Le soutien du personnel de la MCB à Pierre - Guy Noël, forçant la fermeture des succursales de cette banque, n’a pas plu à Bissoon Mungroo qui ne compte pas se croiser les bras
Parce qu’il estime que la MCB a enfreint le code qui régit les banques quand ses employés ont cessé le travail plus tôt vendredi dernier, Bissoon Mungroo, président des petits et moyens actionnaires de la MCB, compte loger en son nom une action en cour dès demain, lundi, contre cet établissement bancaire.
Selon lui, des clients ont été pénalisés par cette fermeture prématurée des bureaux. Il affirme avoir subi personnellement des préjudices : “ J’ai déjà avisé mes hommes de loi. Je logerai une affaire en cour en mon nom personnel et après consultations auprès des membres de l’Association, nous verrons s’il faut loger une action au nom de l’Association”, s’exclame Bissoon Mungroo qui dit ne pas comprendre pourquoi la banque n’a pas fonctionné avec un personnel squelettique.
Bissoon Mungroo considère que la MCB a enfreint le ‘Code of Banking Practices’ vendredi dernier. Interrogé sur cette fermeture non prévue des succursales de la MCB, Philippe Forget, le No 2 de la banque, nous a fait la déclaration suivante : “C’est l’association des employés qui, dans une vague d’émotion face à ce qu’elle perçoit comme une injustice, a voulu montrer sa solidarité (envers Pierre-Guy Noel)” Selon Philippe Forget, “c’est clair qu’il y a une loi qui régit la fermeture de la banque. Mais il faut savoir que ce n’est pas la direction qui a donné l’ordre. Nous avons tout simplement constaté les dégâts. Et quand on a appris que les succursales fermaient un peu partout dans l’île, nous avons invité nos employés à être responsables. Nous avons fait des arrangements spéciaux pour tout besoin urgent de nos clients.”
Consternation des clients de la MCB
La Banque de Maurice a-t-elle été avertie ? Oui, répond Philippe Forget. “J’ai pris contact avec la banque Centrale pour leur dire que nos employés avaient débrayé. Maintenant, s’il y a des clients qui se sont sentis lésés, je les invite à écrire à la direction.”
Vendredi après-midi, les clients de la MCB étaient frappés de consternation. Ce jour-là, partout dans l’île, la banque fermait ses bureaux plus tôt que prévu, soit à 15h30 au lieu de 17 h00 comme à l’accoutumée. Raison : les employés de la première banque mauricienne ont voulu, dit-on, montrer leur solidarité - en arrêtant de travailler - envers leur directeur général, Pierre-Guy Noël. Celui-ci apprenait, ce jour-là, en cour, que des accusations formelles allaient être logées contre lui par le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) “le plus rapidement possible.” Une décision qui provoque une onde de choc chez la direction de la MCB à l’instar de la réaction de Philippe Forget : “ Je crois qu’il faut dire , au vu de toutes les enquêtes menées jusqu’ici, que je suis absolument surpris de cette décision du parquet d’autant plus que ni les voleurs ni les bénéficaires ne sont inquiétés. Pierre-Guy Noël sera inculpé contre toute logique dans cette affaire. C’est lui qui a dénoncé cette affaire et c’est lui qui sera inculpé. Cela me laisse pantois. L’essentiel reste qu’on a volé des millions et personne ne semble s’inquiéter, ni des responsables, ni des bénéficiaires. “
Le DPP prend donc le relais de cette affaire et poursuivra Pierre-Guy Noël sur qui pèse déjà une accusation provisoire logée le 25 juin 2003. Selon cette accusation, Pierre-Guy Noël aurait comploté avec Robert Lesage, ex-manager de la MCB, dans le but de blanchir une somme de Rs36 millions.
De quoi accuse-t-on Pierre-Guy Noël ?
Si le DPP a décidé de poursuivre Pierre-Guy Noël, toujours est-il que jusqu’à maintenant, personne ne sait de quoi il est accusé formellement comme le fait remarquer un communiqué émis par la MCB, vendredi après-midi: “Ce matin, le magistrat, à la demande du représentant du DPP, a reporté l’affaire de Monsieur Pierre- Guy Noël au 21 juin pour permettre au DPP de loger à l’encontre de Monsieur Noël une charge formelle, dont le contenu n’a pas encore été déterminé.”
C’est à travers ce communiqué, signé de Jean François Desvaux de Marigny, secrétaire du Conseil d’Administration, que la MCB a réagi officiellement: “Le conseil tient à exprimer son ahurissement devant cet état de choses. En effet le Conseil tient à faire ressortir qu’après plus de quinze mois d’enquête, et près d’un an de ‘provisional’ charge, il ne sait toujours pas de quoi on accuserait formellement son Directeur général.”
Le communiqué fait aussi état de la confiance placée par le conseil en son directeur général en ces mots : “Le conseil souhaite réaffirmer sa confiance absolue en celui-ci et souligne que cette confiance est renforcée par les différents experts internationaux qui ont enquêté dans cette affaire.” Et comme pour jeter un pavé dans la mare “le conseil s’étonne également qu’entre temps les responsables et bénéficiaires de la fraude qui fut dénoncée et rendue publique le 14 février 2003 par la banque, semblent ne pas être inquiétés. Le conseil réitère sa détermination à poursuivre ses actions en justice.”
Est-ce que la banque de Maurice prendra des actions contre la MCB pour avoir fermé ses bureaux avant l’heure prévue ? Nous avons vainement tenté d’avoir la version du gouverneur de la banque pendant la journée d’hier. Selon une de nos sources, la direction de la banque de Maurice se réunira au courant de la semaine prochaine pour prendre une décision en ce qui concerne la MCB.
Quant à Pierre-Guy Noël dont l’entourage dit ne pas comprendre de quoi on l’accuse, on affirme qu’il n’est pas inquiet par la tournure des événements.