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«Dev Hurnam a le soutien de Collendavelloo mais pas de Bérenger»

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Langue de bois, mais fin tacticien, Arvin Boolell, sans trancher dans le vif sur le cas Hurnam, tente de semer la pagaille dans le camp MMM en opposant le leader de ce parti à son secrétaire général.

Q : Quelle est votre analyse du cas Dev Hurnam ?

R : Dev Hurnam a eu gain de cause en obtenant que le Privy Council ordonne sa remise en liberté sous caution. Mais, pèsent encore sur lui des accusations formelles (ndlr : Dev Hurnam est provisoirement accusé d’avoir donné des instructions à Antoine Chetty – principal dénonciateur dans l’affaire Deelchand - pour couper la main au juge Bernard Sik Yuen, pour tuer un enquêteur dans le cas d’un braquage et un autre policier). Le cas Hurnam démontre l’importance du Privy Council pour nos citoyens. Je constate qu’en attendant que son parti, le MMM, ne prenne une décision sur sa suspension, il siège dans les rangs de l’Opposition et fait son travail de député indépendant. D’ailleurs, Dev Hurnam l’a dit lui-même : il ne répond à personne, sauf à ses mandants.

Q : Dev Hurnam mène croisade contre le judiciaire en utilisant, comme plate-forme, l’Assemblée nationale où il est assuré d’une immunité. Est-ce normal ?

R : Le député Hurnam agit selon les règles établies par l’Assemblée nationale et à chaque fois qu’il a été au-delà des provisions des ‘Standing Orders’, le Speaker l’a toujours rappelé à l’ordre. Hurnam mène une croisade en faveur d’une réforme en profondeur du judiciaire, c’est sa façon de faire les choses et il agit d’une façon indépendante. Mais il faut faire attention à ne pas traîner le judiciaire dans une situation de confrontation. La décision du Premier ministre d’envoyer une copie des débats sur les amendements à la Bail Act et à la Dangerous Drugs Act (DDA) de mardi dernier au chef-juge et aux juges pour créer une prise de conscience de leur part est excellente. Toutefois, toute réforme du judiciaire doit se faire sans remettre en cause la Constitution et la sacro-sainte séparation des pouvoirs.

Q : Le bouillant député suspendu du MMM a laissé entendre qu’il compte prendre une décision quant à son avenir au sein de son parti. S’il claque la porte aux mauves, le Parti travailliste est-il disposé à ouvrir ses bras à Dev Hurnam ?

R : Dev Hurnam est membre du MMM. Il n’a pas apprécié la façon dont son parti l’a traité quand il a été arrêté. Le secrétaire général du MMM a dit, pour sa part, qu’il y a un complot ourdi contre son collègue. Le MMM va-t-il laisser tomber son député ? Dev Hurnam a le soutien de Collendavelloo mais pas de Bérenger. Hurnam attend une rencontre avec Paul Bérenger pour des discussions que je présume seront très acerbes et, à la lumière de cela, le parlementaire va prendre une décision. Quant à l’adhésion de Hurnam ou de qui que ce soit au sein du PTr, personne ne peut prendre une telle décision, si ce n’est le comité exécutif qui est l’institution qui décide de la marche à suivre concernant un nouveau membre.

Q : Êtes-vous personnellement contre?

R : Il faut une décision collective pour l’admission d’un nouveau membre.

Q : À un moment, le Parti travailliste réclamait que Dev Hurnam prît un congé politique. A-t-on changé d’avis depuis peu au Square Guy Rozemont?

R : Jamais le PTr n’a réclamé la démission de Dev Hurnam, mais effectivement un congé politique de sa part. Mais, depuis que le Privy Council a ordonné sa remise en liberté conditionnelle, les données ont changé. Navin Ramgoolam l’a d’ailleurs dit, Dev Hurnam est innocent jusqu’à ce que la Cour prouve le contraire.

Q : Le PTr a critiqué le gouvernement de renvoyer les élections villageoises, mardi dernier à l’Assemblée nationale, en alléguant que le gouvernement a peur d’affronter l’électorat rural. Est-ce le cas ?

