Les pointes d’humour qui ont émaillé les débats sur le Budget ont aidé à détendre une atmosphère souvent morose. L’Opposition s’est même laissée prendre au jeu, malgré le walk-out de vendredi dernier.
Arvin Boolell est devenu la coqueluche de la majorité. À tel point qu’ils étaient nombreux les parlementaires à être présents quand il est intervenu mardi dernier à l’Assemblée nationale.
Étaient-ils là pour écouter les arguments du bouillant député de l’Opposition ou pour le narguer ?
“Je dois féliciter le VPM pour la manière élégante dont il a personnellement mené les débats lors des tripartites”, sont les premiers mots d’Arvin Boolell. Il n’a pas le temps de continuer que Showkutally Soodhun lui dit : “To félicite li, après to zour li dans No 11”. “Astère to commencé, ki ler to pou fini la? ”, lui lance ensuite un souriant Veda Baloomoody. Arvin Boolell est connu pour ses longues interventions. Il est même taxé de “harceleur” par Ashock Jugnauth après une remarque faite à l’adresse de la ministre Ariane Navarre-Marie, l’index en avant.
Mais, Arvin Boolell n’en a cure. Il joue le VPM contre le PM sur la démocratisation de l’économie : “Je fais un appel au ministre des Finances pour qu’il se démarque de son partenaire et mette sur pied un fonds de démocratisation avec la participation des petits planteurs”.
Cette atmosphère de faux bon enfant a toujours prévalu durant les débats lors de la semaine écoulée. La loi du plus fort a encore une fois fait parler d’elle. Les quelques intervenants de l’Opposition se sont fait à chaque fois siffler. Navin Ramgoolam n’a pas été épargné, il a été rabroué comme il se doit par un Sushil Kushiram impressionnant jouant, pour les rares fois, sur le tableau politique.
Les débats ont surtout donné l’occasion aux parlementaires de la majorité d’encenser le leader du MSM et ministre des Finances. La palme revient au ministre Kushiram qui a entamé son intervention en disant que ce Budget “is a touch of genius and is a masterpiece”. Pravind Jugnauth ne pouvait espérer mieux.
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En bref
Around the corner
Navin Ramgoolam ne rate jamais une occasion pour dire que les élections générales ne sont pas loin. “It will be accelerating, It’s round the corner”, a-t-il lancé à l’adresse du PM qui est demeuré impassible.
Rama Poonoosamy is the No 6
Alors que le leader de l’Opposition émettait des critiques à l’effet que la richesse de ce pays est, selon lui, entre les mains de cinq familles, Paul Bérenger lui a rappelé qu’il y avait une sixième personne qu’il avait oubliée. “La dernière fois tu avais inclus dans ta liste de cinq familles Rama Poonoosamy”, lui a-t-il dit sur un ton moqueur.
Croix et frustrés
C’est avec régal que les parlementaires, majorité et Opposition confondues, ont écouté l’intervention d’Ahmad Jeewah. Humoriste jusqu’au bout des ongles, le ministre a débuté pompeusement son discours par ces mots : “Hormis pour quelques frustrés, le Budget est très bon. Les 325 000 petits planteurs qui seront bientôt actionnaires dans un fonds pour les terres sauront où mettre leurs croix et nous saurons aussi qui sont ceux qui devront porter leurs croix”.
Executive summary
Le ministre Pradeep Jeeha est tombé à bras raccourcis sur les membres de l’Opposition qui, selon lui, ne voient jamais ce que le gouvernement fait de bien. Il a alors énuméré une série de mesures prises depuis l’accession du gouvernement MSM/MMM en septembre 2000. Avant de dire à l’adresse de l’Opposition : “This is an executive summary of what we have done”. remarque qui a fait tordre de rire le PM qui s’est retourné pour le féliciter pour la belle tournure de phrase.
Le ‘Deputy Speaker’ fait tiquer
Les membres de l’Opposition ont été étonnés de la décision du ‘Deputy Speaker’ Dharamveer Roopun d’intervenir sur le discours du Budget. Ce dernier a axé son intervention sur la nécessité de donner des pouvoirs à la Chambre des notaires pour agir contre les brebis galeuses. Mais, l’Opposition a été encore plus surprise quand ce même Dharamveer Roopun a présidé les débats, en l’absence momentanée du Speaker.
Match Speaker/Jeewah/Jeetah
C’est à un véritable mano a mano que se livrent Ahmad Jeewah et le député Rajesh Jeetah. Ce dernier veut, sur un point de droit, que le Speaker demande au ministre de retirer un mot qu’il considère comme étant ‘unparliamentarian’. Le Speaker lui demande alors de lui dire le mot. Le député travailliste refuse de répéter le vilain mot, il l’écrit sur une feuille de papier qu’il tend au Speaker. Celui-ci insiste pour qu’il dise le mot. Rajesh Jeetah s’en remet alors à Erskine May, la Bible des parlementaires. Le Speaker lui dit, impatient mais gardant son calme, qu’il n’a aucune leçon à faire à la Chambre. Rajesh Jeetah lui demande quelques minutes pour vérifier Erskine May. “This is not serious. Carry on Mr Minister”, déclare alors un Speaker excédé à Ahmad Jeewah qui s’en sort finalement à bon compte.