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Deux problèmes pour Ramgoolam

Navin Ramgoolam fait tellement monter les enchères au sujet de ce qu’il appelle son combat contre “le gros capital” que cela a engendré, fatalement, une grande espérance au sein de la masse des déshérités.

Cet espoir est le moteur de la dynamique qui se crée en faveur des travaillistes.

Pour tous ceux qui croient dans la thèse de démocratisation de l’économie telle que prônée par le leader de l’Opposition, le bonheur et la prospérité sont à la portée de main.

“ La guerre à livrer, c’est une guerre de classes”, a martelé Navin Ramgoolam lors d’un congrès à Nouvelle-France vendredi. “ Pou arrêté bef travaille, souval manzé”, a-t-il réitéré après avoir dit, juste après le budget, qu’une fois au pouvoir le PTr prendrait des mesures “radicales pour permettre une vraie démocratisation de l’économie”. Ce fut une réplique au ministre des Finances qui avait dit que sa première priorité, c’était justement la démocratisation de l’économie.

Deux problèmes guettent toutefois le leader de l’Opposition.

Si Navin Ramgoolam, comme beaucoup le croient, est en train de faire miroiter l’impossible pour reconquérir le pouvoir, il créerait une armée de déçus au cas où il reviendrait aux affaires. Ce qui pourrait déstabiliser son gouvernement d’autant plus que l’Opposition, quelle qu’elle soit, ne raterait pas de lui rafraîchir la mémoire sur ce qu’il a dit.

Si Navin Ramgoolam devait tenir ses promesses, il serait confronté à un autre problème : comment pratiquer la lutte des classes dans une économie de marché et dans un environnement démocratique.

Pour les marxistes, c’est simple : la lutte des classes est inhérente à l’Histoire qui devrait nous conduire à une société sans classes. Certains d’entre eux prônaient même l’attentisme. Ceux qui, actifs, ont voulu appliquer cette idéologie ont liquidé la démocratie – parce qu’il faut du temps pour asseoir une société sans classes alors que la démocratie prône l’alternance au pouvoir – et l’ont remplacée par un système totalitaire qui a fait, des décennies plus tard, naufrage.

Navin Ramgoolam évolue dans une démocratie. Comment va-t-il pouvoir instrumentaliser la lutte des classes sans que cela ne braque les possédants? Les pontes du secteur privé pourraient fermer le robinet des investissements, asphyxiant la société. Ce qui provoquerait un mouvement de mécontentement dans la population. Les élections seraient alors utilisées pour achever politiquement Navin Ramgoolam.

À vrai dire, la marge de manoeuvre du leader de l’Opposition ne serait pas très grande.

Navin Ramgoolam donne l’impression qu’il croit dans sa mission. Alors, il faudrait qu’il nous dise dès à présent comment il va s’y prendre. À dix-huit mois des législatives, il devrait rendre public un document détaillé sur la façon dont il va procéder pour démocratiser notre économie.

Sinon il ne serait pas crédible.

En tout état de cause, il y va de notre économie.

Mahmood Cheeroo, secrétaire général de la Chambre de Commerce et d’Industrie, a raison de laisser entendre que c’est l’économie qui sous-tend le bien-être de la population. “ La conviction de tous les gouvernements depuis des décennies est que si l’économie va bien, cela créera de l’emploi, augmentera les revenus des ménages et influencera positivement le bien-être de la population”, dit-il dans une interview dans l’Express.

Si quand l’économie va, tout va, il faut infiniment de précaution pour la gérer.

Si, une fois au pouvoir, Navin Ramgoolam applique son projet de démocratiser l’économie, il faudrait qu’il résolve cette équation: comment dynamiser l’économie libérale avec la lutte des classes sans indisposer les investisseurs. À moins qu’il change de mode de développement. Ce qui serait cauchemardesque.

Pour l’heure, il vend du rêve. Et les laissés-pour-compte attendent beaucoup de lui.

darlmahnaeck@5plusltd.com

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