Les hommes politiques mandatés par la population devraient s’employer à gérer la Cité. C’est même leur mission première. Hélas, dans bien des cas ils contribuent à la destruction de l’édifice.
L’Assemblée nationale est devenue un lieu où les outrances verbales sont devenues quasiment la norme. L’intellectuel policé qu’est Rajesh Jeetah devrait se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère. Le comportement de nos députés, ces derniers temps, confine parfois aux numéros de cirque.
C’est dans l’hémicycle pourtant que sont soumis au débat des projets de loi. Des lois qui pourraient changer sensiblement la vie de nos compatriotes. Or, le niveau des discussions laisse, souvent, à désirer parce que la qualité de nos députés l’est aussi.
Dans une large mesure, notre avenir, on le voit, est confié, à quelques exceptions près, à des bateleurs d’estrade, à des bonimenteurs, à des chiffonniers prêts à s’étriper pour un rien mais disposés toutefois à s’entendre le temps d’une alliance électorale.
Voilà à quoi, chers compatriotes, nous en sommes réduits.
Les ingérences ministérielles dans le fonctionnement de certaines institutions ne sont plus un secret. Ces jours-ci, le Board of Investment (BOI) défraye la chronique à cet égard. Gérard Sanspeur, le Managing Director de cet organisme créé pour attirer l’investissement étranger à Maurice, a subi un véritable passage à tabac verbal par deux ministres après qu’il eut proposé que le contrat d’un cadre ne soit pas renouvelé. Que sa décision soit bonne ou pas, là n’est pas la question. Le Conseil d’administration du BOI n’a pas entériné finalement cette décision. Mais que deux ministres se soient permis d’insulter Gérard Sanspeur pour qu’il revienne sur sa décision est inacceptable.
L’Independent Commission Against Corruption est elle aussi dévalorisée. Des allégations ont été formulées contre son commissaire. Selon Jack Bizlall, il aurait bénéficié d’une “gratification” sur l’achat de sa voiture. Navin Beekarry doit bien sûr bénéficier de la présomption d’innocence. Le président de la République, une émanation de l’Assemblée nationale, seul habilité à convoquer l’Appointment Committee pour statuer sur le cas Beekarry ne l’a pas fait jusqu’ici. Pourquoi? La police n’a pas encore bouclé son enquête, dit-on. C’est une couleuvre que la population n’est pas prête à avaler.
Le Premier ministre, quant à lui, n’a rien trouvé de mieux que d’annoncer, à partir d’une plateforme sectaire, l’interrogatoire pour le lendemain de Raj Dayal. Le chef de l’Exécutif annonçant l’interrogatoire d’un ex-commissaire de police. Dans ce climat de soupçon qui s’est installé à Maurice, une telle démarche n’aide pas à dissiper la perception qu’il existe des ingérences ministérielles dans les enquêtes policières. Ce même Bérenger avait annoncé la réinstallation de Choonee à son poste de ministre alors que les accusations provisoires qui pesaient sur lui n’étaient pas encore rayées.
Tout cela ne donne pas une bonne image de la classe politique d’autant plus qu’un député du MMM est actuellement derrière les barreaux.
Le leader de l’Opposition, lui, est pris en flagrant délit de mensonge. À l’Assemblée nationale il a déclaré qu’il ne s’est jamais rendu à une réception pour célébrer la création, en 1948, de l’État d’Israël. Or, en page 12, nous démontrons le contraire. Peut-on, alors, lui faire confiance quand il dit, par exemple, qu’il va s’en prendre au “gros capital”, qu’il va démocratiser l’économie une fois au pouvoir? Il apparaît plutôt comme un fieffé démagogue.
De par leurs agissements, une grosse majorité des politiciens n’inspirent plus confiance. Quand les bâtisseurs perdent de leur crédit, c’est l’édifice qui en souffre.
Ce n’est pas étonnant donc que le pays connaît une certaine dérive.