Il ne jure que par la créativité. Dans le cadre de la semaine d’activités sur le thème ‘Invitation à la découverte’, Thomas Zylberman, consultant pour Carlin International Paris - une des plus grosses boîtes de stylisme au monde - a été invité pour animer une session de travail avec les stylistes mauriciens. Il nous donne des indications sur les tendances Hiver 2005/2006 et nous parle de l’évolution de la créativité dans le secteur du textile à Maurice.
Q: Quel est le but de votre visite à Maurice?
R: J’anime une session de travail de trois jours avec les designers mauriciens sur les tendances Hiver 2005/2006. Nous nous penchons sur les couleurs, les formes, les matières, les accessoires qui seront à la mode durant cette période. Nous parlons du marché homme, femme, enfant, du beachwear, de la lingerie. Maurice a une vocation axée sur l’exportation; le principe de ces consultations est d’apporter des informations nécessaires aux industriels mauriciens pour que leurs produits correspondent aux attentes des marchés européen et américain.
Q: Quelles sont ces futures tendances que vous êtes venu présenter?
R: Pour la collection Hiver 2005/2006, il y a quatre grandes tendances : ‘Controverse’, un thème jeune et romantique mais décalé, un peu trash, révolté, rock and roll, ‘Voltage’, un thème très électrique qui fait référence aux nouvelles technologies et qui mise sur les couleurs un peu électriques, des formes très graphiques et modernes, ‘Aura’, un thème empreint de mysticisme car les consommateurs européens sont en quête de spiritualité avec des couleurs très douces, assez diaphanes, des formes souples, douces et des touches de lumière et ‘Illusion’, quant à elle, est une grosse tendance qui revient, celui du baroque. Un côté théâtral, ornemental avec des couleurs capiteuses. Quelque chose d’opulent après des années de minimalisme.
Q: Que pensez-vous de ce qui se fait à Maurice en termes de créativité, de design?
R: Je n’ai pas une grande connaissance de ce qui se fait à Maurice car c’est la première fois que je viens ici. Mais j’ai vu des créations qui sont fabuleuses et qui peuvent s’exporter sans problème. Il y a le potentiel. Il ne faut pas oublier non plus que les Occidentaux sont toujours séduits par l’idée de l’ailleurs : il faut les faire rêver. Maurice a la chance d’être multiethnique, il y a énormément de richesses avec les influences indienne, créole, etc. Sur la mode estivale, Maurice a plein de choses à proposer qui sont propres à l’île. Il y a des choses, des collections à développer. Je lance un appel aux patrons afin qu’ils investissent dans les stylistes et la créativité. Ce sont les stylistes qui leur font marquer des points. Aux stylistes, je voudrais dire continuez, battez-vous.
Q: De sérieuses menaces pèsent sur le textile mauricien. Comment pensez-vous qu’on puisse s’en sortir?
R: Il paraît que le textile ne se porte pas très bien à Maurice. Dans ce cas, il faut être réactif, être toujours sur la brèche, renouveler, aller plus loin, créer. Maurice a de plus des atouts spécifiques: le bilinguisme est un avantage gigantesque qui facilite le travail des acheteurs étrangers. Maurice a aussi une carte à jouer car l’offre textile monte en gamme. Il faut absolument que Maurice propose des produits haut de gamme et investisse vraiment dans la créativité. Maurice n’a rien à faire avec les basiques. Les basiques à prix cassés c’est un combat perdu d’avance. Il faut miser beaucoup sur les côtés multiethnique et bilingue.