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“J’ai la conviction que le PM veut me décrédibiliser”

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Travailleur social infatigable, Aly Lazer n’a pas apprécié l’amnésie de Paul Bérenger concernant la liste des présumés trafiquants de drogue qu’il lui avait soumise en septembre 1996. Sur cette liste figure le numéro... 17.

Q : Qu’est-ce qui fait courir Aly Lazer ?

R : Je cours depuis 23 ans, suite à la mort de mon oncle par overdose. J’ai brutalement pris conscience des dégâts causés par la drogue et j’ai décidé de me battre contre les barons de la drogue. Mal m’en a pris car dès le début de ce combat, un groupe d’individus est venu vers moi, revolver au poing, afin de me dissuader de continuer mes dénonciations.

Q : Vous semblez être un homme aigri. Pourquoi ?

R : J’ai fait, avec un groupe d’amis, un travail de fourmi pour accumuler des informations importantes sur la nébuleuse mafieuse à Maurice. En établissant mes listes, je n’exigeais pas l’arrestation des ces personnes, je voulais seulement que la police procédât à la filature de ceux figurant sur mes listes et qu’elle établît elle-même leur culpabilité par rapport au trafic de la drogue. Jusqu’ici, aucune action de la part de la police. Je suis très en colère, et le comble, j’ai l’intime conviction que le Premier ministre veut me décrédibiliser. Il me traite de bavard et dit que je ne suis pas un modèle de confidentialité. Au nom d’Allah, je n’ai jamais révélé les noms de ceux qui figurent sur mes listes. Paul Bérenger m’a traité de bavard, alors je vais causer.

Q : Pour dire quoi ?

R : En1996, j’avais écrit au bureau du Premier ministre d’alors pour prendre un rendez-vous qui fut fixé au 2 septembre 1996 à 16h00. En m’y rendant, je pensais que j’allais rencontrer Navin Ramgoolam, mais à l’Hôtel du gouvernement, la secrétaire du PM m’a fait comprendre que c’est Paul Bérenger qui allait me recevoir, Navin Ramgoolam étant absent du pays. Je me souviens que Paul Bérenger, en m’accueillant, m’a dit de faire attention vu le combat que je mène, surtout que je ne suis pas encadré de gardes du corps. Bérenger paraissait sincèrement concerné par mon action. Aussitôt que je lui eus remis la liste des 225 personnes soupçonnées d’être des trafiquants de drogue ou d’être leurs protecteurs, tout a soudainement changé.

Q : Que s’est-il passé ?

R : Il a parcouru le premier feuillet, puis a entamé le deuxième et s’est arrêté à un numéro. Brusquement, Bérenger a mis fin à notre rencontre en me disant que je pouvais partir.

Q : Était-ce ce fameux No 17 ?

R : C’était le No 17. J’ai vu cela louche, car sur cette liste, il y avait aussi les noms d’un magistrat alors en fonction, des politiciens, des hommes d’affaires, des avocats, deux membres de l’ADSU, un sergent de police. Tous ces noms ne faisaient aucun effet à Paul Bérenger, sauf ... (le No 17)....Il a été choqué. Je suis parti, déçu, car je m’attendais qu’il me demandât davantage de détails.

Q : Ce No 17 sur votre liste, était-il classifié en tant que trafiquant de drogue ?

R : Sur ma liste, le No 17 n’est pas classifié comme trafiquant de drogue, mais comme le protecteur d’une mafia de la drogue. J’ai donné des preuves des liens incestueux (du No 17) avec les mafiosi.

- Ce n’est pas parce que quelqu’un partage un briani avec un trafiquant notoire que, forcément, il le protège.

R : J’ai donné suffisamment de détails sur les liens ...(du No 17)...avec une mafia qui opère dans la région ouest de l’île. Pour ce qui est d’un avocat (...), il était aussi sur ma liste de1996. J’ai donné comme preuve qu’il a reçu une superbe voiture en cadeau de la mafia de Plaine Verte.

Q : Y a-t-il eu une suite à cette rencontre avec Paul Bérenger ?

R : À mon grand étonnement, le 26 septembre 1996, aux alentours de 09h30, je reçus un appel de la secrétaire du vice-Premier ministre Paul Bérenger, me demandant si je pouvais venir voir ce dernier au sujet de la liste que je lui avais remise. Je confirmai le rendez-vous. À 16h00, Paul Bérenger me reçut et me dit son désaccord sur une personne de ma liste. Sur les 224 autres personnes qui y figurent, Paul Bérenger n’avait aucun commentaire à faire; il en a fait sur un seul individu, le No 17.

