Plusieurs banques commerciales ont décidé de baisser leur ‘Prime Lending Rate’ et leur ‘savings rate’ de 0,5% durant les semaines écoulées. L’une des principales raisons évoquées dans les milieux bancaires pour justifier ces baisses est un excès de liquidités dans le circuit bancaire.
La HSBC a été la première, il y a deux semaines, à avoir recours à cette mesure. La MCB et la SBM l’ont, quant à elles, mise en pratique lundi et mardi dernier respectivement. Dans les trois cas, le ‘Prime Lending Rate’, taux de référence auquel les banques prêtent à leurs meilleurs clients, est passé de 8% à 7,5% et, par conséquent, le ‘savings rate’, taux d’intérêt à l’épargne, a baissé de 0,5%, passant de 4,5% à 4%. D’autres banques commerciales auront probablement recours à la même mesure dans les jours ou les semaines à venir.
Si, d’habitude, les banques commerciales baissent leurs taux d’intérêt seulement quand la Banque de Maurice réduit le ‘Lombard Rate’ - taux auquel elle prête aux banques commerciales pour leurs besoins en liquidités - cette fois, elles ont pris l’initiative de les baisser d’elles-mêmes. “Les banques ont eu recours à cette mesure parce qu’il y a trop de liquidités dans le circuit bancaire et pas assez de bons du Trésor”, explique un habitué des milieux bancaires. Selon lui, il y a un surplus de liquidités parce qu’il y a un excès de l’épargne par rapport à la demande pour des emprunts. En règle générale, les banques, afin de rentabiliser les dépôts, investissent leurs liquidités dans des prêts et dans les bons du Trésor. Mais vu que les emprunts se font rares, les banques n’ont d’autre choix que d’investir un maximum dans les bons du Trésor. “Le problème, c’est qu’il y en a pas autant que la demande et cela a pour conséquence de faire baisser leur taux d’intérêt. En trois mois, les intérêts sur les bons du Trésor ont baissé de plus de 3%. Pour les banques ce n’est pas très profitable”, souligne notre interlocuteur.
Pour remédier à la situation, les banques n’ont d’autre choix que de baisser le ‘Prime Lending Rate’ et le ‘savings rate’ afin d’inciter les gens à emprunter plus qu’ils n’épargnent. “Si cette mesure est à l’avantage de ceux qui veulent contracter un emprunt, elle l’est beaucoup moins pour ceux qui veulent épargner. Ces derniers ne gagnent que très peu en mettant leur argent à la banque et, à la longue, ils vont se tourner davantage vers la Bourse ou les terrains et autres pour investir leur argent. D’autre part, cela va aussi relancer la consommation”, explique un cadre d’une grosse banque.
Et si en baissant le ‘Prime Lending Rate’, les banques veulent avant tout attirer les investisseurs, soit ceux qui empruntent de grosses sommes, dans les milieux bancaires on se dit pessimiste quant à une reprise de l’investissement. “On se demande s’il y aura une demande de crédit après cette baisse car malgré le fait que le ‘Lombard Rate’ a connu plusieurs baisses durant les dernières années, cela n’a pas vraiment incité les entrepreneurs à emprunter gros. Il faut beaucoup plus que la baisse du taux d’intérêt sur l’emprunt pour relancer l’investissement”, souligne-t-on. Faute de mieux, les banques mettent en avant les ‘home loans’ et autres prêts personnels.
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MCB : stimuler les investissements
Selon la direction de la MCB, la baisse du ‘Prime Lending Rate’ et du ‘savings rate’ a pour objectif de stimuler la consommation et les investissements, tout en maintenant une rémunération satisfaisante pour les épargnants, eu égard à la baisse de l’inflation constatée en 2003 et prévue pour 2004. Au début de ce mois, le ‘Prime Lending Rate’ et le ‘savings rate’ à la MCB se situaient à 8% et 4,5% respectivement contre 9,5% et 6% respectivement au début de 2003. Malgré cette baisse de 150 points de base dans le loyer de l’argent, l’investissement et, dans une moindre mesure, la consommation sont demeurés à un faible niveau, n’ayant donc eu qu’un effet limité sur le niveau de liquidités des banques commerciales. Ceci a exercé une pression à la baisse sur les taux d’intérêt. Toujours selon la direction de la MCB, le faible niveau des investissements à l’heure actuelle représentant moins de 23% du PIB par rapport au PIB qui se situe actuellement autour de 14%, a engendré un excès de liquidités dans le circuit bancaire qui n’est pas sans conséquence pour les banques commerciales, notamment au niveau des marges.