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La Chine préférée à l’Afrique du Sud

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La station de traitement des eaux usées de Baie-du-Tombeau déjà en opération

Les autorités mauriciennes ont décidé d’ouvrir des négociations avec un consortium chinois pour la station de traitement des eaux usées à Montagne Jacquot, en rejetant l’offre du consortium sud-africain ABB. Le feu vert de JBIC, institution bancaire japonaise qui finance le projet de tout à l’égout de Montagne Jacquot, est attendue.

Le Central Tender Board (CTB) a donné le feu vert à la Waste Water Management Authority (WWMA) pour discuter avec la China Electric, deuxième soumissionnaire le mieux disant de l’appel d’offres international.

La WWMA a décidé de ne plus continuer ses négociations, pourtant arrivées à un stade presque final, avec le consortium mené par la multinationale ABB/EBARA/WBHO. La raison avancée par la WWMA : le refus d’ABB d’étendre son ‘Bid Bond (garantie bancaire de 2 % du contrat offerte par la compagnie ayant obtenu le contrat, la privant ainsi de tout retrait du projet si la ‘letter of award’ lui a été donnée).

Le projet traîne depuis deux ans et demi. Le coût du projet de tout-à-l’égout devant desservir Cité Vallijee, Pailles et les basses Plaines Wilhems est estimé à Rs 650 millions, comme coté par le consortium sud-africain ABB/EBARA/ WBHO. Le projet comprend la construction de la station de traitements des eaux usées, alors que le tuyautage a déjà été installé par la China Electric au coût de Rs 350 millions plus une somme supplémentaire de Rs 250 millions destinée à la canalisation vers la mer des eaux usées, à 25 mètres de profondeur sous la mer à Montagne Jacquot, Pointe-aux-Sables.

Pertes sèches de Rs 30 millions

ABB avait accepté l’extension de la validité de son ‘Bid Bond’ s’élevant à Rs 6 millions. Il avait imposé une seule condition : que la WWMA résolve le problème ayant trait à la différence entre le taux de change du dollar quand il avait obtenu le contrat après appel d’offres et le taux du billet vert en vigueur deux ans et demi après.

Pour la WWMA, cette condition est jugée inacceptable du fait que cela portera un coût supplémentaire important au contrat. Pour ABB, elle est obligatoire. Sinon, le consortium perd Rs 30 millions avant même que les premiers coups de pioche ne soient donnés. “Tout ce que ABB demandait, c’est que la WWMA nous explique comment elle comptait ajuster le taux de change selon les spécifications de l’appel d’offres. Cela n’affectait en rien ce même appel d’offres ”, nous déclare Bashir Jahangeer de ABB Maurice.

Dans cette guerre entre ABB et WWMA, il y a eu des dommages collatéraux. D’abord, il y a eu la démission de Jean-Mée Desveaux du conseil d’administration de la WWMA et d’un autre consultant mauricien, M. Samsoon. Le deuxième dommage est EBARA, partenaire d’ABB et spécialiste mondial dans les pompes. La firme s’est retirée.

De leur côté, les bailleurs de fonds japonais, la Exim Bank of Japan, se posent des questions sur la lenteur des autorités mauriciennes à commencer la construction de la station de traitement des eaux usées. Entre-temps, le gouvernement casque Rs 350 000 par mois pour la maintenance des tuyaux déjà posés.

On est en février 2003. L’appel d’offres à travers le CTB pour le projet de Montagne Jacquot est enlevé par le consortium ABB/EBARA/WBHO, qui a dejà fait le projet de tout-à-l’égout de Baie-du-Tombeau. Des consultations préliminaires ont lieu avec le consultant NJS Servansingh. WWMA rejette ce choix et demande des détails supplémentaires à ABB sur la ‘surge protection’ (comment protéger les tuyaux en cas de pression d’eau). Dû à un retard au niveau de la transmission des informations demandées, ABB n’a pas répondu à cette requête de la part de la WWMA.

Deux ans et demi d’attente

Coup de théâtre : le 17 juin 2003, le consortium IBL/Degremont/Grinaker, quatrième au niveau de l’appel d’offres, conteste le choix d’ABB et sert une mise en demeure à ABB et au Central Tender Board (CTB). L’affaire va en Cour suprême et le jugement de Paul Lam Shang Leen est rendu le 21 novembre de la même année, en faveur d’ABB. Entre le 15 et 19 mars 2004, des négociations sont de nouveau ouvertes avec ABB par la WWMA qui se fait aider par un consultant. Comme ABB demeure intransigeant sur le taux de change qui a fluctué depuis, la WWMA décide d’aviser le CTB que l’offre d’ABB n’est plus valable et que des négociations sont à même de s’ouvrir avec la China Electric, deuxième soumissionnaire la moins chère (Rs 665 millions contre Rs 646 millions pour ABB). Ce qu’accepte le CTB le 20 mai dernier.

Le seul hic pour la WWMA : pour entamer des négociations avec les Chinois, il faut attendre le feu vert de la JBIC. Cette banque a, il y a deux ans et demi, donné son aval pour aller de l’avant avec ABB après appel d’offres. Ce consortium sud-africain avait alors passé le test, tant au niveau financier que technique. Si la JBIC refuse, tout le processus d’appel d’offres devra recommencer.

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