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Vaincu mais vainqueur…

Il est des valeurs qu’on n’achète pas. L’élégance n’est pas à vendre. Contrairement aux sachets de macaronis et aux barquettes de briani. Mais certains n’ont que faire des valeurs. Ils choisissent l’arrogance, le mépris du fair-play, la bassesse des comportements. Même quand ils sont vaincus, ils se proclament vainqueurs. Que retenez-vous du discours du Premier ministre à l’issue des résultats des municipales ? Que pensez-vous de cette scène tragi-comique avec, dans le rôle principal, Ramgoolam jouant à ‘j’ai perdu mais j’ai gagné quand même ’ ? On attend d’un Premier ministre une certaine classe, une posture de gentleman, on attend qu’un Premier ministre respecte les règles du jeu de la démocratie, on attend qu’un Premier ministre prenne de la hauteur, respire au sommet de la montagne et non qu’il continue, au lendemain d’une élection, à patauger dans la crasse des petitesses.

Or, le chef du gouvernement a donné une image de mauvais perdant, lundi dernier. Et ce n’est pas à son honneur. Qu’est-ce que cela lui aurait coûté de concéder la défaite, de montrer son esprit sportif, qu’en beau joueur il respecte l’adversaire ? Il aurait eu le respect des Mauriciens, il serait resté digne dans l’échec, gardant la tête haute en revenant du champ de bataille. En choisissant de nier la victoire du MMM, car victoire il y a eu, malgré la faible marge, en décidant de regarder la performance de l’alliance PTr-PMSD avec des visières, découvrant soudainement que les résultats des municipales de 2005, remportées par les Rouges-Bleus, étaient une parenthèse de l’histoire, Ramgoolam donne l’image d’un chef qui refuse de regarder la vérité en face. Certes, l’on peut deviner sa déconvenue : il s’est jeté dans la bataille en donnant à cette campagne un air d’élections générales, faisant du choix entre lui et SAJ – qu’il voulait jeter dans la poubelle de l’histoire – un enjeu national; il avait vu dans la foule de Bar chacha un renversement de la tendance. Mais avec 18-0, non seulement Beau-Bassin/Rose-Hill est restée mauve, mais le PMSD n’a pesé d’aucun poids dans cette ville qui pourtant avait déjà vu l’élection de Xavier Duval contre Françoise Labelle lors de la partielle de septembre 1999.

Si Ramgoolam veut s’agripper à ces pourcentages qui, d’après sa lecture témoigne d’un «déclin» du MMM ( ce n’est qu’hier qu’il a commencé à nuancer ses propos, reconnaissant des lacunes) et d’une «remontée exceptionnelle du PTr-PMSD», c’est qu’il s’est rendu compte que lui, le rusé invaincu depuis 2005, a laissé cette fois des plumes. Ainsi découvre-t-il, avec étonnement, que sa machinerie, généralement bien huilée, n’a pas fonctionné. Les menaces de Sik Yuen ont eu l’effet inverse, tout comme le souhait de Nita Deerpalsing qui s’était donné pour mission de «donn enn leson bann gran labous MSM ici dans Quatre-Bornes». Tout ça alors que se servant des leviers du pouvoir dont il dispose, le Premier ministre et ses fidèles lieutenants ne se sont privés d’aucune carte : provoquer une série de démissions dans les rangs du MSM et tendre la main à ces opportunistes pour fragiliser le remake, justifier l’incroyable censure de l’IBA sur les radios privées, manipulation écœurante de la MBC, asphaltage des routes jusqu’à la veille du scrutin, distribution de vivres à des heures improbables par le ministre Boolell, pris la main dans le macaroni, débouchant sur un buzz mortel sur le Net.

Pour la première fois depuis longtemps Ramgoolam fait l’expérience du goût amer de la défaite. Trop longtemps. Et il oublie les règles du fair-play. Il y a de ces valeurs qui n’ont pas de prix…

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