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“Je suis résolument contre une alliance MMM/PTr. Over my dead body”

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Le secrétaire général du MMM dit qu’une éventuelle alliance entre son parti et le PTr ne se ferait que “over my dead body”, car il est résolument contre. Il dit aussi que ce qui arrive à Dev Hurnam ne fait pas rire le MMM.

Q : Quelle est votre réaction par rapport à l’accusation de corruption faite à la police par Jack Bizlall contre Navin Beekarry, directeur d’une institution chargée de combattre la fraude et la corruption ?

R : Jack Bizlall n’est ni un Sheik Hossen ni un Antoine Chetty; donc, je me permets d’attacher une importance à tout ce qu’il dit. Au-delà de cela, il s’autorise à porter une accusation d’une gravité exceptionnelle, non pas contre l’ICAC, mais contre des individus faisant partie de l’‘ICAC et ayant un rôle statutaire, c’est-à-dire un rôle prescrit par la ‘Prevention of Corruption Act’ (POCA). Je pense que ces accusations, qu’elles soient vérifiées ou pas, doivent faire l’objet d’une enquête dans la transparence, car le souci premier de l’ICAC est d’oeuvrer dans la transparence pour que ses actes ne soient pas entachés de soupçons. Également, afin de faciliter l’enquête qui ne devrait pas prendre plus de deux ou trois semaines, ce serait de la sagesse même que les personnes incriminées puissent se mettre en retrait, en prenant un congé, en attendant que cette enquête se termine.

Q : Pourquoi alors la police n’interpelle-t-elle pas Navin Beekarry - sur lequel pèse de graves allégations - comme elle le ferait pour un simple quidam pris avec un pouliah de gandia ?

R : Cette expression de justice à deux vitesses est une expression journalistique qui ne tient pas debout et que je range dans le tiroir des balivernes. Je pense qu’on n’arrête pas un Commissaire de l’ICAC - tout comme on ne le ferait pas pour quelqu’un qui occupe des fonctions importantes - comme on arrête un vulgaire trafiquant de drogue. De grâce, cessez de jeter ici et là des clichés qui ne riment à rien et qui sont sans fondement. La justice s’applique de façon égale, mais nous ne parlons pas de la justice, nous parlons d’une enquête administrative. Il est impératif qu’une enquête sur un Commissaire de l’ICAC, tout en étant transparente, se fasse dans le respect de l’institution.

Q : Dev Hurnam a été arrêté et la caution lui a été refusée. Commentez.

R : Je note que, vendredi dernier, le magistrat de Port-Louis a ordonné que Dev Hurnam soit relâché et que le Parquet, pour contester le ‘ruling’ de ce même magistrat, s’est appuyé - pour garder Dev Hurnam en prison - sur une disposition de la ‘Bail Act’ dont, d’ailleurs, je doute de la constitutionnalité.

Q : Pourquoi le MMM a-t-il choisi de suspendre, au lieu d’expulser, Dev Hurnam sur qui pèsent de graves accusations ?

R : J’aborde la question Dev Hurnam de la façon suivante : même si les accusations ne sont pas fondées - et, croyez-moi, je demeure très sceptique sur certains faits que je lis dans les journaux - il va de soi que celles-ci sont d’une exceptionnelle gravité. Lorsque quelqu’un fait face à des accusations telles celles auxquelles a à faire face Dev Hurnam, il était important pour le MMM, surtout en tant que parti au pouvoir, de mettre Dev Hurnam ‘en congé’. Cela permettra à l’enquête d’être faite sans aucun soupçon d’ingérence politique et, donc, d’aboutir à sa conclusion logique.

Q : Pourtant, si on prend votre exemple, vous aviez soumis votre démission à l’Assemblée nationale pour une faute moins grave que celle reprochée à Dev Hurnam.

R : Premièrement, chaque cas doit être examiné dans son contexte précis. Dans mon cas, le leader du MMM d’alors, le Dr Nababsing, s’était désolidarisé de moi et l’avait exprimé publiquement dans un journal. Je n’avais donc aucune alternative.

Q : Le MMM craindrait-il une partielle au No 5 si ce parti devait expulser Dev Hurnam de ses instances ?

R : Le MMM étant un parti démocratique qui a réinstauré les partielles en 1982, serait le dernier parti à craindre une joute électorale, fût-elle partielle.

Q : Ou alors Dev Hurnam a-t-il un ‘bon’ profil sociologique pour le MMM, ce qui le rend intouchable?

