Une chose est sûre : Paul Bérenger ne veut pas tirer sa révérence à la politique active. Il laisserait le ‘primeministership’ à Pravind Jugnauth en 2008 – au cas où l’alliance MSM/MMM l’emporterait en 2005 – mais il ne veut pas accepter une retraite aussi dorée que politiquement mortifère au Réduit.
En 2008, Paul Bérenger veut se retirer de l’Assemblée nationale pour s’occuper de son parti afin de «préparer l’après-Bérenger». Cela nous rappelle septembre 1993 quand, pour une brève periode, le MMM a fait partie du gouvernement sans que son leader n’y fût.
Bien sûr, le contexte, maintenant, est différent.
Préparer l’après-Bérenger au sein du MMM, en 2008, n’est que de la poudre aux yeux car le MMM, pour longtemps encore, sera égal à Paul Bérenger.
Ce que veut le Premier ministre, c’est être à nouveau Premier ministre après la parenthèse Jugnauth fils en 2008. Comment il y parviendrait est une autre histoire. Déjà, sa ‘winning formula’ est un des moyens de son ambition car elle concerne aussi, comme on l’a vu, l’après 2008.
En 1993, le leader du MMM était affaibli par l’aile Nababsing restée fidèle à l’engagement pris par les mauves le 19 août 1990 envers le MSM. Pourtant, dans le cadre d’un congrès, en septembre 1993, à l’auditorium Octave Wiehé, lors du 24ème anniversaire du MMM, Paul Bérenger, alors simple député apès avoir été révoqué en tant que ministre, devait faire la déclaration suivante : «Nous n’avons pas de stratégie de rupture actuellement vis-à-vis du MSM. Nous n’avons pas, non plus, donné un chèque en blanc à Jugnauth. Nos camarades restent au gouvernement avec un mandat pour accomplir un travail sur lequel tous les quinze jours nous allons passer en revue la situation». Il se posait, donc, en superviseur de l’action gouvernementale.
En 2008, Paul Bérenger deviendrait un chef de parti. Il ne serait plus assujetti à la solidarité gouvernementale. En même temps, il aurait ses lieutenants à ses ordres, au sein du Cabinet où les mauves, c’est une réelle possibilité, pourraient être majoritaires. Paul Bérenger pourrait, alors, s’ériger en superviseur – donc, se réservant le droit de sanctionner - de l’action de Pravind Jugnauth surtout si, comme l’a écrit Le Militant, organe de presse du MMM «les options seront différentes après cinq ans du prochain mandat de ce gouvernement».
Déstabiliser le gouvernement de Jugnauth fils serait un jeu d’enfant pour lui.
Dans les semaines à venir, l’électorat du MSM va mettre la pression sur Pravind Jugnauth pour qu’il prenne garde. Parce que, Paul Bérenger refusant de s’effacer sur la scène politique devient du coup, sur le long terme, un potentiel adversaire redoutable pour Pravind Jugnauth. Aussi braque-t-il davantage une frange de l’électorat de celui-ci qui a toujours fait montre d’une certaine méfiance envers le leader du MMM. Dans ce contexte, certains partisans du MSM pourraient être attentifs aux sirènes du PTr. D’ores et déjà, donc, la ‘winning formula’ de Paul Bérenger fragilise Pravind Jugnauth parce que son électorat ne peut qu’être perturbé par le ‘move’ du leader du MMM. La formule le met en porte à faux avec ses partisans.
Hier, au cours de sa conférence de presse, le leader du MMM a de nouveau souligné qu’il n’a «jamais eu en tête d’aller à la présidence» et qu’il se réserve le droit de révéler de temps à autre de petits bouts de sa ‘winning formula’ «si li servi mo political purpose». Il traite, à cet égard, déjà par-dessus la jambe le leader du MSM.
Il est clair que Paul Bérenger se sert de sa ‘winning formula’ pour assurer avant tout son avenir politique. Par le biais de sa ‘winning formula’, il tente, d’autre part, de créer un autre déclic au sein de l’électorat mauve en lui faisant comprendre que lui, le chef, sera toujours là.
L’effroyable machinerie est en marche. Certainement pas pour consolider les assises politiques de Pravind Jugnauth.