Q : Que vous a-t-il dit?

R : Paul Bérenger m’a dit que je faisais erreur, qu’on m’avait fourni de fausses informations sur le No 17. ll voulait m’influencer afin que j’enlève le No 17 de ma liste. Je lui ai répondu que le temps me donnera raison ou tort en ce qui concerne ma liste et on s’est séparés.

Q : Paul Bérenger pensait-il alors que vous n’étiez pas crédible ?

R : Souvenez-vous de Raffick Peerbacus durant les travaux de la commission Rault sur la drogue. Quand il a balancé des noms de trafiquants, il était devenu un ‘star witness’, donc crédible. Mais, quand il a dénoncé de hautes personnalités du pays, on l’a alors qualifié de psychopathe. Je me retrouve dans la même position aujourd’hui.

Q : La liste de 1996, est-elle la même que celle de 2002 ?

R : J’ai fait cinq listes différentes et chacune comporte différents noms. Parmi, les deux officiers de l’ADSU et le sergent de police qui ont été condamnés, il y a deux ans, pour trafic de drogue. J’avais donc raison. Il y avait aussi Velvindron qui a été récemment condamné aux assises et qui a fait appel. Mais, les autres ?

Q : Pourquoi ne soumettez-vous pas une nouvelle fois la liste de 1996 à Paul Bérenger ?

R : Il n’est pas question que je soumette à Bérenger ou au Commissaire de police une deuxième liste. Qu’est-ce que cela changera ? En 1996, parce que sur cette liste, il y avait le nom ...(du No 17)..., la liste a disparu. Bérenger se rappelle les événements de 1969 et non pas la liste de 1996 ? Je peux comprendre qu’il ait oublié notre première rencontre alors qu’il assumait le poste de PM. Mais il ne peut invoquer l’oubli concernant la convocation du 26 septembre pour ‘argue’ avec moi sur le No 17.

Q : Vous réclamez une immunité légale pour que vous rendiez publiques vos différentes listes, pourquoi ?

R : Tout le monde semble avoir la mémoire courte concernant les cinq listes alors que cette information avait été répercutée dans la presse. Il semble que certains mettent en doute ma crédibilité. Je vais rendre la liste 1996 publique, immunité ou pas. Il y a une seule vérité et plusieurs mensonges. La population saura alors pourquoi les autorités ne veulent pas agir.

Q : L’ex-président de la République, Cassam Uteem, dit se souvenir de votre liste de 1996. N’était-ce pas son devoir de faire un suivi auprès des autorités?

R : L’ex-président m’avait fait comprendre à l’époque qu’il ne fallait pas avoir trop d’espoir au niveau de la police. Que Cassam Uteem assume ses responsabilités.

Q : Quel autre numéro qui est frappant sur votre liste?

R : Le No 7. Il figure sur le premier feuillet de ma liste de 1996. Aujourd’hui, il est derrière les barreaux. Il s’appelle Vinay Deelchand. Je me souviens l’avoir aperçu aux Casernes centrales; il était venu pour passer une guirlande au cou de l’ex-CP Dayal alors que j’attendais, en vain, un rendez-vous avec le chef de la police d’alors pour lui donner une importante information sur l’arrivée d’un trafiquant en provenance de l’Inde avec une forte quantité de poudre blanche. L’ex-Commissaire de police me disait alors que le notaire était un citoyen honnête. Il voulait, en outre, que je lui soumette les noms de mes informateurs. C’est vraiment le monde à l’envers.

Q : Vous parliez d’un magistrat proche de la mafia de la drogue. Est-il toujours en fonction ?

R : En 1996, j’avais confronté ce magistrat à un juge de la Cour suprême, mais il ne s’est rien passé après. Savez-vous qui m’avait mis sur la piste de ce magistrat ? Un trafiquant de drogue qui, pour me narguer, m’avait déclaré qu’il serait condamné à une amende de Rs 500 pour trafic de drogue. Effectivement, ce magistrat avait condamné ce trafiquant à une amende de Rs 500 seulement. J’ai aussi donné des détails sur les déjeuners que prenait ce magistrat dans un grand restaurant de la capitale et dont la facture était payée par la mafia de Plaine Verte. Heureusement que ce magistrat ne siège plus. Ce magistrat devait se porter candidat pour le MMM à cette époque-là.

jc.dedans@5plusltd.com

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