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Toto l’alcoolo et SDFdevenu serveur

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Toto : «Mo servi client l’alcool mais mo pas boire ditou»

Il s’est débarrassé d’un démon : l’alcool. Il est devenu … serveur. Après avoir connu jadis la varangue d’une boutique ou d’un magasin comme abri pour la nuit et bien des déboires, Camille Comarmond, alias Toto, 49 ans, s’est refait une nouvelle vie depuis trois ans en travaillant dans un restaurant à Mahébourg.

Boitant du pied droit, l’air serein, le regard fixé sur les clients, Toto se dirige vers le bar. C’est la pause-café après le déjeuner. Torchon en main, l’homme s’applique à la tâche. Les verres sont lavés et les cendriers sont nettoyés avec le plus grand soin sous le regard de Georges Ah-Yan, le bon Samaritain et aussi son patron.

Ce dernier, qui fait dans le social en oeuvrant pour le bien-être des alcooliques et des sans domicile fixe (SDF) à Mahébourg, en profite pour nous donner un bref aperçu de son protégé. Il explique qu’il a fait la connaissance de Toto le 29 juin 2001 : «J’avais eu vent de la situation de Toto par un policier. Ce dernier m’avait dit qu’il dormait sous la varangue d’une boutique à Rose-Belle. Je suis allé, je l’ai vu. Il marchait avec des béquilles car il avait eu un accident. Voyant l’état dans lequel il était, je l’ai emmené avec moi.»

Toto a le regard dur. Il sait qu’on parle de lui. Mais en bien car depuis qu’il est chez Georges il n’arrête pas de dire qu’il est «correct net aster, lavi vagabond ine arrêté. Mo servi client l’alcool mais mo pa boire ditou.» Georges explique que «Toto ti croire ki la société ine rejette li après la mort so papa. Li ti célibataire.»

Sa besogne terminée, Toto raconte qu’il travaillait comme chauffeur d’autobus et de poids-lourd avant de sombrer dans l’alcool. «J’habitais chez mes parents à Rose-Belle. Au début, je ne buvais que les dimanches puis je le faisais quotidiennement. J’ai commencé à avoir des problèmes au travail. J’ai été mis à la porte. C’est alors que j’ai commencé à dormir sous la varangue d’une boutique.»

«Kan mo ti pé truv bato mo ti croire loto»

La voix de Toto change. Il a la gorge nouée car cet épisode de sa vie, dit-il, l’a beaucoup marqué : «Mo papa ti mort. Pa ti pé envi travail. Ti pé gagne la gamme boire. Mo ti même fer accident ene jour kan mo ti sou et ti pé dormi emba ene magasin dans Rose-Belle. Mo ti reste lopital deux mois. »

Après son hospitalisation, il va vivre aux côtés de sa mère chez son frère à Riambel : «Mone reste ek zot pendant quatre mois mais mo pa ti à l’aise. Ene jour mone sauvé et retourne Rose-Belle. » Les vieilles habitudes reprennent, dit-il : «la journée mo marché, à soir boire et dormi cot gagné. Dans dormi cot gagné même ki mone fer ene lot accident. Même lipié gagne fracture enkor. Mone fer deux semaines lopital.»

Quelques semaines après, il rencontre Georges : «Li dire moi vine are li et arrête boire net. Mo ti cot Georges bord la mer. Kan mo ti pé truv bato mo ti croire loto. Pa ti facile ditou. Mo pa ti tousel selma. Ti ena ene grand missié ki ti gagne preske même problem ki mwa (Ndlr : le député Kimkurrun)».

Georges explique pour sa part que le psychologue Sadasiven Coopoosamy et le médecin Christian Pac Soo suivaient ses protégés les mardis et les jeudis. «Si mone réussi arret boire sé grace à sa trois la», précise Toto.

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