R : Les arguments mis en avant par le ministre concerné pour renvoyer les élections villageoises sont ridicules. Pourtant, le gouvernement avait dit qu’il avait eu des consultations avec toutes les parties concernées avant de préconiser une réforme des collectivités locales. Le gouvernement clame qu’il est populaire, surtout à la lumière d’un récent sondage. Cette alliance n’a pas la volonté d’affronter l’électorat lors des élections villageoises parce qu’elle a peur de mordre la poussière.

Q : Quelle est votre réaction par rapport à l’incident de Grand-Baie ?

R : C’est un incident qui attriste tout le pays. Il y a eu la mort d’un jeune couple, des blessés et des dégâts matériels. Le PM a mis sur pied une cellule de crise et a fait appel, avec raison, aux experts étrangers pour épauler le bon travail de la police. Il faut que l’enquête soit menée minutieusement et, le plus tôt on arrivera à une conclusion, mieux ce sera pour le secteur touristique. J’en appelle à la responsabilité individuelle, pour ne pas fragiliser le pays, car la rationalité doit primer sur l’émotion. Heureusement pour nous, l’incident de Grand-Baie n’a rien à faire avec le terrorisme. Les signaux qu’on doit envoyer sont que Maurice reste une destination saine et sûre. Je déplore le communiqué du ministère du Tourisme, qui a aidé à créer des doutes dans l’esprit de la population. Un tel communiqué aurait dû émaner de la police ou du Bureau du PM.

Q : Le PTr a changé son fusil d’épaule en laissant de côté Paul Bérenger pour s’en prendre à Pravind Jugnauth. Pourquoi ?

R : Pravind Jugnauth sait que ses jours sont comptés. Il a choisi la confrontation avec beaucoup de dédain, c’est pour cela que je dis qu’il ne mérite que du mépris de notre part. Il s’est mis dans la tête de rivaliser avec Navin Ramgoolam pour démontrer qu’il est leader d’un parti politique. Le VPM et son MSM n’ont pas une assise électorale. Les ficelles du MSM sont toujours entre les mains de quelqu’un d’autre. Les élus des régions rurales de ce parti ont une peur bleue qui est justifiée. Pourquoi ? Parce qu’un rapport, qui est entre les mains du PM, démontre clairement que dans les régions rurales, le MSM ne va faire élire aucun de ses candidats aux prochaines élections générales. Le MMM a entamé des discussions avec le MSM et le PMSD en vue de faire face au PTr et à ses alliés. Les modalités de ces discussions sont contestées au MSM. Pourquoi ? Le MSM aura 20 tickets et le PMSD, 5, en sus de la formule à l’israélienne pour Pravind Jugnauth. C’est pour cela que Pravind Jugnauth dit souvent que, s’il doit partir, il le fera la tête haute. Il intériorise déjà son départ.

Q : Et la ‘winning formula’ de Bérenger ?

R : La priorité n’est pas une ‘winning formula’, mais les préoccupations du peuple.

Q : Le gouvernement a annoncé des amendements à la Prevention of Corruption Act (POCA). Est-ce un moyen pour forcer Navin Beekharry à rendre des comptes au Comité parlementaire ?

R : Le PM ne nous a pas dit les amendements qu’il compte proposer et il aurait dû consulter le leader de l’Opposition avant de le faire afin qu’il y ait consensus sur la question. Je suis en faveur de plus de transparence et d’‘accountability’ de la part de l’ICAC. Les pouvoirs du Comité parlementaire doivent être bien établis. Il faut que le Commissaire et ses assesseurs soient comptables envers le Comité parlementaire. On ne peut pas continuer à ne pas avoir des réponses aux questions qui sont posées à l’Assemblée nationale sur l’ensemble des activités de l’ICAC. Il est temps que nous puissions disséquer les comptes de l’ICAC à l’heure du Committee of Supplies lors des débats sur le Budget. Si les dépenses des ministres sont rendues publiques, pourquoi pas celles de l’ICAC ? Le départ de Françoise Labelle vient donner raison à l’Opposition qui a toujours clamé que le président du Comité parlementaire est responsable de cette situation de crise et qu’il doit partir.

Q : Un éventuel rapprochement MMM/PTR est-il dans l’air ?

R : Il est souhaitable pour le Parti travailliste que le MMM et le MSM aillent ensemble aux prochaines élections générales.

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