Le MSM s’est piégé avec sa nouvelle formule pour un nouveau mode de scrutin. C’est ce que laisse entendre Arvin Boolell qui tire à boulets rouges sur Pravind Jugnauth et le MSM. Selon lui, le MSM sera laminé aux prochaines législatives avec la formule qui sera adoptée pour introduire une dose de représentation proportionnelle dans notre système électoral.
Q : Alors que des meetings d’organisation en vue du 1er Mai battaient leur plein, le leader du PTr choisissait de se rendre à l’étranger...
R : Je ne peux comprendre pourquoi l’absence de Navin Ramgoolam pendant cinq jours a été diversement commentée. Pour l’électorat travailliste, le problème ne se pose pas. Le leader a été invité à assister à une conférence à Londres et a même présidé une séance concernant l’investissement dans les pays G-8 en Afrique. C’est tout à son honneur, celui du PTr et du pays. Karl Offmann peut vous dire que le Dr Ramgoolam a fait honneur au pays. Durant l’absence du leader, nous avons intensifié, sur le terrain, notre campagne de proximité axée sur la réconciliation des facteurs social et économique, contrairement à la politique de mercantilisme du gouvernement.
Q : Le PTr fonctionnerait-il mieux sans son leader ?
R : Le Dr Ramgoolam était en mission; il avait établi le calendrier de travail avant son départ et ce travail a été fait.
Q : Qu’en est-il des rumeurs autour de tractations entre le PTr et le MSM ?
R : Ce qui intéresse la population aujourd’hui, ce sont des élections générales anticipées pour qu’on se débarrasse du gouvernement MSM/MMM. C’est dans l’intérêt du PTr que le MMM et le MSM aillent ensemble aux prochaines élections. L’électorat du MSM et une partie de celui du MMM portent un intérêt spécial à notre politique de réconciliation des facteurs social et économique. En Ramgoolam, les Mauriciens voient un homme qui réconcilie toute la communauté mauricienne.
Q : Les incidents entre vous-même et Ajay Guness sont-ils synonymes d’une certaine nervosité du fait que le MSM semble gagner du terrain ?
R : Quelle remontée du MSM? Parlez plutôt de décadence du MSM. L’électorat de ce parti, qui représente moins de 10%, en a marre du leadership du MSM. Ce n’est pas une salle comble à Réduit pour le congrès du MSM et une campagne pour ‘build up’ Pravind Jugnauth qui vont berner la population. Pravind Jugnauth n’a pas l’étoffe d’un leader. Il souffre d’une mollesse indescriptible et n’est même pas la poupée de cire de Paul Bérenger car il privilégie une politique centrée sur sa personne. Le trio infernal - Soodhun, Lesjongard et Bodha - fait beaucoup de mal à Pravind Jugnauth et il sait qu’il n’a d’autre choix que de s’agripper au MMM. C’est pourquoi le leader du MSM a accepté la proposition de Paul Bérenger concernant le ‘extended best loser system’ dans la réforme électorale préconisée par le gouvernement.
- C’est pourtant la formule Leung Shing.
R : Ce n’est plus la formule Leung Shing dont l’essentiel de l’idée était de repêcher les meilleurs perdants. Ce que veut M. Bérenger s’inscrit bien dans une logique de balkanisation de notre société rien que pour profiter au MMM. Quand vous parlez de la formule Leung Shing, elle est à l’encontre même des propositions faites par le comité d’élite présidé par Ivan Collendavelloo qui préconise une liste établie par le leadership du parti. Le cadeau empoisonné présenté au MSM par Bérenger amplifiera davantage le désarroi au sein du MSM. Deuxièmement, cette formule remettra en cause la discipline et la loyauté au sein de ce parti et, en dernier lieu, cela va contribuer à ethniciser la politique à Maurice. Qu’est-ce que Paul Bérenger a en tête ? Le leader du MMM sait très bien que le MSM est en nette perte de vitesse.
Q : Comment la formule de la représentation proportionnelle gênera-t-elle le MSM ?
R : Dans les circonscriptions rurales, M. Bérenger pense qu’il a déjà un certain pourcentage. Ce qui va se passer, c’est qu’il y aura une âpre lutte entre les candidats du MSM et ceux du MMM pour que l’un d’entre eux puisse être repêché en quatrième position. Où est la loyauté envers le parti ? Le MMM, avec le pourcentage minime qu’il a dans les villages et sa tentative d’ethniciser la politique, pense pouvoir placer ses candidats en quatrième position dans les régions rurales. Avec cette formule, les candidats vont être alignés au nom des associations socio culturelles et c’est la raison pour laquelle M. Bérenger fréquente assidûment leurs responsables. Sir Anerood Jugnauth a compris la chose, étant aguerri, alors que Jugnauth fils et son MSM s’agrippent au MMM. Le MSM va être laminé avec la formule de la proportionnelle proposée lors des prochaines élections générales.
