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“Je ne suis pas intéressé par la liste d’Aly Lazer”

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Le ministre MMM, Jayen Cuttaree, dit ne pas tenir grand cas de la liste d’Aly Lazer et renvoie ceux qui veulent savoir qui est le No 17 de cette liste à Cassam Uteem.

Q : Quel bilan faites-vous à la tête du ministère des Affaires étrangères ?

R : Je suis là depuis six mois seulement. Je continue le travail de mon prédécesseur. Je privilégie la diplomatie économique. il y a le volet régional qui est dans la mouvance de la politique de globalisation. Les dirigeants des pays de la région sont conscients que sans une coopération, on est appelés à souffrir. Il faut compter avec les blocs économiques tels que la SADC et la Comesa.

Q : Peut-on mettre sous le même chapitre la visite de Paul Bérenger aux États-Unis?

R : Tout comme le PM avait reçu l’invitation du président Jacques Chirac, il a eu une invitation du président Bush pour un entretien. Ils ont fait un tour d’horizon de la politique en général; ils ont parlé de l’AGOA, des Chagos.

Q : En laissant comprendre qu’ils pourraient examiner la possibilité d’une extension de l’AGOA, les États-Unis n’exigeraient-ils pas en contre-partie que nous achetions leurs Boeings ?

R : L’administration américaine ne fonctionne pas comme cela. Le président des États-Unis, comme tous les Américains, voudraient vendre leurs produits, c’est normal. Mais, de là à demander, en échange de la visite du PM, que notre pays fasse l’acquisition de Boeings, c’est grotesque.

Q : La possibilité existe que vous soyez nommé à la présidence de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Quel effet cela vous fait-il ?

R : Pour ce poste à l’OMC, il y a des candidatures de différents États. Il y a deux noms qui circulent actuellement au sein de cette instance. Ils sont d’abord Boutros Ghali, qui est un ami personnel, et le mien. Mon nom a été cité par le très sérieux Wall Street Journal qui a dû vérifier ses informations avant de les publier. La candidature de Maurice, dit-on, a de fortes chances d’aboutir. Je suis très flatté et c’est un honneur pour le pays.

Q : Si la candidature mauricienne est finalement retenue, allez-vous accepter ?

R : La décision m’en revient et ce n’est pas facile eu égard à mes responsabilités au sein du gouvernement et de mon parti que j’ai rejoint en quittant l’Unesco il y a presque un quart de siècle. Je réfléchis et, à ce stade (ndlr : vendredi en début d’après-midi), je ne sais pas encore. Je suis conscient que si l’offre m’est faite pour être à la tête de l’OMC, il ne me sera pas facile de la repousser. Je vais avoir des consultations au niveau politique et familial.

Q : Qu’en pense le PM et leader politique ?

R : Paul Bérenger m’a dit au Cabinet que c’est un grand honneur pour moi-même et pour mon pays.

Q : Si jamais vous acceptez l’offre, il vous faudra démissionner comme ministre et comme député, occasionnant une partielle au No 19.

R : Évidemment, si j’ai le poste à l’OMC, il faudra que je démissionne comme ministre et comme député, car je serai basé à Genève. C’est le poste le plus important après celui du secrétaire général des nations-unies. Je ne pense pas qu’il y aura une partielle, car on sera à quelques semaines des élections générales l’année prochaine.

Q : Vous suivez de près le dossier de l’AGOA III. Quelles sont les chances que les Sénateurs acceptent de prolonger cette loi qui expire en septembre prochain ?

R : L’AGOA est une loi qui va jusqu’à 2008 et donne un accès illimité de quotas et à un tarif préférentiel aux produits africains sur le marché américain. Il y a toutefois des règles d’origine. À titre d’exemple, pour le textile habillement, le tissu doit être d’origine africaine pour la plupart des pays bénéficiaires de l’AGOA, sauf quelques-uns qui ont un ‘income per capita’ qui ne dépasse pas les 1500 dollars américains par tête. Maurice ne figure pas sur cette liste, tout comme l’Afrique du Sud, le Gabon et les Seychelles. Lorsque l’AGOA I est arrivée sous le régime travailliste, si on avait insisté pour que Maurice bénéficie du ‘third country fabric’ (ndlr : l’achat de matières premières peut se faire ailleurs que dans un pays africain ou aux États-Unis), il n’y aurait jamais eu l’AGOA. C’était le prix à payer et Maurice en a fait les frais, tout en bénéficiant d’un accès illimité et au niveau tarifaire. Maurice a survécu tout en espérant que d’ici septembre 2004, on aurait eu des investissements pour la mise en place de suffisamment de filatures pour nous fournir les matières premières. Malheureusement, une filature coûte cher. L’entrée de la Chine dans le marché mondial a également joué contre nous.

Q : Qu’en est-il de l’extension demandée pour le ‘third country fabric’ ?

R : Quand cette demande d’extension allait se faire aux États-Unis, on comptait faire une demande formelle pour que Maurice bénéficie du ‘third country fabric’ juste durant la période d’extension. Mais il n’y aura pas cette période d’extension, car au Sénat américain, ils ont dit qu’ils pouvaient examiner notre demande, mais qu’il fallait avoir un vote unanime des Sénateurs afin d’étendre aux pays d’Afrique le ‘third country fabric’ entre six mois et un an. On m’a fait comprendre que les élections sénatoriales sont très difficiles dans quatre États : Caroline du Nord, Caroline du Sud, La Louisiane et La Floride. Le poids du textile est très fort dans ces régions. Je prévois une catastrophe pour l’Afrique et pour Maurice aussi, car nous avons des investissements en Afrique.

