Pour le président du MSM et ministre du Logement et des Terres, Joe Lesjongard, son parti se trouve actuellement dans une alliance dont le mandat arrive à expiration en septembre 2005 et il n’est, donc, pas question d’une quelconque tractation avec le Parti travailliste. Il met aussi en garde ceux au sein du MSM qui songeraient à faire une révolution de palais.
Q : Comment se présente le congrès
que le MSM tient ce matin à Réduit ?
R : Les préparatifs en vue du congrès se font depuis quelque temps déjà par une petite équipe organisationnelle, afin qu’il soit une réussite. La mobilisation s’est faite à notre satisfaction. Nous sommes condamnés à avoir une grosse foule, eu égard aux derniers événements survenus sur l’échiquier politique.
Q : Le MSM utilise-t-il ce congrès pour établir un rapport de force vis-à-vis de son allié, le MMM, et de l’Opposition?
R : Pas nécessairement, c’est un congrès annuel qui se tient dans un contexte précis. L’année dernière, il était tenu autour de la passation des pouvoirs à la tête du MSM entre sir Anerood Jugnauth et son fils et, cette année, on l’organise en marge de la défaite à la partielle au No 7.
Q : Est-ce à dire que le MSM veut démontrer qu’il s’est requinqué après la défaite au No 7 et après son mauvais score dans le dernier sondage politique?
R : Certainement. On a entendu certaines observations sur le parti et le MSM veut rallier ses troupes, car on croit que mobiliser nos partisans dans le présent contexte politique est très important. On enverra ainsi un signal fort à la population et à d’autres personnes concernées. On a vécu une défaite et on a tiré les leçons qui s’imposent. Il y a eu le récent sondage et ce qu’on en retient, c’est que le MSM demeure un parti très proche de la population. D’où le thème ‘Le MSM avec le Peuple’ pour nous démarquer des autres partis politiques, y compris notre allié. On suppute que les partisans du MSM nous désertent pour rallier d’autres formations politiques. Attendons le congrès qui démontrera où se trouvent réellement les fervents du MSM.
Q : Vous parlez d’organisation sur le terrain, mais elles sont nombreuses les régionales, surtout dans les villes, qui ne fonctionnent plus. Comment, alors, songer à la reconstruction du MSM ?
R : Je ne suis pas d’accord avec cette analyse. Je reconnais qu’il y a des régionales qui ne fonctionnent pas, mais elles sont peu nombreuses. En tant que président du parti, je me fais un devoir au sein des instances du parti de mettre les responsables de ces régionales devant leurs responsabilités. C’est à cause des mésententes qui existent entre les membres d’une régionale que cette instance est paralysée.
Q : Les mésententes veulent-elles dire que les élus sont absents de leurs circonscriptions respectives ?
R : Effectivement. Moi, j’ai dit aux élus que le MSM existe grâce aux activistes et non aux élus. Les activistes savent qui sont ceux qui travaillent. Quand viendra l’heure de juger qui mérite une investiture, la direction tiendra compte de ceux qui ont travaillé et ceux qui ont gambergé. Certains pensent que la vie est facile et sont coupés de la réalité. Pas de travail sur le terrain, pas de ticket aux prochaines élections générales.
Q : Parmi les ‘paresseux’, y a-t-il des ministres MSM ?
R : Je ne peux divulguer des noms, mais cette question a été évoquée au sein de nos instances décisionnelles. Je confirme qu’il y a des élus MSM qui ne se donnent pas de la peine, mais il n’est pas trop tard pour que ceux-ci se ressaisissent.
Q : Ils sont nombreux au sein du MSM à critiquer ce qu’ils surnomment le ‘trio infernal’ - Nando Bodha, Shawkatally Soodhun et Joe Lesjongard - qui accaparerait le parti et le leader Pravind Jugnauth. Comment réagissez-vous à cela ?
