L’Opposition estime que le CEB a favorisé la Compagnie Thermique du Sud (CTDS) pour que le contrat pour la production d’électricité soit alloué à celle-ci et parle de scandale. Ce que réfute vivement Alan Ganoo, ministre de tutelle.
Ce sont les chiffres rendus publics par le ministre des Utilités publiques que conteste Navin Ramgoolam, mardi dernier à l’Assemblée nationale lors de la Private Notice Question (PNQ).
Si Alan Ganoo avance que le CEB compte acheter le kilowatt/heure de la CTDS à Rs 2.16 en 2005 et à Rs 2.51 le kw/hr en 2008, le leader de l’Opposition déclare que le barême du ministre est “totalement faux”. Pour lui, en 2008, le kw/hr proposé par la CTDS est de Rs 2.86, s’appuyant, dit-il, sur un document officiel émanant du Conseil d’administration du CEB. Démenti formel d’Alan Ganoo. “My information is right and you are wrong”, rétorque Navin Ramgoolam en brandissant un document sans toutefois, le déposer sur la table de l’Assemblée nationale.
Il s’est aussi demandé pourquoi la production de l’électricité devrait se faire à partir du charbon, alors que la politique du gouvernement est de protéger l’environnement en utilisant de la bagasse comme une source énergétique. Ce à quoi Alan Ganoo lui a dit que les options étaient ouvertes pour toutes les technologies.
Match Ramgoolam-Speaker
À Arvin Boolell qui a avancé que le contrat a été “tailor made” pour la CTDS au détriment de Médine, le ministre des Services publics a protesté. Selon lui, toutes les procédures ont été suivies lors de l’appel d’offres et “la CTDS était l’offre la plus compétitive après l’exercice d’évaluation”. Avant de lancer à l’adresse du député de l’Opposition sur un ton sec et net : “Je ne pense pas que le membre soit un agent de Médine”.
Les échanges ont été durs entre les membres de l’Opposition et Alan Ganoo lors de cette PNQ. À tel point qu’il a fallu l’intervention énergique du Speaker pour ramener un tant soit peu le calme. C’était sans compter sur la rancune tenace de Navin Ramgoolam contre président de la Chambre depuis ses démêlés avec lui la semaine dernière. Le leader de l’Opposition l’avait qualifié de “biased” avant d’effectuer un walk-out.
Dev Ramnah lui a répondu, mardi dernier, à l’ouverture des travaux parlementaires. Il a dit à Navin Ramgoolam que sa conduite “était inacceptable” avant de lui rappeler que, même s’il est le leader de l’Opposition, “il n’avait pas le monopole des questions, fussent-elles à la suite d’une PNQ”. Il a aussi conseillé à l’Opposition de venir avec une motion formelle pour contester sa présidence.
Ainsi, quand le Speaker voulait calmer les ardeurs des parlementaires lors des échanges sur la PNQ, Navin Ramgoolam lui a lancé cette phrase assassine : “You are shielding him (ndlr : Alan Ganoo)”. Ce fut alors l’affrontement inévitable. “Are you scaring me ? ”, lui a demandé un Dev Ramnah menaçant. “You think I’m scared of you?”, a rétorqué le leader de l’Opposition. “I’m not scared of anybody”, lui a renvoyé bruyamment le Speaker. “Neither am I”, a dit pour finir Navin Ramgoolam qui ne percevait pas l’appel au calme que lui lançait subtilement Jayen Cuttaree.
La séance s’est par la suite déroulée sans trop d’anicroches et le ‘Jewellery (Amendment) Bill’ a été voté avant que Pravind Jugnauth, ‘leader of the House’ en l’absence de Paul Bérenger du pays, n’ajourna les travaux à mardi prochain.
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Billet
Coupable, peut-être non, responsable, oui
Le ministre Sangeet Fowdar nous prend-il pour des demeurés ?
La semaine dernière, lors de la Private Notice Question (PNQ), le ministre MMM est venu affirmer que la Cargo Handling Corporation (CHC) comptait faire l’acquisition des portiques en contractant un ‘operating loan’ à travers un crédit-bail. Qui dit ‘operating loan’ dit location d’équipements. L’assentiment du Central Tender Board (CTB) est, dans ce cas, superflu.
Or, quand l’Opposition a avancé que c’était un ‘finance loan’, c’est-à-dire un achat à travers un crédit-bail, ce qui nécessitait le feu vert du CTB, Sangeet Fowdar a maintenu le contraire. Entre-temps, le Conseil des ministres a nommé une commission d’enquête que présidera l’ex-juge Glover.
Mardi dernier, durant le ‘statement time’, ce même Sangeet Fowdar est venu dire que la CHC lui avait fourni des informations erronées sur l’acquisition de ces portiques et que c’était finalement l’option ‘financing loan’ qui avait été choisie. Ce qui nécessitait, dit-il, l’aval du CTB après un exercice d’appel d’offres. Le ministre est aussi venu confirmer que des banques avaient proposé de financer l’achat des portiques de la CHC à hauteur de moins de 3% d’intérêt et que cette offre n’avait même pas été étudiée.
Pourquoi emprunter à moins de 3% d’intérêt alors que la CHC peut payer 6,2 % à travers un crédit-bail?
À première vue, les responsables de la CHC et de la MPA sont à fusiller, selon Sangeet Fowdar. Pas lui. Mais il semble oublier que ces deux corps para-étatiques tombent sous sa tutelle et que son secrétaire permanent était partie prenante dans les négociations pour l’acquisition des portiques. Il aurait dû être au courant.
Suivons cette logique “pas moi sa, li sa” et prenons le cas d’un jeune stagiaire d’une rédaction qui écrit une bêtise sur quelqu’un. Se sentant diffamé, ce dernier poursuit. Est-ce que c’est le stagiaire qui répond en Cour pour le journal ou le rédacteur en chef?
Il en va de même pour tout ministre. Dans le cas de Sangeet Fowdar, si la CHC et la MPA ont “fané” - pour reprendre l’expression du PM -, le ministre de tutelle doit répondre de leurs maladresses à l’Assemblée nationale.
S’il n’est peut-être pas coupable, Sangeet Fowdar est définivement responsable des travers de ceux qu’il chapeaute. Si le dossier tourne autour de plusieurs dizaines de milions de roupies, le ministre doit y mettre son nez pour s’assurer que tout a été fait dans les règles. Il n’aurait pas dû attendre que les autres l’informent. Pour cela, il doit être pointé du doigt.
Ce n’est pas nous qui avions demandé à ce qu’il fût ‘upgraded’ au sein du Cabinet par le Premier ministre. On a encore en mémoire le ‘remaniement dans le remaniement’ de décembre dernier. Assumez, maintenant, M. le ministre du Port ! Assumez, M. le Premier ministre, profil sociologique de Sangeet Fowdar ou pas !