Q : Quels sont les grands défis économiques qui nous attendent ?

R : Comment survivre dans cette situation internationale. Avec leur entrée, les Chinois sont en train de tout bouffer. On ne trouve pas facilement du fer de construction sur le marché mondial, le fret devient cher, le pétrole, ils en consomment énormément. Les prix flambent dû à la demande grandissante. On a vu les images sur les chaînes internationales - sauf à la télévision mauricienne - où on fait queue aux stations - service. Je vous donne un exemple concret : après un appel d’offres international, on a acheté le ciment. La composante du fret est plus élevée que le produit lui-même. Il en va de même pour la farine, le maïs. Et l’OMC contrôle les subsides de l’État. Que se passera-t-il? La hausse des prix sera passée aux consommateurs automatiquement. Maurice mange ce qu’elle ne produit pas. On importe tout. C’est un grand défi pour Maurice.

Q : Si vous étiez ministre des Finances, quels sont les grands axes économiques que vous prôneriez ?

R : Je ne suis pas aux Finances. Je ne vais pas commenter un Budget qui sera présenté par Pravind Jugnauth au nom du gouvernement.

Q : Il y a des informations selon lesquelles des tractations auraient lieu entre le PTr et le MSM. Quel est votre commentaire ?

R : (Rire) Depuis les élections de 2000, on a prédit la cassure du gouvernement. Il en a été de même après la partielle au No 7. Tout cela est fait pour déstabiliser le gouvernement. Au départ, on disait que le MMM négociait avec le PTr, et ça n’a pas marché. Maintenant on dit que les tractations se font entre le MSM et le PTr. Voyons, soyons sérieux. S’il y avait quoi que ce soit, je ne vous aurais pas parlé de la sorte pour dénoncer ces rumeurs. Il n’y a rien.

Q : Et entre le MMM et le Ptr à travers les seconds couteaux ?

R : Toujours rien. Ce ne sont que des palabres. Vous pensez que si le leader d’un parti veut négocier, il passera par des seconds couteaux ?

Q : Dans le temps, il n’y avait que deux partis politiques: le PTr et le PMSD.

R : Ma famille a toujours été une famille travailliste, j’ai été ‘involved’ avec ce parti durant l’indépendance. Puis, quand le MMM est venu, je me suis rapproché de ce parti, comme tous les jeunes de cette époque. Pour une question d’idéologie. Je garde des amitiés au-delà de la politique. Dire que je suis Travailliste n’est pas juste. Ce qui est vrai, c’est que j’ai des amis partout. Quand le MMM était un farouche adversaire du PMSD, moi, je conservais une amitié personnelle pour le ministre du PMSD, Da Patten.

Q : Pourquoi cette polémique entre vous et Navin Ramgoolam à propos de votre présence à une fonction organisée par le consul israélien à Maurice?

R : Je sais que Navin Ramgoolam a été à au moins une fonction organisée par le consul israélien à Maurice. Votre journal en a même fait état avec preuves à l’appui. Je crois que dans son envolée démagogique, Navin Ramgoolam a oublié lui-même où il était alors qu’il était Premier ministre. Moi, j’ai été à un vin d’honneur pour une demi-heure, alors que lui, il a même adressé un message pour souhaiter longue vie et prospérité à Israël. Le problème avec Israël existe depuis l’occupation en 1973, et cela dure depuis. Il ne faut pas être hypocrite dans cette histoire.

Q : Navin Ramgoolam promet de rompre toute relation avec l’État d’Israël s’il arrive au pouvoir et si Sharon est encore en poste. L’approuvez-vous ?

R : Navin Ramgooolam ne peut pas être plus arabe que les Jordaniens. La Jordanie a non seulement des relations diplomatiques avec Israël, il vient aussi de signer un accord de partenariat économique. Il faut appeler Ramgoolam Sheik Navin, démagogue qu’il est.

Q : Pensez-vous que le leader du PTr courtise la communauté musulmane en adoptant cette posture ?

R : Je ne lui prête pas de motif, mais je dis qu’il fait de la démagogie politique. Un jour il dit que le MMM et Bérenger construisent des maisons pour les créoles et donnent de l’argent aux éleveurs de porcs; ensuite, il reçoit ces mêmes éleveurs de porcs et leur fait des promesses. Et quand il arrive au gouvernement, il ne fait rien. C’est cela le Parti travailliste.

Q : La liste d’Aly Lazer fait jaser. Qu’en pensez-vous personnellement ?

R : Je ne sais même pas ce qu’il y a sur la liste d’Aly Lazer. Je ne sais pas comment il a fait cette liste.

Q : Que pensez-vous du No 17 de cette liste ?

R : Je ne suis pas intéressé par la liste d’Aly Lazer. Ce qui m’intéresse, ce sont les faits. J’ai entendu dire que l’ex-président de la République, Cassam Uteem, avait une copie de cette liste. Il doit savoir qui est ce No 17.

Jean-Claude Dedans

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