R : Ce n’est pas la première fois que j’entends parler du trio qui entoure le leader. Avant moi, il y avait un autre trio qui entourait sir Anerood Jugnauth. En tant que président du parti, je me fais un devoir de rencontrer et d’écouter les doléances de tout un chacun. Au Bureau politique et au comité central, chaque membre a le loisir de dire ce qu’il veut. Pourquoi alors choisir de le dire tout bas hors de la structure du parti. Ces jours-ci, on entend beaucoup de ‘coutchou coutchou’. Moi, je dis qu’il est temps d’en finir avec ces ‘coutchou coutchou’, car nous sommes dans un même parti. Que ceux qui aiment médire au sein du MSM reçoivent ce message clair : le MSM existe de par ses partisans et notre force se situe dans nos diverses régionales. Les petits députés qui ‘coutchou coutchou’ devraient faire face aux réalités qui existent sur le terrain. Je voudrais avertir ceux qui aiment médire qu’il y a un concept qui s’appelle la responsabilité collective.
Q : Les membres du ‘trio infernal’ s’entre-déchireraient; par exemple, la présence de Nando Bodha au sein de toutes les délégations premierministérielles ferait jaser. Vos commentaires ?
R : Ce concept de trio infernal, je n’y crois pas trop. Il est vrai que Soodhun, Bodha et moi-même, nous occupons des postes importants au sein de l’exécutif du MSM, comme d’autres camarades d’ailleurs. Personnellement, je n’ai rien à reprocher, même si je dois admettre qu’il y a des problèmes au sein du MSM. Mais mon devoir en tant que président est de jouer au pompier. Mo teigne difé. Pour ce qui est de Nando Bodha qui accompagne le PM, ce sont les prérogatives de Paul Bérenger.
- La perception veut que le MSM est considéré par le MMM comme quantité négligeable au sein de l’alliance gouvernementale, à tel point que son leader ne cesse d’avaler toutes sortes de couleuvres.
R : Je ne suis pas d’accord avec cette analyse. Il est vrai qu’il y a des sujets brûlants et passionnés sur lesquels on discute avec notre partenaire, le MMM. Il se peut que nous ne soyons pas sur la même longueur d’onde, mais on fait des compromis des deux côtés pour arriver à un consensus. Le MMM a sa façon de faire, et le MSM a la sienne. Il y a des points de désaccord et c’est tout à fait dans l’ordre des choses.
- Le MSM et le MMM semblent être un couple où l’incompatibilité règne, mais, en même temps, les deux conjoints sont forcés de rester ensemble.
R : (Rire) L’alliance au pouvoir a été plébiscitée pour mener à bien un programme; il y a eu un accord électoral. Dans un accord, les deux partis doivent en respecter les modalités et jusqu’ici, le MSM a tenu sa parole. SAJ a tenu la sienne en faisant de Paul Bérenger le Premier ministre. Pravind Jugnauth aussi dit qu’il tiendra sa parole en ce qui concerne l’accord signé avec le MMM.
Q : Puisque vous parlez de respect de l’accord, pourquoi alors le MSM met-il son veto sur deux sujets distincts : la Muslim Personal Law et la proportionnelle ?
R : Le MSM ne fait pas de chichi, car la MPL et la proportionnelle sont deux sujets d’intérêt national qui méritent une réflexion en profondeur. Le MSM ne peut se prononcer sur ces deux sujets aussi sensibles. We want to take time. On arrivera finalement à un consensus après un large débat.
Q : Peut-on s’attendre à un compromis sur ces deux sujets avant la fin du mandat MSM/MMM en septembre 2005 ou le MSM utilise-t-il une ‘delaying tactic’ pour ne pas se prononcer ?
R : Je ne peux me prononcer valeur du jour, mais nous travaillons vers cet objectif. Ce n’est pas une ‘delaying tactic’. Moi-même, ce n’est que maintenant que je comprends certaines subtilités de ces deux dossiers et je considère leur incidence sur la société mauricienne et sur le MSM.
Q : Est-ce que le MSM est pour la MPL ?