R : Laissez-moi répondre à ce genre d’interrogation de la façon la plus formelle. En 1993, c’est Dev Hurnam et moi qui avons défendu le MMM dans la bataille juridique qui opposait le MMM au RMM. Lorsqu’en 1997, il y a eu une cassure, Dev Hurnam s’est porté volontaire pour aider la régionale No 5. Avant que l’alliance MSM/MMM ne se concrétisât, alors que des gens aussi vaillants et valeureux réfléchissaient à deux fois avant de se porter candidat contre Navin Ramgoolam, Dev Hurnam était là pour affronter le PTr dans une lutte qui, au No 5, s’annonçait suicidaire. Lorsque l’alliance MSM/MMM s’est concrétisée le 14 août 2000, Dev Hurnam est venu nous dire que maintenant que l’alliance était sûre de gagner les élections, il mettrait son investiture à la disposition du parti, le contexte ayant changé et que, peut-être, on voudrait de quelqu’un d’autre. Le MMM n’étant pas de cette trempe, nous avons dit à Dev Hurnam qu’il n’était pas question de ne pas reconnaître sa contribution alors que nous nous dirigions vers la victoire. Aux élections de 2000, ce n’était pas aisé de confronter le PTr dans la circonscription du Premier ministre sortant. Dev Hurnam l’a fait. C’est, certes, un caractère particulier; il a dû faire face à des difficultés très graves. À peine sa condamnation cassée par la Cour suprême, le voilà qui fait face à cette nouvelle accusation. On aime ou on n’aime pas Dev Hurnam ? Là n’est pas la question. Est-ce que quelqu’un de raisonnable peut croire que le MMM peut aussi facilement que ça oublier les sacrifices que Dev Hurnam a faits pour le parti. Poser la question, c’est y apporter la réponse.

Q : Dev Hurnam gêne-t-il le MMM dans la conjoncture actuelle ?

R : Il est évident qu’avec l’affaire Dev Hurnam, le MMM ne sourit pas. Je ne peux éliminer les hypothèses que quelqu’un, quelque part, essaie de faire du mal. L’avenir le démontrera. Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y a quand même un déstabilisateur. J’attends avec impatience la suite des événements. Je n’écarte aucune hypothèse.

Q : Le Parquet prépare actuellement son appel au Privy Council contre le jugement de la Cour suprême en faveur de Dev Hurnam. Comment réagissez-vous à cela ?

R : Si le Parquet fait appel, il en a parfaitement le droit. Je suis sûr que Dev Hurnam contestera cette démarche. On est dans le volet judiciaire et non dans celui administratif de l’affaire Hurnam. Le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) agit en toute indépendance et sur la force légale de son dossier. Le DPP prend en compte l’intérêt public avant de prendre ses décisions et s’il décide d’interjeter appel, personne ne saurait contester cette décision autrement que devant la Cour.

Q : Pour que le DPP fasse appel, son dossier doit être solide contre Hurnam, n’est-ce pas ?

R : Si le DPP décide de faire appel, c’est qu’il a certainement des raisons qu’il considère comme étant sérieuses. Savez-vous combien de fois les gens se trompent devant une Cour de justice ? Dans 50 % des cas. Ce ne serait pas la première fois que le DPP aurait tort, ni la première fois qu’il aurait raison.

Q : Que vous inspire l’affaire Deelchand ?

R : Beaucoup d’étonnement. Je suppose que tous ceux qui regardent la télé sont interloqués qu’un scénario pareil pourrait exister. Je ne suis pas disposé à attacher de la crédibilité à une enquête policière tant qu’elle n’a pas été testée devant une Cour de justice. Je suis interloqué, choqué devant le fait que tant de choses puissent arriver. Je suis également surpris qu’un notaire puisse avoir autant de clients qui terminent de façon spectaculaire leur séjour sur terre. Cela me permet de demander à toute la presse de bien se garder de faire des commentaires sur l’affaire Deelchand. La presse peut rapporter des faits, mais prenez bien soin de ne pas créer, par des expressions d’opinion, un climat qui priverait les accusés d’un procès juste et équitable.

Q : Mettez-vous en garde contre un ‘trial by the press’ ou est-ce une leçon que vous faites à la presse ?

R : La presse a un droit et un devoir. Le droit et le devoir d’informer. Mais cette liberté d’information dans notre Constitution elle-même est restreinte. La presse n’a pas le droit de diffamer, mais tout le monde ne sait pas que la presse ne peut se lancer dans des opinions sur la culpabilité des gens. La presse a oublié trop vite le jugement du juge Sik Yuen dans l’affaire Bacha où le juge a clairement établi les paramètres de ce qui est autorisé et de ce qui ne l’est pas. Il serait sage que la presse fasse une relecture de ce jugement et fasse attention de ne pas devenir un outil anti-démocratique. La puissance de la propagande à la presse est inestimable et est certainement sous-estimée chez nous. Ce pouvoir, comme tout pouvoir, doit s’exercer avec le maximum de précaution, surtout que la presse écrite exerce ce pouvoir sans l’existence de contre-pouvoir. À titre d’exemple, les radios et la télévision exercent le droit d’informer sous le contrôle de l’Independent Broadcasting Authority (IBA). La presse n’a qu’un seul juge : ses lecteurs. Il ne faut pas que les chiffres de vente d’un journal aient la priorité sur l’exercice de son devoir.

