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“Pourquoi pas un retour de ma part au PTr ?”

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Le Dr Siddick Chady, qui a démissionné du Parti travailliste pour siéger en indépendant, n’exclut pas totalement la possibilité qu’il fasse un retour vers ses anciennes amours. Mais il dit quand même vouloir garder ses options ouvertes. Au cas où...

Q : Avec du recul, comment voyez-vous votre démission du PTr ?

R : Ma démission du Parti travailliste m’a été d’un grand secours. J’ai fonctionné avec beaucoup d’indépendance sans attache à l’idéologie d’un parti. Je me sens très à l’aise pour soulever des questions d’intérêt national à l’Assemblée nationale. Je mène une opposition constructive. Quand un député est dans un parti, il doit suivre la ‘party line’ ou il s’en va s’exprimer ailleurs. Je ne me suis pas éloigné du PTr sur un coup de tête. C’était une décision mûrement réfléchie. Je sais que je ne pourrai pas éternellement rester en indépendant, il va falloir que je me rallie à une des trois forces politiques principales du pays, à savoir le MMM, le PTr et le MSM. D’où le recul pour voir laquelle choisir.

- Vous quittez le PTr afin de prendre du recul pour savoir s’il faut que vous réintégriez le PTr. Expliquez-nous cette démarche.

R : Le tout pour moi est de savoir si les dirigeants du PTr ont fait leur mea culpa, s’ils ont constaté qu’ils avaient tort et si mes récriminations étaient fondées concernant mes mandants. Si c’est le cas, pourquoi pas un retour de ma part au PTr ? Mais rien n’est décidé encore. Je réfléchis vers quel parti me tourner pour servir au mieux une circonscription dont les habitants sont majoritairement d’une communauté minoritaire.

Q : Quelle est finalement la tendance de Sidick Chady : l’alliance MSM/MMM ou l’alliance sociale ?

R : Ce sont mes mandants qui décideront après le Budget. Certains voudraient que je réintègre le PTr. Ils disent que je me sentirai plus à l’aise au sein d’un parti que jai servi. Alors qu’une autre tendance veut que je me joigne au gouvernement. Une troisième préfère l’attentisme jusqu’aux prochaines législatives. Toutefois, il faut que je mette toutes les chances de mon côté pour servir mes mandants. Je souhaiterais me porter candidat au No 3; cela pourrait être sous n’importe quelle bannière. Les options restent ouvertes.

Q : Se peut-il qu’il y ait un arrangement électoral officieux au No 3 entre le Hizbullah et vous-même ?

R : Même si Cehl Meeah change le nom du Hizbullah, il n’est pas question pour moi de travailler avec lui ou de faire un quelconque arrangement. Cehl Meeah n’est pas un politicien; il a fait de la politique en se servant de la religion et il a divisé la communauté musulmane. Il est hors de question de faire de la politique avec un background religieux à Maurice. Il est vrai que je l’ai déjà discuté avec Cehl Meeah. Si l’homme a changé, l’attitude des autres n’a pas changé envers Cehl Meeah. Le leader du Hizbullah a donné un ‘bad name to the community’.

Q : On constate qu’il y a une tentative de plusieurs personnalités de se faire le porte-parole de la communauté musulmane. Vivrions-nous à l’heure du CAM, avec la naissance d’un leader musulman ?

R : Ce serait très ambitieux de ma part de me positionner en tant que leader de la communauté musulmane, car un parti ne se construit pas du jour au lendemain. Je veux vendre mes idées à travers un grand parti et si j’ai des ‘followers’, cela fait un poids certain pour se faire entendre. Je n’ai pas l’ambition de devenir le leader de la communauté musulmane, mais si jamais, avec le temps, je considère que mon équipe et moi avons la capacité et les ressources humaines et si la demande est pressante, pourquoi pas ? Quand on embrasse la politique, on le fait pour la nation, ensuite pour sa circonscription et, en dernier lieu, pour sa communauté. Si on fait l’un sans l’autre, rien ne marche.

Q : Yusuf Mohamed a réclamé un quota d’investitures et des postes ministériels pour les musulmans. Souscrivez-vous à ce qu’il a dit?

R : Ces demandes, je les ai moi-même déjà formulées. On a déjà eu onze tickets réservés aux musulmans, de même que quatre ministres au sein d’un Cabinet. Ce que je voudrais, c’est que la fête Bakrid soit décrétée jour férié, tout comme la Pâques. Ces fêtes, aussi longtemps que je m’en souvienne, sont des jours où tout le monde chôme. C’est symbolique. Alors pourquoi ne pas rendre ces jours fériés ?

Q : Vous avez été très actif à l’Assemblée nationale ces derniers temps, mais force est de constater que vos questions concernent essentiellement les problèmes touchant les musulmans. Coïncidence ou calcul politico-communal ?

R : Mes mandants me posent beaucoup de questions sur des événements qui les touchent de près. Je leur dis que je n’ai pas de réponses à ces questions et que c’est aux autorités de les leur donner. D’où mes questions à l’Assemblée nationale; il n’y a rien de communal à cela. Je veux attirer l’attention sur la disparition du petit Akmez, sur la mort de Parvez Damree qui avait dénoncé certaines personnes à la police, et sur d’autres disparitions. On a découvert qu’il y a eu des crimes organisés à travers l’affaire Deelchand. J’ai peur que nous ne vivions dans un État mafieux. Cela m’a fait froid dans le dos quand j’ai lu un article de votre journal la semaine dernière où Antoine Chetty racontait comment il avait agressé Philipe Calou jusqu’à ce que les os du vieil homme se fracassent comme du verre. M. Calou aurait pu être mon papa.

