La petite Pallavi décédée
La famille Purmah, qui a perdu sa petite fille de cinq ans, Pallavi, le vendredi 9 avril, envisage de poursuivre le médecin traitant et le ministère de la santé pour négligence médicale.
L’état des deux autres personnes souffrant de la malaria ‘falciparum’, à savoir Shika Mahadawoo et un homme de 67 ans, s’est nettement amélioré.
Selon le conseil des ministres qui s’est réuni vendredi dernier, “ No new cases have been reported since 10 April 2004” et que la situation est sous contrôle.
La mort de sa fille l’a plongé dans le désespoir total. Sanjay Purmah pleure Pallavi tous les jours depuis le fatidique 9 avril dernier, date à laquelle cette enfant a rendu l’âme après avoir lutté pendant plus de quinze jours contre la malaria dite ‘Plasmodium falciparum’ (voir hors-texte). D’une voix émue, son père témoigne : “Ce cauchemar ne finira jamais car j’ai perdu ma petite fille. Elle était trop fragile, c’est la raison pour laquelle elle n’a pas pu résister à cette fièvre”. Des ‘si’ et des ‘pourquoi’ ne cessent de trotter par la tête de Sanjay Purmah. Pour lui, il n’y a pas de doute : “Si le médecin traitant avait fait correctement son travail, ma petite Pallavi aurait été encore parmi nous”. Estimant qu’il y a eu une “négligence”, Sanjay Purmah et son épouse ont décidé de poursuivre le médecin traitant ainsi que l’hôpital Jeetoo. “Au moins la mort de ma fille servira à éviter d’autres victimes de la malaria”, déclare Sanjay Purmah. Et de poursuivre : “Le destin a frappé à la mauvaise porte. Ma fille avait toute sa vie devant elle. Pourquoi elle?” .
Quant à Sushma Purmah, la mère, elle a du mal à trouver les mots pour s’exprimer tellement qu’elle est envahie par le chagrin : “Je suis une mère après tout et en perdant ma fille c’est une partie de moi qui est partie”. Elle ajoute également : “Ma vie ne sera plus jamais la même et je suis profondément bouleversée car en moins d’un mois j’ai perdu ma mère et ma fille”. Durant le séjour de Pallavi à l’hôpital, sa mère raconte qu’elle est restée au chevet de sa fille : “J’ai dû coucher sur un banc pour rester avec ma fille. Tous ces sacrifices n’ont servi à rien”. Poonum Purmah, la tante de Pallavi, n’arrive toujours pas à comprendre comment une telle chose a pu se passer. “On aurait pu la sauver si le médecin avait fait correctement son travail” . Elle ajoute : “C’est un enfant que nous avons perdu et pas n’importe qui”.
Contrairement à Pallavi, Shika Mahadawoo a eu plus de chance. Elle s’en est sortie et son état s’améliore de jour en jour car elle reçoit des soins appropriés. Shika est toujours à l’hôpital, entourée de plusieurs membres de sa famille. Elle nous raconte son expérience de 15 jours durant lesquels elle a souffert de la malaria: “J’allais très mal et je ne pouvais ni manger ni réagir mais maintenant je me sens mieux”. Quant à sa mère, Poornima Mahadawoo, elle ne cesse de remercier Dieu pour la guérison de sa fille: “J’avais tellement peur au début mais maintenant je suis contente que ma fille va mieux”. Concernant le vieil homme de 67 ans qui était également atteint de malaria, selon le ministère de la santé, il n’a pas voulu faire de déclaration.
Quant aux habitants de Tranquebar, certains semblent ne pas vouloir prendre des mesures préventives tandis que d’autres prennent des précautions. Selon un proche voisin de Pallavi Purmah: “J’ai moi-même des enfants et j’ai vraiment peur pour eux”.
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Le médecin incriminé : “Pas de déclaration”
Nous avons sollicité une déclaration du médecin incrimé par la famille Purmah mais il s’est refusé à tout commentaire. “Pas de déclaration”, nous a-t-il dit. Nous avons alors contacté l’hôpital Jeetoo pour tenter d’avoir une déclaration mais un médecin nous a fait savoir que le surintendant de l’hôpital n’était pas disponible.. En l’absence du surintendant, “je ne peux pas faire de déclaration et vous devez vous référer au ministère de la Santé”, nous a-t-on déclaré. Interrogée, l’attachée de presse du ministère de la Santé nous a pour sa part fait la déclaration suivante: “si la famille Purmah veut poursuivre le médecin traitant et le ministère, qu’elle le fasse”.
Mesures renforcées
Sollicité pour répondre à quelques questions sur la résurgence de la malaria à Maurice, le docteur Chinien Ragavoodoo, advisor au ministère de la Santé, nous a déclaré que la malaria a été introduite à Maurice par une petite Comorienne.
En 1867, la malaria avait décimé la population de l’île Maurice. Entre 1975 et 1996, il y a eu plusieurs cas de malaria mais elle n’avait tué personne. Le moustique porteur de la malaria existe à Maurice et se trouve dans des eaux stagnantes et sur des toîts plats . Selon Chinien Ragavoodoo, et après la réponse du ministre de la Santé, Ashock Jugnauth, à la PNQ de mardi dernier à l’Assemblée nationale, la source de cette infection viendrait de la petite Comorienne qui avait fait une consultation à la clinique Chisty Shifa le 9 mars dernier. Quant aux mesures préventives, on a procédé à des désinfections à Tranquebar afin d’éliminer les larves des moustiques. Il y a eu une enquête sur tous les habitants fièvreux de la région et des tests sanguins ont été effectués sur un millier de personnes résidant l’endroit. Une désinfection de l’hôpital Jeetoo et de l’école primaire Labourdonnais a été faite. En ce qu’il s’agit des mesures habituelles, plusieurs officiers du service sanitaire sont affectés à l’aéroport et au port pour effectuer des tests sur les passagers venant des pays à haut risque.