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“Je souhaiterais être candidat rouge au No 3”

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Après avoir siégé brièvement en tant que député indépendant, le Dr Siddick Chady revient à ses anciennes amours en réintégrant le Parti Travailliste. Il souhaiterait défendre les couleurs de l’écurie rouge au No 3 lors des prochaines législatives..

Q : Vous aviez claqué la porte au Parti Travailliste. Qu’est-ce qui a changé au sein de ce parti pour que vous fassiez un come-back ?

R : Il n’y a pas eu de grands changements. Même Navin Ramgoolam a reconnu que le parti a fait des erreurs, par inexpérience, quand il était au pouvoir et qu’il fallait désormais déléguer les pouvoirs, sur certains dossiers spécifiques, dans l’éventualité que le PTr retourne aux affaires. Le profond changement que j’ai noté depuis mon départ du PTr est à mettre à l’actif du leader des rouges lors de la partielle au No 7. Navin Ramgoolam a montré que, s’il veut travailler, rien ne pourra lui barrer la route. Il a montré sa face cachée.

Q : Est-ce à dire que votre départ a déclenché une prise de conscience au sein du PTr ?

R : Il y a un principe de base sur lequel un parti opère en optant pour un type de société. Ce sont des idées et elles permettent de changer des personnes. Il faut écouter le voeu de l’électorat; les élus doivent travailler en fonction de cette attente pour satisfaire les aspirations de leurs mandants. D’où le besoin de démocratiser un parti. On parle de démocratisation, il faut commencer par les formations politiques. Celles-ci doivent donner des pouvoirs à des instances et accepter les divergences d’opinions. C’est cela qui apporte finalement un changement à la tête du parti.

Q : Pourquoi êtes-vous parti ?

R : La raison principale de m’être éloigné du PTr est que j’avais obéi à un voeu de mon électorat. J’avais aussi voulu réfléchir hors des instances du parti sur mon avenir politique. Dans un certain sens, oui, je respirais mieux hors des instances du PTr. À titre d’exemple, j’estime qu’il y a, parmi des questions parlementaires inscrites à mon nom alors que je siégeais en indépendant, quelques-unes que je n’aurais jamais pu poser. J’aurais été sous le diktat de la ligne du parti. J’ai pu ne pas me demander quelles réactions le parti allait avoir, ce que le leader allait penser. Pour ce qui est de mon retour au bercail, je dois dire que j’ai toujours évolué au sein du PTr et c’est Navin Ramgoolam qui m’a mis sur la scène politique. Je lui dois bien cela.

- Pourtant, en vous éloignant du PTr, vous aviez dit être disposé à travailler avec le leader du MMM.

R : J’avais dit que j’étais disposé à travailler avec Bérenger, avec Jugnauth et aussi avec Ramgoolam. Mais, je dois préciser une chose : jamais le leader du MMM n’a discuté politique avec moi. On a parlé des sujets d’actualité, comme je l’ai fait souvent avec Pravind Jugnauth. Mais, je ne cache pas qu’il y a eu des tentatives, par agents interposés, pour me faire approcher une formation politique. Je dois être honnête, je n’ai jamais découragé ces agents-là dans leurs tractations. Si on a pu faire une alliance avec un parti, il se peut aussi qu’on peut intégrer ce parti un jour.

Q : Pensez-vous que la situation au No 3 s’est décantée favorablement après votre départ du PTr ?

R : Le gouvernement n’a jamais considéré la circonscription No 3 comme il considère les autres. Quand je me suis occupé de cette circonscription alors que j’étais ministre travailliste, le MMM a réalisé qu’il devait faire une croix sur un de ses plus fidèles bastions. Par réaction, le gouvernement a alors commencé à mettre en chantier des projets comme la foire, le Hawkers Palace, la piscine et, même bientôt, une école même si elle sera construite sur deux arpents seulement et a proximité du ‘ring road’ de la capitale. Qu’importe la réaction du gouvernement, c’est cela mener une opposition constructive. Comme député, il faut savoir mener son rôle. Un élu est avant tout un député de sa circonscription avant d’être un député de son parti.

Q : Est-ce que les dirigeants du PTr vous ont demandé de revenir à la ‘case mama’ ou cette décision émane-t-elle de vous ?

R : Les deux. Je voulais retourner au PTr avec lequel j’ai toujours gardé de bons rapports, surtout avec Navin Ramgoolam et Vasant Bunwaree. C’était juste une parenthèse. Ma lettre de réintégration est partie et je ne pense pas qu’elle ne sera pas acceptée.

Q : Regrettez-vous cette parenthèse ?

