La perte de l’enfant qu’ils attendaient depuis longtemps est pour Steeve et sa concubine Mary-Joyce, qui est sortie d’un coma, une grande épreuve
«Je veux connaître la vérité. » Steeve Cartick, 30 ans, est un homme révolté, un concubin accablé et déçu de n’avoir pas pu devenir père. Le désespoir et le doute le rongent. Sa concubine, Mary-Joyce, 27 ans, se trouve à l’hôpital après une césarienne qui l’a plongée dans le coma pendant cinq jours. Elle a perdu l’enfant qu’elle portait. « Je soupçonne qu’il y a eu négligence médicale lors de la césarienne pratiquée sur ma compagne », s’écrie Steeve.
Pour Steeve, il y a anguille sous roches : « Je souhaiterais qu’une enquête soit faite pour éclaircir cette situation. Qu’est-il arrivé à ma compagne ? Bien que les médecins m’affirment le contraire - Steeve a eu une rencontre avec les médecins de l’hôpital de Flacq jeudi matin - je doute que ma femme puisse à nouveau enfanter, sinon pourquoi aurait-elle sombré dans le coma. Toutes ces questions me hantent. Je compte aller de l’avant d’ici une semaine pour qu’on me donne enfin des réponses. Je suis sûr de mes convictions. J’attends que ma femme aille mieux. »
Il y avait aussi de fortes rumeurs selon lesquelles un des organes de Mary-Joyce aurait été perforé lors de l’opération. Ce qui aurait accentué le mystère autour du coma de celle-ci.
Voulant à tout prix que les zones d’ombre qui entourent l’état de sa femme soient éclaircies Steeve a consigné une déposition au poste de police de Bel-Air Rivière-Sèche, le dimanche 4 juillet, pour négligence médicale au cours de la césarienne pratiquée sur sa compagne à l’hôpital de Flacq.
Sur son lit d’hôpital, Mary-Joyce est une femme meurtrie et affaiblie. « Pourrais-je un jour enfanter ? », se demande-t-elle.
Face à cette question, Steeve, son concubin, qui attendait, tout comme elle, l’arrivée de cet enfant qu’ils ont perdu, n’a pas de réponse. Steeve croit que son rêve de devenir père a été saboté lors de l’opération.
Voilà six mois qu’ils se préparent à l’idée d’être parents, six mois qu’ils caressent le rêve de tenir dans leurs bras le petit bébé qui allait compléter leur petite famille. En quelques heures, cette illusion de bonheur s’est évaporée. Depuis, pour le couple, ce ne sont que les interrogations.
Le couple est ensemble depuis maintenant presque deux ans mais ils se connaissent depuis l’adolescence.
« Depuis dix mois, j’ai un petit garçon et ma sœur rêvait d’être maman elle aussi. C’est terrible ce qui lui est arrivé. C’est triste », nous dit Fanny, la sœur de Mary-Joyce.
Une semaine depuis que Steeve fait le va-et-vient entre sa maison et l’hôpital du Nord où se trouve actuellement sa bien-aimée : «C’est difficile de voir celle qu’on aime dans cet état ».
Un bonheur de courte durée
C’est la deuxième épreuve pour le couple, la deuxième fois que Steeve et Mary-Joyce ratent l’occasion de devenir parents. Une année de cela, Steeve et Mary-Joyce se préparaient déjà à l’idée d’accueillir le fruit de leur amour quand Mary-Joyce était tombée enceinte. Mais leur bonheur fut de courte durée.
Au bout de quatre mois de grossesse, Mary-Joyce fit une fausse couche et le rêve des deux amoureux se brisa.
Très vite, ils remontèrent la pente quand quelques mois plus tard, Mary-Joyce annonça la bonne nouvelle à Steeve : elle était à nouveau enceinte. Hélas, le couple était loin de se douter que le pire allait se produire six mois plus tard.
Encore une fois leur rêve s’est évanoui.
