Jacques Eugène est soupçonné d’avoir poignardé son épouse Marjorie à plusieurs reprises avant de se suicider en ingurgitant du poison à Bambous
Un mari jaloux a encore sévi. Jacques Eugène, 44 ans, un récidiviste, a poignardé mortellement son épouse Marjorie, 21 ans, au cœur le lundi 26 juillet dernier dans sa demeure à Quatre-Bornes. Le même jour, la police a retrouvé le présumé meurtrier inconscient à Bambous non loin d’un caniveau avec, à ses côtés, une bouteille contenant une substance nocive. Il est mort trois jours après. Récit d’un amour tragique.
«Mo chagrin Marjorie ine mort mais suicide Jacques ène délivrance pou mwa», affirme Liseby Lagrosse, 23 ans, l’ex-concubine de Jacques. Elle le décrit comme un homme «extrêmement violent, jaloux et qui semble détester les femmes.»
Marjorie, mère du petit Kenny âgé d’un an, (l’enfant est né de son premier concubinage avec Julio Godère qui est actuellement emprisonné pour une affaire de drogue), a fait les frais de la jalousie de Jacques.
N’ayant plus d’électricité et d’eau courante depuis trois semaines Marjorie est allée habiter chez ses parents à Camp Levieux avec son enfant. «Marjorie ne pouvait vivre dans de telles conditions; donc, elle est venue chez nous jusqu’à ce que son époux règle ce problème», raconte Margéot Booddiah, le père de la jeune femme.
Selon lui, Marjorie lui a présenté Jacques seulement trois semaines avant leur mariage. «Je trouvais que Jacques était beaucoup trop âgé pour Marjorie, mais elle l’aimait tellement que je n’ai pas pu m’opposer à leur mariage», avoue-t-il. Les parents de Marjorie disent ignorer que leur gendre était aussi brutal et coléreux.
Le jour de sa mort, Marjorie annonce à sa mère Rosemay qu’elle se rend chez elle à l’avenue Ollier, Quatre-Bornes, pour récupérer les papiers de son fils, Kenny, afin qu’elle puisse toucher une allocation sociale. Constatant que sa fille n’est pas rentrée à la nuit tombée, Margéot se rend au poste de police de sa localité pour signaler sa disparition.
«Égorgée»
Le lendemain, le père apprend par la police que son gendre a été retrouvé inconscient à St-Martin avec une fiole de poison à ses côtés et qu’il a été transporté d’urgence à l’hôpital Victoria. Ne voulant pas rester les bras croisés et attendre qu’«un miracle» se produise, Margéot se rend au domicile de Jacques en compagnie de sa famille. Ils se retrouvent devant une porte close et des fenêtres fermées : «J’ai trouvé cela très bizarre et ce qui a attiré davantage mon attention, c’était que tous les rideaux étaient fermés de façon à ce que personne ne puisse voir à l’intérieur.» Il brise une vitre de la fenêtre de la chambre, ouvre et pénètre à l’intérieur. Sa fille est allongée sur un matelas maculé de sang. Quand il soulève la couverture, c’est l’horreur. «Il l’avait égorgée et poignardée sur tout le corps.» La victime était en état de décomposition. D’ailleurs, la maison a dû être désinfectée vendredi dernier.
Selon le médecin légiste, le décès de la victime remonte à lundi dernier et est attribué à une profonde coupure au cou. Un couteau a été également planté dans le cœur.
Trois jours plus tard, Jacques Eugène succombe à une insuffisance rénale.
Une proche du présumé meurtrier de Marjorie a déclaré qu’elle ne croyait pas un seul instant que Jacques eût pu être l’auteur de ce crime : «Jacques était un garçon très tranquille et il n’avait d’ennui avec personne. Il ne ferait pas de mal à une mouche; alors je ne peux croire qu’il ait pu tuer celle qu’il aimait.»
Cette union entre Jacques, agent de sécurité, et Marjorie est survenue au début de l’année. Soit environ deux mois après que Jacques se fut séparé de sa concubine Liseby avec laquelle il a un garçon de sept mois.
Début 2001. Liseby, qui vient de se retrouver veuve, rencontre Jacques par l’intermédiaire d’un ami de sa localité. «Nu coumence kozé ensuite nu fine alle reste ensam dan ène lakaz à Sodnac. Létan nu fek zoine, line dir mwa ki li pa fine zamé marié mé li éna un garçon appelle Bradley (le fils est né du premier concubinage de son père, ndlr). Couma mo éna ène tifi, nu fine alle reste ensam», raconte l’ex-concubine du présumé meurtrier.
Le bonheur est de courte durée. Les coups commencent à pleuvoir. Liseby le décrit comme un homme «extrêmement violent et jaloux». «Cinq mois après li coumence batté. Mo reste tranquille, mo pa dir mo fami nanien. Li ti éna ène la haine are bane fam couma dir kan li batté», confie-t-elle. Elle allègue également que Jacques a déjà tabassé des proches à elle dans le passé suite à une dispute.
En sus d’être accusé d’user de violence, Jacques avait déjà été emprisonné dans le passé pour possession de drogue et d’arme blanche, pour coups et blessures sur deux personnes ayant entraîné une incapacité physique pendant vingt jours aux deux blessés.
Si Jacques était connu pour son caractère agressif, Clyde, un ami avec lequel il s’entraînait en arts martiaux (il a déjà représenté Maurice sur le plan régional), se souviendra éternellement de son «bon léker». «Mo tifi ti malade, li ti gagne cancer dan so ventre et Jacques ti contribué pu avoye li la Réunion», déclare-t-il.
Par Nadine Bernard et Jennilaine Moonean