L’inspecteur Tuyau et l’avocat Ivan Collendavelloo étaient à couteaux tirés hier dans les locaux de l’ADSU. Résultat : une déposition pour propos racistes consignée contre le secrétaire général du MMM qui nie en bloc.
Rien ne laissait prévoir cette prise de bec entre l’officier de police et l’avocat d’Appadoo, directeur d’Agnis Properties arrêté dans l’affaire Deelchand pour avoir, selon Antoine Chetty, donné des instructions pour incendier le garage d’Anwar Toobally. Me Ivan Collendavelloo assistait à la déposition de son client quand l’inspecteur Tuyau est intervenu.
Puis, les choses se sont envenimées à tel point que l’inspecteur Tuyau a consigné contre l’avocat-parlementaire du MMM une déposition et qui se lit comme suit : “Avocat Ivan Colendavelloo ine dire moi : ene zako kouma toi pas cone kote sorti pu to vine done l’ordre. CPE tone fail, ale aprane un peu maniere. Pa pense a cose to fine parete lor zournal tone vine ene hero”. Le policier explique, par la suite, ce qu’il a répondu à l’avocat : “Mo pas prend lordre ek Ivan Collendavelloo. C’est le peuple ki paie moi pou fer mo travay, mo pe fer li ek dignité et pour bon Dieu. Kan ou traite moide zako, c’est ene remark raciste ki ou pe fer”.
Ivan Collendavelloo dément catégoriquement les faits tels qu’ils sont rapportés dans la déposition de l’inspecteur Tuyau . Il dit : “À la lumière de ce que vous me dites être la déclaration de M. Tuyau, je démens formellement et catégoriquement lui avoir adressé la parole, excepté au tout début de la déclaration. Si j’avais tenu des propos pareils, le Recording Officer aurait immédiatement noté ces paroles dans le ‘statement’. D’ailleurs, à chaque fois que je suis intervenu, le ‘recording officer’ a noté mes interventions. Je crois que M. Tuyau est un peu ‘overworked’ et surmené, d’où l’extrême nervosité qu’il affichait en tenant des propos provocants et de nature à intimider Me Padiachy et moi-même. Après coup, je me demande si cette attitude n’était pas un coup calculé”.
Me Collendavelloo parle d’absence de civilité : “Dans ma carrière, j’ai dû assister à plus d’un millier de ‘statements’; une chose pareille ne m’est jamais arrivée. Même avec le chef inspecteur Raddhoa qui, quand même, avait de bonnes manières envers les hommes de loi. J’ai dit au ‘recording officer’ que je ne comprennais pas l’attitude de M. Tuyau qui tranchait avec la manière ‘civilised’ adoptée par les trois officiers qui interrogeaient mon client. Il faut préciser que M. Tuyau n’interrogeait pas mon client mais qu’il a fait quatre interruptions intempestives ne durant pas plus de deux minutes à chaque fois. Je trouve regrettable que M. Tuyau ait mis dans ma bouche des mots que je n’ai jamais prononcés. Tout le monde verra bizarre que j’ai pu tenir des propos pareils devant au moins quatre policiers et que ces derniers ne m’ont pas arrêté. Car, si quelqu’un se comporte de la sorte, il doit être immédiatement arrêté. Je trouve cela scandaleux et je m’interroge sur ce qui se passe vraiment”.
Avant de rappeler les conclusions de la Commission des droits de l’homme : “Je rappelle que la Human Rights Commission a sévèrement blâme la police pour son manque de civilité et son arrogance envers les membres du public. Aujourdhui, je peux temoinger que c’est vrai”.
Me Bala Padiachy, deuxième avocat d’Appadoo, soutient les propos de son collègue : “Suite à une requête au départ faite par moi, j’ai demandé des détails sur des dates des allégations faites contre mon client; M. Tuyau était irrité, il m’a dit que si je mettais des bâtons dans les roues, il irait voir ses supérieurs. J’étais très choqué”.