Q : Pourtant, Paul Bérenger a dit que le MMM a fait “une concession majeure” à son partenaire; donc, il n’y a pas de piège, n’est-ce pas ?
R : Quand le Bureau politique du MMM a discuté de la formule, il n’y a eu aucune contestation. Tout le monde s’est frotté les mains, sachant très bien que la formule est à leur avantage. Le MSM dit maintenant que la formule a été acceptée et que les modalités doivent être étudiées. La liste des ‘Extended Best Losers’ va-t-elle être établie avant les élections ? Le ‘extended best loser system’ viendra-t-il avant le ‘best loser system’ ? L’‘Affirmative Action’ en faveur des femmes va-t-elle empêcher que les candidates soient absentes dans les vingt circonscriptions ? Ne parlons pas des modifications qui seront apportées sur le découpage électoral.
Q : Pensez-vous que ce changement à venir risque de remettre en cause l’équilibre ethnique au sein de l’Assemblée nationale ?
R : Il ne faut pas que ce pays souffre d’un ‘minority syndrome’ ou d’un ‘majority syndrome’. Je risque d’être qualifié d’hystérique par M. Bérenger si je dis gare à la politique de morcellement de cette communauté mauricienne. Il faut qu’il y ait un équilibre qui reflète que le représentant au Parlement ‘has been duly elected’ dans un système qui est juste dans une île Maurice plurielle. Les experts que sont Albie Sachs, Rama Sithanen et Ivan Collendavelloo ont dit que la réforme reflète les propositions faites dans le rapport d’Albie Sachs. Cette formule proposée ‘defeat the very purpose’ et encourage à ethniciser la politique. Il faut rejeter la formule et le cadeau empoisonné proposés par Paul Bérenger au MSM. Ce n’est pas la formule Leung Shing, mais la formule du MMM.
Q : Vous êtes très dur envers Pravind Jugnauth, pourquoi ?
R : Je ne suis pas dur envers ce monsieur, je ne fais que dire la vérité, car Pravind Jugnauth ne connaît rien à la chose politique. Par contre, quoique je n’aie jamais été sur la même longueur d’onde que SAJ, je le respecte en tant que politicien aguerri. Je sais qu’il regrette énormément d’avoir conclu une alliance avec le MMM; d’ailleurs, il n’hésite pas à critiquer ouvertement la politique prônée par Paul Bérenger. On peut dire qu’il a placé son fils pour des raisons évidentes, mais il ne s’attendait pas à ce que Jugnauth junior irait à l’encontre des intérêts des membres et de l’électorat du MSM. Vous n’avez qu’à écouter les ‘backbenchers’ du MSM qui réagissent vivement quant aux nominations MMM à des postes-clés au détriment du MSM. M. Bérenger est une personne qui prêche la politique partisane. Le parti avant l’État a toujours été le leitmotiv du leader du MMM. Les décisions de son Bureau politique vont être répercutées au sein de l’Exécutif.
Q : Le PTr a timidement commenté l’affaire Deelchand. Est-ce parce que cela gêne ?
R : Le PTr demande que Dev Hurnam démissionne comme député et nous sommes le seul parti à n’avoir jamais remis en cause les institutions démocratiques du pays. Pourquoi le gouvernement a-t-il dissous l’Economic Crime Office (ECO) ? Pourquoi y a-t-il eu une atteinte ‘to gag the press’ dans l’affaire Ganoo ? Que se passe-t-il dans l’affaire Choonee ? (L’interview a été réalisée avant que Mukheswur Choonee ne soit blanchi par le DPP). Quoi qu’en dise Pravind Jugnauth, l’affaire Toorab Bissessur nous laisse perplexe. Il y a une perception d’ingérence de la part du gouvernement. La rencontre de Paul Bérenger avec Cehl Meeah en est un exemple concret.
Q : L’affaire Deelchand gêne-t-elle le PTr ?
R : Elle ne gêne nullement le Parti travailliste et il ne faut pas prêter foi aux rumeurs. La police fait son travail.
- Vos adversaires disent que les ‘affaires’ ont pris racine sous le régime travailliste.
R : Je mets au défi quiconque de dire ce que cela a à faire avec le PTr. C’est une pure invention des adversaires de notre parti. Cette question ne mérite même pas que j’y réponde. Cherchez ailleurs la réponse.