Liyyakat Polin a demandé aux familles des vicitimes de lui pardonner. En vain
«Pas conte lor nou pou pardonné ». Les proches de Babal Joomun ont le pardon difficile. Mécontents de la sentence de 21 ans de prison infligée à Liyyakat Polin qui a avoué sa participation dans le triple assassinat de la rue Gorah Issac, ils comptent saisir le Privy Council pour renverser le jugement de la Cour d’assises.
Le triple assassinat de la rue Gorah Issac fut commis le 26 octobre 1996, soit deux jours avant des élections municipales. Ce soir-là, alors que les agents travaillistes effectuaient leur tournée à Plaine Verte, un accrochage eut lieu. Il pleuvait des balles. Trois hommes en moururent. Il s’agit de Babal Joomun, Yusuf Moorad et Zoulefekar Bheeky. Le gouvernement PTr/MMM décida alors d’annuler les élections dans deux arrondissements voisins du lieu du crime.
Après un premier procès où le non-lieu fut prononcé en faveur de Bahim Coco, Chotoo Moondoos et Chota Bhugaloo, l’arrestation, en décembre 2000, de Khadafi Oozeer permit à la police de rouvrir le dossier. Plusieurs arrestations furent effectuées. En premier, Toorab Bissessur qui dénonça Cehl Meeah, Liyyakat Polin, Bahim Coco, Azad Nandoo, Islam Pakistanais, Hatim Oozeer, Afzal Joomun, alias Dilait Caillé et le gendre de Bahim Coco. Ce fut le début du démantèlement de l’Escadron de la mort. Mais, parmi ceux dénoncés, Bahim Coco, Azad Nandoo, et le gendre de celui considéré comme le cerveau du groupe se donnèrent la mort en absorbant du cyanure. Cehl Meeah, condamné aux assises, fut blanchi sur décision du Directeur des Poursuites Publiques (DPP), Abdur Raffick Hamuth, le 30 octobre de l’année dernière.
Une colère tenace
La maman de Babal Joomun est inconsolable. Elle ne cache pas sa tristesse mais se sent impuissante devant ce qu’elle qualifie d’« autant d’injustices ». Les autres sœurs de Babal sont là, de même que le cadet du disparu. Ils sont en colère. « On pensait que Liyyakat Polin allait écoper d’une peine maximale, mais le Parquet a décidé de réduire la charge d’assassinat donc enlevant la préméditation - en coups et blessures sans intention de tuer. Est-ce normal que celui qui a avoué son crime s’en sorte si bien, avec seulement 14 ans à purger ?» se demande une des sœurs.
C’est ainsi que les proches de Babal Joomun ne comptent pas baisser les bras. Ils veulent que les coupables paient pour leur crime : «Liyyakat Polin nous a demandé de lui pardonner. On veut bien si seulement il vient dire toute la vérité sur cette affaire, au lieu de tout prendre sur lui ». La famille tente de réunir l’argent nécessaire pour aller contester le jugement à Londres. « Réunir une telle somme n’est pas évident, mais on va essayer, au nom de Babal », dit le frère de ce dernier..
Quant à Rafick Goolfee, chef agent du MMM à Plaine Verte, il est tout autant révolté : «Liyyakat Polin va purger une poignée d’années de prison, alors que des familles souffrent encore de ce drame d’octobre 1996. Je suis choqué que l’acte d’accusation ait été changé, mais la vérité triomphera par la volonté d’Allah ».
Ainsi, le juge Paul Lam Shang Leen a infligé sept années de prison pour chacune des trois charges qui pesaient sur Liyyakat Polin. Malgré que ce dernier ait appel à la clémence en invoquant le fait qu’il a quatre enfants en bas âge, qu’il a pleinement collaboré avec la police et que son arrestation a permis de démanteler l’Escadron de la mort, le juge a déclaré que l’acte qu’il avait commis était de nature sérieuse et qu’il ne pouvait être plus clément, pour ne pas donner un mauvais signal à l’opinion publique.