R: Je ne peux me prononcer pour le MSM, même si j’en suis le président. C’est au Bureau politique de se prononcer sur la question.
Q : Concernant la proportionnelle, le leader du MSM pousse-t-il encore à la roue pour faire accepter la formule Leung Shing, c’est-à-dire 30 meilleurs candidats sortis en quatrième position ?
R : Il y a effectivement la formule proposée par notre collègue Emmanuel Leung Shing, et une autre par Ivan Collendavelloo. Le MSM analyse les deux et on verra quelle est celle qui sied le mieux à la population. Changer un système électoral est une chose sérieuse. Nous avons actuellement un système électoral qui est accepté par l’électorat. Maurice a besoin d’un nouveau système, mais il faut éviter qu’il ne vienne tout débalancer.
Q : Ce n’est pas plutôt que la proportionnelle soit au détriment du MSM ?
R : Ces derniers temps, on a dit que le MSM est appelé à disparaître; je ne comprends pas cette notion. Au pire, où irait le MSM? dans l’Opposition. On n’a pas peur d’être dans l’Opposition car on y a déjà été en 1995. C’est avec beaucoup de fierté que je constate le bon travail abattu par les ministres MSM au sein du Cabinet. La défaite à la partielle n’est pas la fin du monde; bien au contraire, il y a des leçons que nous avons tirées. Cela nous a permis de réorganiser certaines régionales du parti. Le MSM va sortir gagnant de la défaite au No 7.
Q : Les ministres MSM, dit-on, ne peuvent rien quand le PM chapeaute leurs dossiers et vous représentez un parfait exemple. Il y a eu des projets de développement tels ceux de Bel Ombre, Agaléga, St-Félix, Mare Chicose où ce n’est pas vous qui êtes venu de l’avant en tant que ministre des Terres, mais Paul Bérenger. Le MMM marginalise-t-il les ministres MSM ?
R : Je ne me sens pas du tout marginalisé au sein du Cabinet. Je suis un nouveau ministre, mais eu égard aux échos que j’ai de ma performance, j’ai de quoi être fier. C’est parce qu’il est PM que Paul Bérenger pilote des comités multisectoriels. Le jour où je me sentirai diminué, je le dirai. Je ne nie pas qu’il y ait cette perception que Paul Bérenger accapare tout, mais il faut reconnaître que l’homme est un bosseur.
Q : L’accaparement MMM, dit-on, ne concerne pas seulement le Cabinet, mais également des postes où des nominés MSM ont été remplacés par ceux du MMM, comme au port avec Eddy Boissézon qui remplace Prakash Maunthrooa et à la LGSC où Maurice Babet a été remercié au profit de Pierrot Sungeelee. Quelle est la réaction du MSM ?
R : Il y a des nominations qui tombent sous des prérogatives du PM. Toutes ces nominations se font en consultation avec le leader du MSM. Il y a cette perception qu’un MMM a remplacé un MSM au port; je n’y peux rien. Il y a aussi des nominations qui tombent sous la responsabilité de Pravind Jugnauth. S’il y a des déséquilibres, cela doit être rectifié par le leader du MSM en temps et lieu.
- Pourtant, lors de la dernière réunion du BP du MSM, un des membres a rappelé que Eddy Boissézon a été nommé au port et Pravind Jugnauth s’est étonné que cela se fût fait déjà. Votre leader est-il lent à la détente ?
R : C’est très mauvais que la presse ait des informations émanant de notre BP. Pravind Jugnauth ne tarde pas à réagir. Un moment viendra où l’équilibre sera rétabli, en ce qui concerne les nominations, entre le MSM et le MMM. Pravind Jugnauth n’est pas très lent à la détente et ne rate jamais sa cible.
Q : On parle de tractations entre le MSM et le PTr, et on dit que de backbenchers MSM rêvent de reconstituer la plateforme bleu-blanc-rouge. Comment réagissez-vous ?