Q : Le MSM a fait une démonstration de force lors de son dernier congrès. Est-ce un message envoyé au MMM ?

R : Laissez-moi féliciter mon homologue secrétaire général du MSM et saluer tout bas la performance de Pravind Jugnauth en tant que leader du MSM. Ils ont réussi ce que le MSM n’avait pu faire depuis 1983, c’est-à-dire arriver à mi-mandat à démontrer l’adhésion populaire à un parti gouvernemental. Je n’ai aucun doute que cette expression de force démontre encore plus l’adhésion de l’électorat MSM à cette alliance avec le MMM. Au niveau du MMM, nous ne pouvons que nous réjouir de la force du MSM et espérer le plus grand bien pour l’avenir du MSM et pour celui de son leader.

Q : Le message envoyé, ne le serait-il pas pour dire au MMM de ne plus considérer le MSM comme quantité négligeable ?

R : Alors là, vous ne vous lancez même pas dans la politique de salon. Je refuse d’entrer dans une discussion que je considère complètement stérile et dénuée de tout fondement.

Q : Si l’on en croit la déclaration de Nando Bodha, le prochain Budget sera celui de Pravind Jugnauth et du MSM. Le MMM ne ferait-il plus partie de l’alliance gouvernementale ?

R : Pravind Jugnauth est le ministre des Finances et il est un MSM. Son Budget ne peut être celui du PMXD. Le Budget du ministre des Finances a l’approbation de tout le Conseil des ministres. Encore une fois, c’est chercher la petite bête là où elle n’existe pas. Ce genre de langage est répercuté par ceux qui, depuis septembre 2000, disent que l’alliance ne va durer qu’encore deux semaines. Quand Paul Bérenger avait présenté son Budget, j’avais dit que c’était un Budget MMM et personne n’avait trouvé à y redire. C’est normal que ce soit un Budget MSM.

Q : Lors de ce même congrès, Pravind Jugnauth a dit qu’il voulait faire de la politique autrement que son papa.

R : Je ne vais pas faire des analyses psychanalytiques sur la déclaration des uns et des autres. Cessons de prendre ici et là des déclarations pour faire croire qu’il existe des désaccords entre le MSM et le MMM; il n’en existe pas sur la politique générale du gouvernement.

Q : Quel besoin ont les dirigeants de l’alliance MSM/MMM de répéter que cette alliance ira ensemble lors des prochaines élections générales ?

R : Parce que les gens à Maurice ont cultivé la soif de la catastrophe politique. C’est comme si on aurait voulu avoir une catastrophe devant nous. Il faut répondre à ces gens, car le silence équivaut à l’acceptation. Deuxièmement, je me dois de rassurer la population, notre électorat, nos militants sur le fait qu’il n’y a absolument aucune raison de croire que les deux partenaires ne s’entendent pas.

Q : Que répondez-vous aux présumées tractations entre le MSM et le PTr ?

R : Si je dois écouter toutes les rumeurs qui existent dans ce pays, je passerai mon temps à y répondre. Il y a même eu un poisson d’avril concernant une alliance MSM-PTr qui a été pris au sérieux par l’IBA. Moi, j’ai rigolé un bon coup, d’autres réagissent d’une autre façon.

Q : Êtes-vous toujours contre une alliance MMM/PTr ?

R : Je suis résolument contre une alliance MMM/PTr. Over my dead body.

Q : Pourquoi ?

R. Je pense que le PTr signifie la faillite de l’île Maurice. La preuve, c’est que la gestion de l’économie mauricienne sous le règne travailliste entre 1995 et 2000 a été un échec. Ceci dit, j’ai beaucoup de respect pour certaines idées du PTr et jai beaucoup d’amitié pour certains au PTr, mais cela ne veut pas dire que je puisse être d’accord avec une alliance politique avec ce parti.

Q : Êtes-vous disposé à démissionner du MMM si une telle alliance se concrétise malgré tout ?

R : En temps et lieu, j’aviserai, mais je suis contre une alliance de mon parti avec le PTr, point à la ligne.

Q : Sous la présente législature, on a eu plusieurs affaires : Air Mauritius, MCB/NPF, la dissolution de l’ECO, les critiques contre l’ICAC, l’arrestation du ministre Choonee, celle de Dev Hurnam, cela fait beaucoup. Quelle est votre réaction ?

R : Les affaires MCB/NPF et Air Mauritius ont été certes soulevées sous cette présente législature, mais les délits avaient été commis sous le règne du Parti travailliste. Notre alliance avait fait une promesse électorale : celle de nettoyer le pays; on l’a fait avec ces affaires. Le gouvernement n’est pas intervenu une seule fois pour tenter de les étouffer. La police a mené ses enquêtes en toute liberté. Pour ce qui est de l’arrestation de Choonee et celle de Dev Hurnam, ce gouvernement, encore une fois, n’a pas tenté de ‘cover up’. On laisse la justice suivre son cours.

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