R : Oui et non. Quand je pense où j’étais hiérarchiquement au sein du Parti Travailliste, je me suis demandé si vraiment il fallait que je parte. J’étais très respecté pour le travail que j’ai abattu au sein du parti. Beaucoup me disent que si je retourne, je vais occuper la même place. Mais, il faut être honnête. Je suis parti, maintenant je reviens. Je ne peux traverser sur la tête des autres. Si le leader me réinstalle à la place que j’occupais avant, je vais refuser. Je veux être le simple membre que je suis actuellement pour aider le parti à reprendre le pouvoir. Car la situation économique à Maurice n’est pas brillante et la dette publique fait peur.

Q : Les Travaillistes sont mal placés pour parler de la dette publique, à en croire la majorité gouvernementale.

R : L’endettement a doublé en trois ans et demi sous ce gouvernement. Sous le régime travailliste, il y avait la dette publique, mais elle était due essentiellement à l’augmentation drastique de la pension de vieillesse. On avait misé sur le social car le PTr est très socialiste dans son approche. On n’a pas investi dans des ‘capital projects’. Les augmentations dues au fret décriées par le gouvernement ? Je n’y crois pas une seconde. Le Mauritius Advice Bureau (MAB) aurait dû mener une étude pour voir si effectivement c’est le fret qui enfle les prix des denrées essentielles. Il faut une transparence, car j’ai l’intime conviction que c’est un cartel de gros capitalistes qui régule tout le système afin de faire d’énormes profits. Je vais dire une chose très importante : la Banque de Maurice n’intervient pas pour contrôler le dollar afin de protéger l’industrie sucrière et la zone franche. Pourquoi prendre l’argent public pour subventionner ces deux secteurs afin de les rendre profitables ? C’est une des causes d’une inflation superficielle. Je ne dis pas qu’il y a complicité, mais c’est le devoir de la Banque de Maurice d’intervenir et non de venir à la rescousse des compagnies privées.

Q : Êtes-vous parti parce que vous aviez des problèmes conjoncturels avec le business familial ?

R : Aucun des problèmes de notre business n’a été réglé. Les compagnies appartenant à mes proches sont encore en ‘receivership’. Je ne nie pas que les problèmes de mes compagnies familiales ont influencé ma décision de m’éloigner du PTr. Je sais ce dont est capable le pouvoir. Je voulais mettre à l’abri ma famille et leurs entreprises. S’ils ont des problèmes que je peux contribuer à régler, pourquoi pas ? On a une frayeur d’un pouvoir qui peut nous matraquer; cela existe en politique, même si je n’ai jamais pratiqué une telle chose.

Q : Vous considérez-vous être une victime de l’actuel pouvoir ?

R : J’aurais pu être une victime du régime actuel. J’avais cette frayeur, je le reconnais. Car je me demande s’il y a la séparation des pouvoirs à Maurice. L’exécutif n’accepte pas que le judiciaire lui fasse la leçon. Dans la récente affaire Khoyratty v/s State, la Cour suprême rappelle à l’exécutif que la séparation des pouvoirs a été bafouée. Or, ce même exécutif a le culot d’aller contester ce jugement au Privy Council. L’État ira même plus loin en venant bientôt amender la loi pour rendre constitutionnel ce que la Cour a déclaré anticonstitutionnel. Il n’y aura plus de ‘bail’ sous la Dangerous Drugs Act (DDA). C’est un ‘colourable device’, comme ce fut le cas avec l’intention de faire perdre le siège au leader de l’Opposition.

Q : Seriez-vous candidat au No 3 et ministre d’un éventuel gouvernement travailliste?

R : Je souhaiterais être candidat rouge au No 3, à moins que le leader ne décide de m’emmener au No 5 avec lui. Pour ce qui est d’être ministre, c’est au leader d’en décider. Si Navin Ramgoolam m’offre un portefeuille ministériel, je ne vais pas le refuser.

Q : Que pensez-vous du Budget de Pravind Jugnauth ?

R : Le Budget présenté par Pravind Jugnauth est différent de ceux de son prédécesseur. Mais, dans le fond, il n’y a rien pour le petit peuple. Il y a une chose qui me révolte dans ce Budget. Aussitôt les mesures pour la baisse ou les augmentations de certains produits annoncées, elles entrent en vigueur immédiatement. Pourquoi alors les prix des médicaments n’ont pas connu de baisse ? Les membres de l’Association des pharmaciens demandent un délai de trois mois pour épuiser l’ancien stock. Mais quand les prix avaient connu une hausse, pourquoi n’avaient-ils pas vendu l’ancien stock à l’ancien prix ? Le ministre du Commerce ne devait même pas recevoir les représentants des pharmaciens, mais il a préféré faire de la politique.

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