R : Je n’ai entendu parler d’aucune tractation entre le MSM et le PTr. Le MSM opère dans un accord bien défini. Point à la ligne. Je ne peux répondre pour les backbenchers qui ont été élus pour s’occuper de leurs circonscriptions respectives.
- La grande crainte des backbenchers MSM élus dans les régions rurales demeure le fait qu’ils doivent se défendre contre le PTr, ce qui n’est pas une mince affaire, vous en conviendrez.
R : La traversée du désert a eu pour effet que le MSM a appris beaucoup de choses. Quand ce parti saura dans quelle direction aller politiquement, on n’aura aucune crainte; on fera face à n’importe quelle éventualité.
Q : Existe-t-il des possibilités d’une révolution de palais au sein du MSM ?
R : (Rire) Le MSM a toujours vécu des moments difficiles mais il en est sorti grandi. Aujourd’hui, où sont ces quelques éléments qui voulaient faire un révolution de palais ? J’envoie un message très clair à ceux qui voudraient faire un coup d’État au sein du MSM. Qu’ils rentrent dans les rangs. Je réalise qu’ils sont nombreux à vouloir semer la zizanie au sein du MSM. Mais, moi je le prends du bon côté : on courtise toujours les jolies filles.
Q : Le MSM se sent-il plus proche du PTr ou du MMM ?
R : Pour le moment, le MSM est en accord avec le MMM et ce, jusqu’à 2005; après, on verra. Les deux leaders ont dit, jeudi dernier, que nos deux partis iraient au-delà. Mais il y a des éléments de cet accord qui restent à être discutés et il incombe au leader de le faire.
Q : À l’échéance de 2005 et pour sauvegarder les intérêts de l’électorat du MSM, votre parti se trouverait-il mieux dans une alliance bleu-blanc-rouge ou avec le MMM de Bérenger ?
R : Le MSM opère dans un framework bien défini. Quand on regarde les partisans du MSM, il ne faut pas se soucier si notre parti serait mieux avec le PTr ou le MMM. En tant que président du MSM, il est de mon devoir d’aider le parti et le leader pour qu’on rassure nos partisans et les mener à bon port.
Q : Peu importe sur quel bateau ?
R : Attention, ce n’est pas le bateau qui m’intéresse, mais mon parti. C’est ce parti qui m’a tout donné.
Q : La formule adoptée la semaine dernière pour la comptabilisation des points des langues orientales au CPE porte-t-elle la griffe du MSM ?
R :C’est la formule du gouvernement et cela semble satisfaire tout le monde.
Q : La semaine dernière, le ministre MSM Putten a eu maille à partir avec des membres de la Voice of Hindu (VOH) qu’il a dénoncés à la police. Le président du MSM peut-il commenter cet incident ?
R : Le ministre Putten a soulevé cette question à la dernière réunion du BP du MSM et on laisse la police faire son travail.
Q : L’absence d’un représentant de l’OF/Les Verts lors de la conférence de presse de l’alliance gouvernementale pour le lancement de sa campagne en vue du meeting du 1er Mai laisse-t-elle comprendre que Sylvio Michel et sa bande seront absents de la plateforme MSM/MMM ?
R : Ce n’est pas la pemière fois que l’OF/Les Verts n’est pas présent à une conférence de presse. L’année dernière pourtant, Sylvio Michel était sur notre plateforme et je pense qu’il fera de même cette année. Cela m’étonnerait que le ministre Michel soit absent de notre plateforme le 1er Mai prochain. Je dis bien Sylvio Michel. On a besoin de lui seulement, on n’a pas besoin de plus que ça.
Q : En une phrase, quelle est votre perception de Pravind Jugnauth, votre leader ?
R : Pravind Jugnath est un homme qui a un avenir brillant devant lui car il a son propre style. Il ne faut pas le comparer avec son papa qui, lui, a sa façon de faire. Pravind Jugnauth s’affirme de jour en jour. Attendez son tout premier budget et vous verrez. Maintenant, en tant que leader, il sait quand il doit être souple avec ses partisans et quand il faut raidir la ligne.