Le président du Business Parks of Mauritius Ltd (BPML), Chand Badhain, pense que, comme Rome na pas été bâti en un jour, la Cybertour aussi va prendre le temps qu’il faut pour être rempli totalement.
Q : Quel regard jetez-vous sur la Cybertour ?
R : La Cybertour est un symbole qui démontre l’île Maurice en marche, la marche vers le progrès et le démarrage des activités TIC (technologies des informations et de communications) dans le vrai sens du mot – une ère nouvelle qui commence dans le développement économique du pays avec la création de l’emploi à haute valeur ajoutée et l’exportation de la matière grise. La construction de la Cybertour démontre clairement le sérieux du gouvernement pour promouvoir le développement du secteur informatique et sans ce « bijou » la tâche d’attirer des investisseurs dans le TIC aurait été quasiment impossible. La Cybertour et l’effet multiplicateur créé par ce bâtiment demeure l’espoir de bien des jeunes qui cherchent de l’emploi à col blanc. Déjà, environ 600 jeunes travaillent dans la Cybercité et d’ici la fin de l’année ce nombre doit atteindre 2000.
On ne peut pas parler de la Cybertour sans mentionner la business zone où environ 40 lopins d’environ un arpent ont été loués à bail aux représentants du secteur privé après une étude de leurs business plans. ‘Le Business Parks of Mauritius’ surveille au grain que ceux qui ont retenu des terrains commencent la construction de leurs bâtiments dans un délai de 6 mois après avoir signé le bail – au cas contraire on va reprendre le lopin qui a leur été alloué. Déjà une trentaine de contrats ont été finalisés, deux sociétés ont déjà commencé leurs constructions et les autres suivront le pas incessamment. BPML veut rassurer ceux qui ont des doutes que la business zone deviendra un chantier impressionnant dans les 3 mois à venir.
Q : Le taux de remplissage vous convient-il ?
R : Rome n’a pas été bâti en un jour. Les investisseurs ne font pas la queue pour venir investir dans la Cybertour comme on a tendance à croire. Néanmoins nous sommes très satisfaits du taux de remplissage, et, valeur du jour, 65% de l’espace a déjà été alloué. Cinq entreprises ont déjà commencé leurs opérations notamment Infinity, BIPIO, Inventyv, Astek et Valldata. Sept autres vont définitivement commencer leurs activités avant la fin de l’année. D’ailleurs, BPML et certaines autres sociétés sont aussi à un stade très avancé pour finaliser l’espace dont elles en auront besoin pour démarrer. D’ici le mois de décembre notre objectif est d’atteindre un taux d’occupation de 85%. C’est justement la raison pour laquelle on pense sérieusement construire un deuxième bâtiment intelligent.
Q : Le VPM a fait un appel au secteur privé pour construire une deuxième cybertour. Est-ce que l’État se désengage dans ses investissements dans le domaine de l’informatique ?
R : Le secteur privé a toujours été considéré comme partenaire du gouvernement dans le développement économique du pays, l’Etat agissant comme facilitateur.
L’appel du gouvernement pour que le secteur privé s’engage davantage dans le secteur TIC est amplement justifié par le fait que toutes les conditions sont réunies pour permettre l’envol de ce secteur spécifique dans le pays. Il faut aussi ajouter que le privé détient déjà la compétence et les fonds nécessaires pour se lancer dans la construction des bâtiments intelligents. En Inde, par exemple, c’est le secteur privé qui a investi énormément dans les infrastructures.
Q : Pensez-vous que le secteur privé mauricien est intéressé à investir lourdement dans le secteur IT ?
R : La question ne se pose pas. Les groupes comme Rogers, Harel Mallac et Happy World ont déjà investi gros dans ce secteur. On s’attend à ce que d’autres suivent le pas. Déjà plusieurs représentants du secteur privé ont contacté le BPML pour des joint ventures en collaboration avec des investisseurs étrangers.
Q : Pourquoi les investisseurs étrangers investiraient-ils à Maurice au lieu de choisir d’autres destinations qui offrent autant d’’incentives’ qu’ici ?
R : L’île Maurice est reconnue à travers le monde pour sa stabilité politique et pour son économie en plein essor. Le pays offre un environnement d’affaires hautement concurrentiel et favorable au secteur des nouvelles technologies. Sa réputation en tant que l’un des pays les plus sûrs au monde est la conséquence directe de sa croyance dans les principes fondamentaux et de son ferme engagement en faveur de la libre entreprise. À partir de ces paramètres fondamentaux bien établis, l’île Maurice offre une main-d’oeuvre bilingue, un cadre de vie agréable et surtout une position géographique qui la met à l’abri des zones à haut risques. Ce dernier élément demeure un atout majeur qui joue nettement en notre faveur. Et pour couronner le tout, il y a la cybercité d’Ébène qui est la grande première d’une nouvelle génération de parcs informatiques de pointe dans cette partie du monde ainsi que des incitations fiscales très avantageuses taillées sur mesure pour favoriser le développement du secteur informatique. Tous ces atouts font de l’île Maurice un cadre de choix pour l’externalisation.
Q : Êtes-vous satisfait de la formation d’une main-d’oeuvre qualifiée pour faire de Maurice une cyberîle ?
R : Nous avons subi un certain retard dans la formation, mais il ne faut pas perdre du vue que les centres d’appels et les opérateurs BPO forment leur propre personnel. Infinity a déjà formé environ 200 employés pour leur centre d’appel et ils ont l’intention de former 400 autres avant la fin de l’année. Astek a formé 25 ingénieurs et autres diplômés dans le développement des logiciels à Grenoble en France, BIPIO, Valldata ont suivi la même filière . Infosys envoie 100 diplômés à Bangalore la semaine prochaine pour être formés dans le développement des logiciels.Les différentes opérations dans le domaine de l’externalisation ont leur propre spécificité qui requiert des formations spécifiques – d’où la nécessité d’avoir un centre « in house » de recrutement et d’entrainement. Ajoutez à cela la formation accordée par l’IVTB, l’Université de Maurice, l’UTM et les mesures dans le dernier budget, Maurice peut certainement faire face à la situation.
Q : Notre pays est-il condamné à n’avoir que des call centres ?
R : Il y a des ‘call centres’ et des ‘call centres’. Certaines activités dans les ‘call centres’ demandent une connaissance approfondie des clients pour lesquels ils opèrent – tel est le cas d’Infinity par exemple. Il faut aussi préciser que dans la cybertour, il y a d’autres activités qui se font dans l’externalisation, par exemple, le traitement des fichiers de paie, la transcription légale, et le développement des logiciels. Ce qu’on cherche au BPML, c’est une variété d’activités à divers échelons à l’instar de Ceridien, Centrefile ou Accenture qui vont permettre à Maurice de se situer au beau milieu des opérations TIC.
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Chand Badhain précise
Le président de la Business Parks of Mauritius Ltd (BPML), Chand Badhain, nous a demandé de modifier ses propos dans une des réponses qu’il nous a données dans l’interview . Voici ses précisions : Quand nous lui avons demandé si le taux de remplissage de la Cybertour lui convenait, Chand Badhain a répondu :« Rome n’a pas été bâtie en un jour (…) Cinq entreprises ont déjà commencé leurs opérations, notamment Infinity, BIPIO, Inventyv, Astek et Valldata. Sept autres vont définitivement commencer leurs activités avant la fin de l’année ». Il voudrait préciser qu’au lieu de la «fin de l’année », il voulait dire « la fin du mois d’août ».