De gauche à droite : la belle-mère et l’épouse de la victime, Rajesh(en médaillon) sont toutes deux inconsolables. La petite Ashwini, la fille de la victime, est, quant à elle, trop petite pour comprendre ce drame
Ce n’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme, chante Renaud. Rajesh Jhummun aimait tellement le grand large qu’il a péri noyé dans son élément pendant une partie de pêche. Son épouse, pressentant un malheur, avait voulu le dissuader de prendre la mer, mais il n’en a fait qu’à sa tête.
Le drame s’est joué à Rivière des Créoles le 3 juillet dernier alors que Rajesh Jhummun était dans une pirogue avec ses amis Jay et Jheetaree.
Nalini Jhummun, la veuve de Rajesh, est inconsolable. Elle n’a que 23 ans et elle est déjà veuve avec une fille, Ashwini, âgée de deux ans. Son défunt mari était âgé de 32 ans et travaillait comme laboureur.
Selon sa veuve, Rajesh vouait une grande passion à la pêche depuis sa plus tendre enfance. C’est cette passion qui lui a coûté la vie. Nalini raconte que son époux allait souvent à la pêche avec Jay et Jheetharee.
Cette épouse n’aurait jamais cru qu’elle se retrouverait veuve du jour au lendemain après seulement trois ans de mariage. Elle est désemparée et ne peut retenir ses larmes. Elle nous dit que le jour du drame, elle ne voulait pas que Rajesh parte en mer : « Il était à la maison et ce sont ses amis, Jay et Jheetaree, qui l’ont sollicité comme d’habitude pour une partie de pêche ».
Entre larmes et sanglots, elle poursuit : « Je ne sais pas pourquoi, mais mon cœur me disait de retenir Rajesh, car je sentais que quelque chose allait mal tourner ».
Elle a alors fait part de son inquiétude à son époux mais ce dernier n’y a pas prêté attention car il ne pouvait résister à la tentation de faire «ce qu’il aimait le plus au monde».
Nalini déclare toutefois qu’elle a senti, à un certain, moment que son mari hésitait, mais il ne pouvait déplaire à ses amis. Ignorant les conseils de sa femme, il a embarqué dans une pirogue en compagnie de ses deux amis.
C’est dans la soirée que cette partie de pêche a tourné au cauchemar. Les trois amis attendaient que les poissons mordent à l’hameçon quand soudain Rajesh tomba accidentellement dans l’eau pour disparaître aussitôt. Jay et Jheetharee l’ont cherché, sans résultat. Ils sont alors retournés à terre pour chercher de l’aide.
La National Coast Guard a été alertée et a immédiatement commencé les recherches, mais Rajesh restait toujours introuvable. Pendant ce temps, la famille de la victime fut informée par un proche. Tout le monde a alors paniqué et Nalini a sombré dans un désespoir total en apprenant la nouvelle.
C’est le 5 juillet dernier que le corps de Rajesh a été repêché par la National Coast Guard au large des côtes de Rivière des Créoles. Le médecin légiste a attribué la mort de la victime à une asphyxie due à la noyade. Ses funérailles ont eu lieu mardi dernier.
Un fils unique qui s’en va
Les proches de Rajesh garderont de lui le souvenir d’un homme qui adorait manger le curry de poisson. Selon eux, la victime était un excellent pêcheur et faisait de très belles prises.
Les parents de la victime sont effondrés. Sa mère, Soobawtee, 57 ans, ne peut toujours pas croire qu’elle a perdu son fils. C’est tout le désespoir et la détresse d’une mère qui se dessinent sur son visage. « J’ai perdu mon seul fils et je n’ai plus de soutien », se lamente-t-elle.
Le père de Rajesh est, quant à lui, gravement malade. Âgé de 72 ans, il suit, depuis deux ans, un traitement à l’hôpital de Brown Sequard, car il souffre de troubles mentaux. Il semble serein, mais une tristesse inexplicable se lit dans ses yeux. Soobawtee sait que même si son mari ne jouit pas de toutes ses facultés mentales, il sait qu’il a perdu son fils qu’il affectionnait particulièrement et qu’il appelait « Gasson».
Rajesh était le benjamin d’une famille de quatre enfants, dont trois filles, Devika, Rajwantee et Lalita. Elles sont toutes les trois durement éprouvées par la mort de leur unique frère : « Ce que nous ressentons est inexplicable », confie Lalita la seule qui a trouvé la force de nous dire quelques mots.
La famille Jhummun est en deuil et Nalini porte le sari blanc. « La vie est tellement dure et injuste. Je n’ai plus personne », pleure-t-elle. Sa mère partage aussi sa peine : « Je suis peinée de voir ma fille devenir veuve alors que moi je porte toujours mon alliance ». La jeune veuve ne cessera jamais de regretter que son époux ne l’ait pas écouté : « S’il m’avait écoutée et n’était pas parti en mer, il serait toujours parmi nous».