Dans l’interview qui suit, dans le sillage de la fête du Travail qui sera célébrée samedi prochain, Reeaz Chuttoo, syndicaliste à la ‘Federation of Progressive Unions’ (FPU), définit le rôle du sydicaliste. Il est d’avis qu’un syndicaliste doit faire beaucoup de sacrifices et doit défendre les droits des travailleurs avant tout et ne doit pas se laisser tenter par des privilèges.
Q : La fête du Travail sera célébrée samedi prochain. Que fait votre centrale syndicale à cette occasion ?
R : Nous organisons un rassemblement à 8h30 à notre siège à Rose-Hill. Plusieurs intervenants vont prendre la parole ce jour-là. Nous allons par la suite marcher jusqu’à Belle-Rose pour aller rejoindre deux autres centrales syndicales (Ndlr : le National Trade Union Congress (NTUC) et le Mauritius Labour Congress (MLC) à l’hôtel River View pour ensuite nous diriger ensemble vers le Plaza aux alentours de 10 heures.
Q : Que doit faire un syndicaliste dans la pratique ?
R : Le syndicalisme, c’est un choix. Le syndicaliste est avant tout un militant engagé qui défend la cause des opprimés de la société. Il est aussi un rassembleur et un éducateur. Le syndicaliste ne doit pas jouer le rôle d’un leader politique partisan qui impose ses décisions. Il doit favoriser le débat dans la contradiction. Il faut cependant faire la différence entre un syndicaliste et un président de syndicat ou encore entre une personne qui représente un syndicat. Le syndicaliste a un rôle prépondérant à jouer car le système actuel va de plus en plus vers la dégradation sociale et vers l’incertitude puisque tout se fait par rapport à la force du marché. Un syndicaliste doit savoir ce qui se passe autour de lui et ce qui le menace. Il doit évoluer avec le soutien de ses membres.
Q : Les syndicalistes sont souvent critiqués lorsqu’ils voyagent fréquemment et bénéficient de privilèges. Certains disent aussi qu’il y a un abus de ‘check off’. Comment réagissez-vous à ces remarques ?
R : Un syndicaliste ne doit pas se laisser tenter par des privilèges au détriment de la classe ouvrière. Il doit aussi faire beaucoup de sacrifices. Aujourd’hui, le paiement par ‘check off’ est primordial pour la survie d’une centrale syndicale. Cet argent est utilisé pour les frais légaux, l’organisation des sessions éducatives pour les travailleurs, le transport des représentants syndicaux et pour le soutien logistique. Dans une situation où des personnes sont accusées d’empocher l’argent provenant des ‘check off’, elles doivent en porter l’entière responsabilité.
Q : Avez-vous un message pour la fête du Travail ?
R : J’ai un message très particulier pour les travailleurs mauriciens. Je suis pour l’unification de la classe ouvrière. Nous devons comprendre que les travailleurs, quelles que soient leur race, leur communauté et leur nationalité, font partie d’une seule classe ouvrière. Je fais un appel aux travailleurs mauriciens pour qu’ils soutiennent les travailleurs étrangers. Ce soutien aura un impact direct sur les conditions de travail et l’avenir de l’emploi des travailleurs mauriciens. Si nous permettons aux employeurs locaux de continuer à surexploiter des travailleurs étrangers dans un cadre légal qui les autorise à le faire, ils vont davantage recruter des étrangers au détriment des Mauriciens et ces derniers seront au chômage. Cette situation va développer un sentiment de racisme et de xénophobie envers les travailleurs étrangers qui sont eux-mêmes dans une situation de semi-esclavage. Je fais aussi appel aux gens sincères pour qu’ils s’engagent dans la lutte syndicale, au cas contraire le syndicat va se transformer en un secteur de service payant extrêmement cher.
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Yusuf Sooklall : “Les syndicalistes sont appelés à évoluer”
Pour Yusuf Sooklall, président de la ‘Free Democratic Unions Federation’ (FDUF), “les syndicalistes sont appelés à évoluer” et ce, pour diverses raisons. Cette centrale syndicale organise un congrès sur les menaces qui planent sur les travailleurs, le vendredi 30 avril à Réduit à l’occasion de la fête du Travail. Il explique que les syndicalistes doivent avoir un esprit d’ouverture pour pouvoir évaluer leurs points forts et leurs points faibles. Il ajoute qu’ils doivent revoir leur façon de faire en ce qu’il s’agit des traditionnelles revendications. Selon lui, il faut désormais voir tout ce qui touche à la formation, à l’environnement et aux facteurs externes. Il précise que les syndicalistes doivent être plus exposés aux contextes national, régional et international pour avoir une bonne dose de professionnalisme. Les syndicalistes ont besoin, selon lui, d’un plus grand champ d’opération, et de plus de consultations et de reconnaissance de la part du gouvernement et du patronat.
Jack Bizlall : “Certains syndicalistes sont des lèche-bottes”
“Certains syndicalistes sont des lèche-bottes et des collaborateurs alors que d’autres sont des grands lutteurs”, déclare Jack Bizlall. Il explique qu’un syndicaliste est un homme ou une femme qui est intellectuellement et physiquement engagé dans la lutte des travailleurs. C’est quelqu’un qui est élu mais qui peut aussi être révoqué. Il est aussi le porte-parole de la classe ouvrière. Il doit être honnête et ne doit souffrir ni de schizophrénie ni de paranoïa, ni de mégalomanie. Un syndicaliste respecte la liberté des autres. Pour la fête du Travail, le ‘Muvman 1er mai, dont il est l’un des animateurs, organise une petite exposition entre 9h et 10h à la salle La Royale à Rose-Hill. Le but est de faire découvrir la lutte de la classe ouvrière depuis 1938. Il y aura par la suite neuf orateurs qui vont intervenir sur plusieurs sujets d’actualité. Il y aura aussi une animation musicale par le groupe du Centre culturel et artistique 1er mai.