Aldo Auleebux et ses élèves mijotent de bons plats végétariens
Ici, les légumes sont rois. Ici, on hume l’arôme des fines herbes et tout se conjugue au vert. Ici, c’est une école, mais pas comme les autres. C’est une école de cuisine. La particularité de cette école: on y enseigne la cuisson des plats végétariens.
Une délicieuse odeur de fromage fondue chatouille les narines. On est dans la classe d’Aldo Auleebux, le chef de l’école. Le végétarisme, c’est un mode de vie, une question de santé; il est parfois lié à la religion; c’est aussi une cuisine saine ou encore une habitude. “Je travaille dans un restaurant à Port-Louis où on propose la cuisine végétarienne et beaucoup de gens se montrent intéressés par notre sélection de mets végétariens. Il y a cette demande d’apprendre à cuisiner végétarien et l’école, dûment enregistrée auprès des autorités concernées, existe depuis novembre 2003. Depuis, elle continue à accueillir des centaines d’étudiants venant des quatre coins de l’île”, nous explique Aldo Auleebux.
Le cours existe en deux modules distincts. Un cours de base comprenant 13 préparations au coût de Rs 800 pour toutes les sessions et un autre cours plus poussé avec 60 préparations à Rs 4000. Les deux cours ont lieu deux fois par semaine, les mercredi, et les samedis, à différents moments de la journée.
Le chef devant ses fourneaux
Devant ses fourneaux, le jeune Aldo Auleebux, lui-même végétarien depuis maintenant huit ans, attire le regard de ses élèves. “Ma décison de me faire végétarien, je l’ai prise après avoir pesé le pour et le contre. C’est le côté sain du végétarisme qui m’a interpellé et, depuis voilà huit ans, je ne mange plus de chair et croyez-moi, je sens la différence, je pète la forme”, nous dit Aldo. “On trouve des produits végétariens particulièrement dans les supermarchés et c’est faux de penser que manger végétarien coûte cher”, ajoute Aldo.
Hommes, femmes, étudiants ou encore mères au foyer suivent avec attention les instructions du chef sans perdre une miette des démonstrations exécutées et commentées par le chef. “À vos fourneaux!”, La consigne est donnée ! Place à une heure et demie de plaisir pour le nez et la bouche de tout un chacun présent dans la salle.
Yadvi, 20 ans, étudiante en droit à l’Université de Maurice, Brinda qui travaille dans l’informatique, Sonia, esthéticienne et mère au foyer, Amrita de Moka , Sheila de Quatre-Bornes et Maya de Grand-Bois ont toutes quelque chose en commun : elles adorent les plats végétariens.
“Je suis végétarienne depuis trois ans et j’ai choisi à l’être par choix et pour m’imposer une hygiène de vie”, nous dit Yadvi. Comme ses autres copines de classe, elle s’applique afin de ne rien rater de ce que fait Aldo. “Le végétarisme fait maintenant partie des moeurs. Il y a beaucoup de gens qui sont désormais végétariens mais ils le sont à leur façon. Il y en a qui ne consomment ni chair ni lait ni oeuf alors que d’autres consomment du lait et des oeufs. C’est avant tout un choix de vie”, dit Yadvi.
“Il y a des gens qui ne sont pas du tout végétariens mais qui observent souvent le carême, ce qui les contraint à consommer des plats sans chair”, nous dit Aldo.
C’est le cas de Sonia qui habite Quatre-Bornes. “À cause de ma religion, nous faisons souvent carême à la maison. Cela déplaît aux enfants de toujours manger les mêmes plats: riz et grains secs. Depuis que je me suis jointe à cette école de cuisine, c’est à chaque fois un plat différent, facile à préparer, pas cher et qui plaît à tout le monde. Depuis, finies les boutades à la maison”, nous dit Sonia.
Quant à Brinda, elle n’est pas, non plus, végétarienne mais depuis qu’elle a découvert ces plats, elle se passe volontiers de temps en temps de chair. “C’est une nouvelle expérience”, dit-elle. Les personnes qui fréquentent l’école d’Aldo Auleebux le font particulièrement pour apprendre la cuisson de plats végétariens ; des plats qu’elles n’hésitent pas à refaire chez elles pour le plaisir des autres membres de leur famille.
Les mains recouvertes de farine, le jeune chef malaxe avec vigueur une boule de farine. Étirée, pétrie, la pate s’étale comme par magie jusqu’à devenir comme une fine toile blanche. Dans la salle, les odeurs se mêlent. Dans un silence religieux, les étudiants prennent des notes et regardent avec attention les moindres faits et gestes de leur mentor. C’est le salé qui est en fête. Au menu: Un pasta au fromage et un pain aux olives. La règle d’or: la pratique. Au choix: de la cuisine végétarienne, accessible à tous et au monde entier. Les photos accrochées çà et là - des plats aux couleurs chatoyantes, d’un réalisme époustouflant - en disent long sur la saveur de la cuisine végétarienne.