Étonnant le PTr. Son leader souffre d’un déficit de crédibilité mais ce parti reste fièrement debout.
Navin Ramgoolam a un problème d’image à la suite de sa contre-performance en tant que leader de l’Opposition entre 1991 et 1995 – il faillit même perdre son siège si Paul Bérenger, qui nourrissait en secret l’espoir de contracter une alliance avec lui, n’était pas venu à sa rescousse - et en tant que Premier ministre entre 1995 et septembre 2000.
Il est acquis que des dirigeants rouges, en coulisse, sont découragés par “l’insouciance” de leur leader. N’est-il pas parti à Londres pour participer à une conférence organisée par l’université américaine de Boston et ce, en pleine campagne de mobilisation pour le 1er Mai? Pourtant l’Alliance sociale a fait une performance relativement bonne hier, en termes d’affluence, à son meeting à Quatre-Bornes. Comme si le PTr est une entité qui peut vivre indépendamment de la performance de son leader. Peut-être parce que ce parti est enraciné dans l’île Maurice profonde.
Une chose toutefois est sûre : la dynamique créée en faveur du Ptr par la victoire de ce parti à la partielle au No 7, dynamique qui semble ne pas faiblir, est due davantage au fait que les Mauriciens sont mécontents, pour diverses raisons, du gouvernement que pour leur adhésion aux thèses des rouges.
Il n’empêche que Navin Ramgoolam était très en verve en tant qu’orateur à Quatre-Bornes.
“Nous ne sommes pas satisfaits!” a lâché, hier à 11h30, un dirigeant mauve au regard de la foule obtenue par l’Alliance MSM/MMM à la rue Edward VII à Rose-Hill. Et cette foule n’était pas très enthousiaste. Pourtant elle était dans le fief du Premier ministre et leader du MMM, Paul Bérenger.
Dès mars, l’Alliance gouvernementale avait mis au point un dispositif de campagne centré sur la “ faillite” du PTr quand ce parti était aux commandes et sur la culture de travail de l’actuel pouvoir. La cible bien sûr fut Navin Ramgoolam. Tout laisse croire que cette campagne n’a pas très bien marché. Pourtant, le congrès réussi du MSM apparaissait comme le point d’ancrage pour un redémarrage de ce parti. Le MSM est devenu le véritable maillon faible de l’Alliance gouvernementale depuis que sir Anerood Jugnauth – ex-leader charismatique de ce parti et qui a à son actif plusieurs titres de gloire dont celui d’avoir été l’artisan de l’île Maurice moderne – est allé au Réduit. Son fils souffre d’un problème de reconnaissance. Pravind Jugnauth a beau vouloir se différencier de son papa par son style qu’il veut ‘soft’, la mayonnaise tarde à prendre.
Peut-être parce que le MSM est né au pouvoir et y est demeuré treize ans de suite par un jeu d’alliances, l’île Maurice profonde n’est pas attachée à ce parti par émotion; ce sentiment irrationnel à la base des fameuses vagues électorales. Comme le MMM, le PTr est né au sein de l’île Maurice ‘d’en bas’ – terme qui fait florès en France - au travers des luttes syndicales. Cela laisse forcément des traces dans le subconscient collectif. Nombre de Mauriciens s’attachent au PTr par amour indépendamment de celui qui est à la tête de ce parti . C’est moins le cas pour le MSM.
Les législatives ne sont pas loin et nous entrons dans une période de précampagne. Tout laisse croire, sauf miracle, que l’Alliance MSM/MMM va être reconduite. Arvin Boolell s’y résoud en déclarant à la page 8 que “ c’est dans l’intérêt du Ptr que le MMM et le MSM aillent ensemble aux prochaines élections”. Paul Bérenger a dit hier qu’il a en tête une ‘winning formula’ pour l’échéance de 2005, qu’il va en discuter avec Pravind Jugnauth.
La formule à l’israélienne a su créer “le déclic” qui a porté l’Alliance MSM/MMM au pouvoir. Reste à savoir si ce sera la même chose avec la deuxième.
En tout cas, à l’instar de Arvin Boolell, nombre de dirigeants du PTr sont fin prêts à livrer bataille.
Le 1er Mai est une indication des forces en présence. Il semble que les partisans du Ptr sont mieux motivés que ceux de l’Alliance MSM/MMM.
Étonnant quand on connaît les moyens dont dispose le pouvoir pour mobiliser ses troupes.