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Un imam algérien expulsé de France

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Une image télévisée montrant l’imam algérien (à droite) répondant aux questions d’un journaliste mardi dernier. (photo AFP)

Les propos de l’imam algérien salafiste, Abdelkader Bouziane, notamment sur le châtiment corporel à être infligé aux femmes, ont provoqué un tollé qui a mené à son expulsion de France mercredi dernier. À Maurice, cet événement suscite également des réactions. Le mawlana Chooramun, président de la Jamiat Ul Ulama, soutient que les propos de l’imam ne justifient pas une expulsion vers l’Algérie alors que Raouf Jeeroobarkhan, président de la Muslim League, est d’avis que ce genre de théologien fait du mal à la communauté musulmane.

Algérien de naissance, l’imam Abdelkader Bouziane, 52 ans, polygame et père de 16 enfants français, diffuse la pensée salafiste (voir hors-texte) depuis les années 90 en France. Son expulsion de France fait suite à une entrevue dans le mensuel français ‘Lyon Mag’ au cours de laquelle il déclare que “battre sa femme est autorisé par le Coran dans certaines conditions”. Il explique, par ailleurs, “qu’un homme peut frapper fort pour faire peur à sa femme”. Dans l’entrevue, l’imam dit également souhaiter “l’instauration d’une République islamique en France (...) et que le monde entier devienne musulman”.

Abdelkader Bouziane a été interpellé mardi après-midi et expulsé de france, en vertu d’un arrêté ministériel d’expulsion datant du 26 février 2004. L’imam est accusé “d’atteinte à l’ordre public, du fait de son activité doctrinale salafiste”. Du côté du ministère français de l’Intérieur, on explique que “le gouvernement ne peut tolérer qu’en public soient tenus des propos contraires aux droits de l’Homme, attentatoires à la dignité humaine et en particulier à la dignité des femmes, des appels à la haine ou à la violence ou faisant l’apologie du terrorisme”. Le ministère de l’Intérieur, qui envisage d’éventuelles poursuites judiciaires contre l’imam, soutient que l’expulsion “est une mesure d’ordre public destinée à protéger la collectivité nationale”.

Réactions mauriciennes

Cette affaire qui fait beaucoup de bruit en France ne laisse pas indifférents les Mauriciens de foi islamique. “Je ne crois pas que les déclarations de l’imam Abdelkader Bouziane soient assez graves pour qu’il soit expulsé de France. Il y a peut-être un autre but derrière cette expulsion”, déclare le mawlana Jameel Chooramun, président de la Jamiat Ul Ulama, association qui regroupe les imams de Maurice. Toutefois, il est d’avis que certains propos de l’imam algérien sont faux ou inexacts, même si la plupart sont plus ou moins dans la ligne de croyance islamique. “Il s’est peut-être mal exprimé. Ce n’est pas le Coran directement qui dit qu’il faut battre sa femme mais la charia (jurisprudence islamique) et même dans ce cas, ce n’est pas battre pour faire du mal ou peiner, c’est quelque chose de symbolique pour la ramener à l’ordre dans certains cas spécifiques comme l’adultère”, soutient le mawlana.

Ce dernier pense que c’est surtout le fait que l’imam a déclaré qu’il souhaite l’instauration d’une République islamique en France qui lui a valu d’être expulsé. “Je ne peux donner raison à l’imam pour ce genre de propos car l’islam ne préconise pas l’instauration d’une République islamique. Le Coran prédit qu’un jour le monde sera islamique mais on n’a pas le droit de forcer une personne à devenir musulman”, déclare le président de la Jamiat Ul Ulama. Raouf Jeeroobarkhan, président de la Muslim League, condamne également ces propos: “Le Coran montre comment vivre dans un état non-islamique. Si les dirigeants préconisent des lois, un musulman doit vivre selon ces lois; s’il ne peut pas le faire, il doit s’en aller et non vouloir imposer sa religion”.

Respect de la décision française

Raouf Jeeroobarkhan s’élève aussi contre les propos de l’imam algérien sur le châtiment corporel à être infligé aux femmes: “Selon l’islam, il ne faut en aucun cas battre sa femme ‘fort’ comme le dit l’imam pour lui faire peur”, déclare-t-il. Toutefois, il soutient que la charia, qui découle du Coran, dit qu’il faut battre les femmes dans certaines conditions mais sans leur faire mal: “As to those wives on whose part you fear rebellion and desertion, admonish them first. In case they do not reform this conduct banish them to beds apart. If they still prove to be incorrigible, you are permitted to beat them (the wives) with a toothbrush or something like it in order to awaken in them the sentiment of self-respect and consciousness of the seriousness of their guilt (...) and in a manner which causes no injury or pain”.

Pour le président de la Muslim League, les propos de l’imam Abdelkader Bouziane sont exagérés et démontrent une certaine dérive par rapport à la croyance islamique. “C’est le genre de théologien qui fait le plus grand mal à la communauté musulmane”, affirme-t-il. Raouf Jeeroobarkhan est d’avis que si les gens comme l’imam algérien vivaient en France sans créer des polémiques, ils n’auraient pas été expulsés. “Je respecte la décision des autorités françaises parce que je pense qu’elles ont plus de renseignements que nous pour justifier cette expulsion”, dit-il.

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Salafisme, mouvement dangereux?

Né vers le milieu du 19ème siècle, le salafisme est une mouvance qui prend ses sources dans le wahabisme, une vision rigoriste de l’Islam. Le salafisme est fondé sur une interprétation littérale, figée des textes sacrés, hostile à toute innovation. Les ‘salafs’ prônent l’application totale de la charia, dont une stricte séparation entre les sexes, et appellent à purifier l’Islam de toute influence étrangère.

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Un tribunal suspend provisoirement l’expulsion de l’imam

Le tribunal administratif de Lyon a prononcé, vendredi dernier, une suspension “provisoire” de l’arrêté d’expulsion contre l’imam algérien salafiste, Abdelkader Bouziane, de France jusqu’au jugement sur le fond prévu dans quelques semaines. L’imam algérien a été expulsé de France mercredi dernier vers l’Algérie pour avoir déclaré, entre autres, lors d’une entrevue dans le magazine français, Lyon Mag, que “battre sa femme est autorisé par le coran”. Le ministre français de l’Intérieur, Dominique de Villepin, a fait appel de la décision du tribunal de Lyon de suspendre l’arrêté d’expulsion. Il a affirmé que l’administration fournirait tous les éléments supplémentaires d’information au tribunal pour justifier l’expulsion d’Abdelkader de France. Entre-temps, ce dernier pourra regagner le territoire français par ses propres moyens.

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