Le cauchemar de Steeve et de Mary-Joyce a débuté le vendredi 2 juillet dernier. Mary-Joyce est prise d’un malaise. Elle est de toute urgence conduite à l’hôpital de Flacq où elle est admise à la maternité. Déjà, les premières angoisses. Tous ces événements l’obsèdent : « Quelles sont ces douleurs dont souffrait Mary-Joyce puisque ce n’était pas encore l’heure de l’accouchement. » Steeve est désemparé.
La venue du bébé était prévue pour le mois de septembre. Ce n’est que le lendemain matin, soit le samedi 3 juillet, que les choses devaient se gâter. Une césarienne devait alors être pratiquée sur Mary-Joyce. «Elle souffrait d’une crise d’éclampsie - syndrome atteignant les femmes enceintes . Vu la gravité de son cas, on a dû l’opérer pour terminer sa grossesse », nous fait part le ministère de la Santé.
La patiente est par la suite transférée aux soins intensifs de l’hôpital SSR à Pamplemousses.
« C’est par précaution qu’elle a été transférée à l’unité des soins intensifs de l’hôpital SSR », nous fait savoir le service de presse du ministère de la Santé.
Désespéré, Steeve ne veut pas se contenter de cette version. Il veut crier sa révolte. Il décide de se tourner vers le ministre de la Santé en lui adressant une lettre : « Monsieur le ministre, je crois qu’il est de votre devoir de savoir ce qui se pratique dans nos services médicaux. Je souhaiterais qu’une enquête soit faite pour éclaircir cette situation. Que ces pratiques barbares ne restent pas impunies ? Que d’autres personnes ne soient pas en deuil à cause d’une telle négligence !»
La vue d’un fœtus dans une boite en carton et de sa femme assistée d’appareils le hante toujours : «J’ai réalisé le drame qui nous touche Mary-Joyce et moi à ce moment -là. » Pour sa part, le ministère de la Santé affirme : « Il n’y a pas eu de négligence médicale dans la prise en charge de cette patiente. Dès son arrivée à l’hôpital, le personnel soignant (de l’hôpital de Flacq) s’est immédiatement occupé d’elle ( …) La patiente se porte bien. » Toutefois, le ministère de la Santé ne nous a pas donné d’élément de réponse au sujet du fait que Mary-Joyce s’était retrouvée dans le coma.
Mary-Joyce n’est plus aux soins intensifs depuis hier, elle a maintenant été admise en salle. Elle est encore sous l’effet des médicaments et a la vue trouble.
« Elle se remet peu à peu », nous dit Steeve qui ne veut pas abandonner. Au nom de la vérité, il compte mener son combat jusqu’au bout.
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Césarienne : trois femmes, trois drames
Helena Harel, une jeune femme, déjà mère de trois enfants, attendait son quatrième enfant. Après une césarienne, elle donna naissance à une petite fille, jeudi dernier. Quelques jours plus tard, à la suite d’une hémorragie, elle succombe. Sa famille clame qu’il y a eu une négligence médicale. Helena Harel laisse derrière elle son mari Pierre et ses quatre enfants. « On y pense encore. La mort d’Helena nous restera toujours dans la mémoire », nous dit Jean-François, le frère d’Helena. `le même drame est vécu par la famille Oozeeraw de Uppervale. Nazima, déjà mère d’une petite fille de 8 ans, s’en est allée, elle aussi, après avoir donné naissance à un petit garçon par césarienne. Cette famille affirme aussi qu’il y a eu négligence médicale dans ce cas. Et puis, il y a eu le drame vécu par Joyce et Ricardo. Le samedi 19 juin, Joyce, 24 ans, fut admise à l’hôpital, loin de se douter que quatre heures plus tard, elle allait perdre ce bébé qu’elle attendait tant après avoir subi une césarienne. Depuis, les familles ne baissent pas les bras. Elles parlent aussi de négligence médicale. Joyce et Ricardo réclament justice au ‘Medical Council’ à travers le ‘Comité d’Amélioration pour la Santé’ vers qui ils se sont tournés et qui les représente. Sollicité pour des réponses sur ces trois cas, le ministère de la Santé, à travers son service de presse, nous fait part que « ces trois cas ont été référés au Medical Council »