Q : Pensez-vous qu’il y a une volonté politique de mener à bien cette affaire ?

R : C’est pour cela que je pense qu’il faut mettre la politique partisane de côté et que gouvernement et Opposition se donnent la main pour casser les reins aux mafieux. Je souhaite qu’aucun parti ne fasse du clientélisme politique en choisissant qui blâmer dans l’affaire Deelchand. S’il y a des magistrats, des politiciens, des avocats, des policiers, des représentants du Parquet, des médecins qui ont fait leur travail à la légère, j’estime que ces professionnels-là ne méritent pas notre indulgence. S’il faut purger nos institutions de quelques brebis galeuses, faisons la grande lessive.

Q : Quelle est votre opinion sur ce qui peut être appelé le cinéma de Dev Hurnam ?

R : Je ne sais pas si c’est son arrogance qui le fait agir ainsi. Il ne faut pas oublier que nous avons affaire à un homme de loi qui connaît toutes les ficelles du métier et s’il s’en sert royalement. Personne ne peut l’en empêcher; il agit dans le droit dans un État de droit.

Q : Le gouvernement a nommé deux commissions d’enquête en quelques jours. Croyez-vous en ces instances ?

R : Le Central Tender Board (CTB) est dépassé, pour reprendre ce que le PM a l’habitude de dire. Pouvez-vous imaginer que le CTB évalue toutes les offres, fussent-elles techniques, ou les autres services, comme le projet de Montagne Jacquot ? Au CTB, on parle de ‘lowest’ et non de ‘value for money’. Quand il y a appel d’offres, c’est le consultant qui doit être bien choisi, car c’est lui qui prépare les spécifications. Il peut présenter un projet ‘tailor made’. J’ai été ministre et je sais de quoi je parle. Les exigences peuvent être tellement contraignantes à respecter qu’il ne reste souvent qu’un soumissionnaire en lice. Les commissions d’enquête, à cet égard, sont une perte de temps.

Q : Pourquoi ?

R : Parce que cela ne va rien donner. Dans cette histoire de portiques, le CTB est le plus grand coupable, car même si l’‘operating lease’ ne tombe pas sous son ‘purview’ dans l’acquisition de ces équipements, la direction aurait dû demander au gouvernement d’amender la loi pour lui donner le pouvoir d’y mettre son nez. Il s’agit ici de plusieurs dizaines de millions de roupies. La Cargo Handling et le ministre disent que le temps pressait. Chez moi, avant même qu’il n’y a plus de riz, je vais en acheter. Il en va de même dans l’affaire des portiques. Il fallait prévoir.

Q : On constate que vous avez mis un bémol dans vos attaques contre Paul Bérenger. Est-ce que vos soucis financiers en sont pour quelque chose ?

R : J’ai la maturité politique maintenant. Avant, j’étais très critique mais je reconnais que le peuple l’avait voté pour être Premier ministre. Par contre, je maintiens que le leader du MMM doit s’expliquer sur l’épisode Toorab Bissessur; il doit répondre. Il y a une grande leçon que j’ai retenue : quand on est cantonné dans un parti, on se laisse involontairement guider par la façon d’agir et de penser des autres. Loin du collectif, je vois certaines choses avec beaucoup de plaisir, comme les développements dans des régions jusqu’ici laissées-pour-compte qui portent la griffe du PM. Il ne faut pas nous leurrer sur cette question. Paul Bérenger fait du bon travail, pas seulement pour les gros secteurs. D’ailleurs, je ne vois pas un gouvernement ne rien donner aux gros secteurs.

- Vous démolissez l’argument du leader du PTr qui dit qu’il cassera les reins aux gros capitaux s’il reprend le pouvoir.

R : Navin Ramgoolam peut dire ce qu’il a envie de dire sur la démocratisation de l’économie, il ne pourra rien faire sans les gros capitaux. Quel gouvernement peut fonctionner sans les gros capitaux ? J’aurais voulu entendre le PTr dire ce qu’il fera quand le protocole sucre prendra fin en 2007, ce qu’il fera avec le vieillissement de la population ? Il est trop facile de tenir des discours, il faut des propositions concrètes.

Q : Et la formule MSM sur la représentation proportionnelle ?

R : Je suis pour la formule Collendavelloo qui évite que des leaders politiques soient hors de l’Assemblée nationale. Cette formule est équitable et ne remet nullement en cause le First Past the Post System et le Best Loser System. Je suis déçu de la formule qui a été proposée, celle du MSM. Ce que le MSM ne sait pas, c’est que la formule qu’il a proposée peut lui être fatale si le MMM et le PTr vont en alliance, par exemple.

Q : Quelle est votre opinion sur Navin Ramgoolam ?

R : J’aurais souhaité connaître sa position sur le Commissaire de l’ICAC, sur Dev Hurnam; quant à sa position sur Choonee, on ne l’a jamais sue. Je suis partisan de mener une croisade contre la drogue, l’ICAC et des sujets brûlants comme l’affaire Deelchand. Je compte rencontrer Navin Ramgoolam pour débattre de ces sujets. Il ne faut pas qu’il se laisse gagner par le jeu de certains qui lui conseillent de ne pas dénoncer, car il y a des intérêts à protéger, ou qu’il y a des échéances électorales qu pourraient gêner le PTr. La liste d’Aly Lazer, l’affaire Deelchand et les autres sont des problèmes d’ordre national et son poste de leader de l’Opposition lui donne une force de frappe que je n’ai pas.

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