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«Pour rétablir la sécurité routière, il faut accepter le changement en s’habituant à la discipline»

En ce début d’année, alors que les accidents de la route n’arrêtent pas d’occuper les colonnes des faits divers, nous donnons la parole au fondateur du mouvement Contre les Accidents de la Route (CAR). Il nous explique son initiative…

Vous avez fondé le mouvement CAR. Pouvez-vous nous en dire plus sur

cette initiative ?

Interpellé par le nombre grandissant d’accidents de la route à Maurice, j’ai décidé de faire quelque chose pour la sécurité routière. Cela fait plus de vingt ans que je suis dans l’île. J’ai eu le temps de poser des questions et de constater qu’une bonne partie des utilisateurs de la route ont effectué un apprentissage sommaire de la conduite en étant formés tant bien que mal et ne sachant pas appliquer le Code de la route. D’autres personnes m’ont même dit qu’elles avaient payé pour avoir leur permis de conduire. Et, d’autres ont avoué conduire par instinct, sans trop se préoccuper du Code de la route.

N’oublions pas non plus qu’à Maurice, les élèves conducteurs n’ont aucune formation sur autoroute avant de passer leur permis. Sachant que ces tronçons rapides génèrent les accidents les plus graves, il devient impératif de programmer une formation spécifique pour qu’ils prennent le temps de comprendre les règles de conduite. C’est pourquoi nous retrouvons ces mêmes conducteurs et conductrices sur la voie d’extrême droite de l’autoroute, roulant à des vitesses inadaptées et provoquant des infractions en se faisant dépasser à gauche.

Le soir, à la fermeture des bureaux, l’anarchie règne sur l’autoroute. Les usagés semblent ne plus connaître le code ; les changements de voie se font par la gauche et dans tous les sens, sans l’utilisation de l’indicateur de direction, avec des entrées d’autoroute agressives et l’utilisation de la bande d’arrêt d’urgence pour aller au-devant de la colonne et s’y introduire par tous les moyens.

Ce genre de situation est, dans une grande mesure, à la source de beaucoup d’accidents tragiques.

Comment fonctionne votre association ?

Voilà deux ans que je m’investis pour améliorer la circulation à Maurice. Je n’ai malheureusement pas trouvé le soutien espéré pour créer une véritable association. Les seules personnes qui se sont approchées du mouvement CAR n’ont pas voulu sacrifier leur temps pour cette cause. Bien qu’ayant l’appui moral de plusieurs personnes œuvrant dans ce domaine, j’en suis actuellement à financer moi-même les différents documents d’information que je distribue. J’agis régulièrement sur le terrain, en informant les conducteurs de leurs erreurs ou des comportements dangereux.

Je pense que les Mauriciens ne devraient pas laisser un héritage aussi meurtrier à leurs enfants ! Le constat est éloquent : près de 160 morts enregistrés en 2012 ! Il est temps de faire quelque chose tous ensemble.

Comment comptez-vous agrandir le mouvement CAR ?

Pour structurer cette association, je cherche quelques personnes motivées, sans appartenance politique, commerciale ou religieuse, indépendantes et souhaitant travailler dans un but non lucratif, responsables et préoccupées par le nombre croissant d’accidents mortels sur nos routes. Le but de l’association CAR : initier au Code de la route à travers l’éducation routière, chaque personne qui désire améliorer sa conduite et donner des informations utiles aux conducteurs et apprentis conducteurs, pour qu’ils puissent rouler en toute sécurité. Nous souhaitons lutter contre les inconscients qui ne respectent pas le Code de la route et qui prennent des risques en mettant leur vie et celle des autres en danger.

Que proposez-vous pour améliorer la situation sur nos routes ?

Pour commencer, nous devons impérativement changer notre mentalité. Chacun doit commencer par accepter la critique sur la situation. Chacun doit prendre ses responsabilités et arrêter de croire que la faute vient de l’état des routes, des autres usagés ou des autorités. Il faut comprendre que le permis de conduire n’a pas été acquis pour défendre les intérêts personnels. Pour rétablir la sécurité routière, il faut accepter le changement en s’habituant à la discipline et au respect des règles de circulation.

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