la Santé, mais rien n’a été fait jusqu’ici. L’année dernière, une patiente admise en salle à l’hôpital de Mont-Lubin, est morte sur son lit. Ce jour-là, une seule infirmière y était postée. Celle-ci devait assurer le service en salle et au casualty. On ne peut pas être à deux endroits en même temps. Donc, la patiente, qui souffrait de troubles respiratoires, n’a pas reçu de soins durant la nuit. Personne n’a fait de check-up dans la salle. La patiente a été retrouvée morte le lendemain matin. On ne veut pas que ce genre de situation se répète. Les patients reçoivent un mauvais traitement alors que nous voulons leur offrir ce qu’il y a de mieux. De plus, nous ne pouvons même pas prendre nos local leaves, par manque de personnel.»
Contacté à cet effet, un haut cadre de la Commission de la Santé, à Rodrigues, nous a déclaré ne pas être au courant de la situation. «Personne n’est venu nous voir pour nous faire part de ces problèmes. C’est l’administrateur de l’hôpital qui gère le staff et qui s’occupe du planning», a-t-il laissé entendre, avant d’ajouter qu’un groupe de student nursing officers prendra de l’emploi à Rodrigues incessamment.
L’Administration Officer de l’hôpital Queen Elizabeth, que nous avons appelé pour une explication, s’est refusé à tout commentaire avant de nous diriger vers le Director of Health Services. Nous avons tenté de le joindre à plusieurs reprises, en vain, et il ne nous a pas rappelé, bien que nous ayons laissé nos coordonnées à sa secrétaire. En attendant, les patients continuent à être victimes de «mauvais traitement» par «manque de personnel».